Tirant les enseignements de la Seconde Guerre mondiale puis des guerres de Corée et d’Indochine plusieurs constructeurs aéronautiques en Amérique du nord et en Europe occidentale se lancèrent dans les années 1950 et 1960 dans des programmes de développement d’avions d’observation. L’Italie ne fut pas en reste. L’industrie aéronautique transalpine développa plusieurs avions de ce genre, soit à partir d’aéronefs civils soit en partant de zéro. Dans ce second cas un des plus réussi fut un triplace monomoteur développé conjointement par les entreprises Aerfer et Macchi : l’AM.3.
C’est en 1965 que ces deux entreprises italiennes décidèrent de s’allier afin de proposer un nouveau modèle d’avion d’observation et de réglages de tirs d’artillerie. Comme de nombreuses autres forces occidentales à ce moment là l’Aeronautica Militare et l’Esercito Italiano employaient encore principalement des Piper Cub datant de la Seconde Guerre mondiale. C’est pourquoi un avion de conception locale semblait être une bonne idée.
Afin de réduire les coûts Aerfer et Macchi fondèrent le projet comment AM.3, reprenant ainsi les lettres initiales de chaque avionneur. Le chiffre 3 représentait le nombre de places dans l’avion à venir.
Designers et ingénieurs ont su travailler vite sur le programme AM.3.
Extérieurement l’avion se présentait sous la forme d’un triplace à cabine fermée monoplan à aile haute haubanée. Il était doté d’un train d’atterrissage classique fixe et d’empennage de grande taille. L’avion avait été conçu afin de répondre aux attentes, alors très à la mode, en matière d’atterrissages et de décollages courts. Sa propulsion était assurée par un moteur de six cylindres en ligne Continental GTSIO-520-C de 285 chevaux entraînant une hélice bipale en métal. L’armement se composait de 350kg de charges extérieures se répartissant sur quatre points de voilure. Des nacelles mitrailleuses étaient possibles tandis que des bombes lisses légères et des roquettes en paniers pouvaient ainsi être tirées. Le premier vol de l’avion eut lieu le 12 mai 1967.
Après quelques atermoiements il fut décidé qu’Aermacchi assurerait l’usinage et la commercialisation de l’AM.3.
Les deux premiers prototypes montrèrent surtout une sous-motorisation de l’avion. Aussi il fut décidé que l’Aermacchi AM.3 serait propulsé par un moteur de six cylindres en ligne Lycoming GSO-480-B1B6 de 340 chevaux. L’hélice devint au passage tripale.
Une licence de production pour ce moteur fut acquis par l’industriel italien Piaggio.
Désormais l’avion était commercialisé comme AM.3C.
En 1969 l’avion affronta le SIAI-Marchetti SM.1019 dans le programme d’acquisition d’un tel avion par l’armée italienne. Et il le perdit, ou tout du moins comme avion d’observation et de réglage des tirs d’artillerie. Après quelques négociations politiques un lot de vingt Aermacchi AM.3C fut finalement commandé par l’Esercito Italiano afin de servir comme avions de liaisons et de communication. Mais il ne demeura en service qu’entre 1970 et 1977, étant remplacé par des hélicoptères Agusta-Bell AB-206.
En cette même année 1969 Aerfer fut absorbé par Fiat et devint une partie de l’avionneur Aeritalia. Et la nouvelle raison sociale décida de laisser tomber le programme AM.3C considéré comme un échec face à l’avion de SIAI-Marchetti. Aermacchi se retrouva seul aux commandes. Il fut un temps envisagé de proposer l’avion sur le marché civil sous la désignation de MB-335 mais finalement l’appareil demeura AM.3C et seulement sur le marché militaire. Et là encore il affronta de plein fouet la concurrence internationale.
En 1970 un contrat fut signé pour la fourniture de quarante exemplaires auprès de la South African Air Force, alors placé au ban des forces aériennes du monde suite à la politique d’Apartheid du pays. Les AM.3C sud-africains furent désignés Bosbok, du nom d’une antilope locale.
Au sein de la South African Air Force les Aermacchi AM.3C Bosbok servirent dans les rangs des 41e et 42e escadrons à partir de 1972 aux côtés des Cessna U-17 Skywagon et en remplacement des Auster AOP.9. Ils furent rejoints quelques temps plus tard par les Atlas C4M Kudu de transport léger et de reconnaissance. Les Bosbok avaient pour missions d’observer les frontières du pays mais également de mâter les rébellions des populations noires contre l’Apartheid. À plusieurs reprises de tels avions furent employés par l’Afrique du sud pour attaquer les populations civiles à l’aide d’armes anti-émeutes lourdes et de fusils d’assaut.
Les monomoteurs d’origine italienne furent retirés du service dès 1994 car pour beaucoup de Sud-Africains ils étaient parmi les symboles de la politique d’Apartheid.
Le seul autre client à l’export de l’Aermacchi AM.3C fut lui aussi africain. La Force Aérienne Rwandaise utilisa de 1972 jusqu’au début des années 1990 un lot de trois avions de ce type pour des missions d’observation et d’appui aérien rapproché. Ils embarquaient régulièrement des paniers à six roquettes de facture française. Deux d’entre-eux furent détruits au sol lors de combat de la guerre civile tandis que le troisième fut abandonné à son sort.
Avion mal connu de ce côté ci des Alpes l’Aermacchi AM.3C est souvent considéré comme un des plus beaux plantages de l’industrie aéronautique italienne post 1945. En fait ce n’était intrinsèquement pas un mauvais avion. Il avait simplement le malheur d’apparaitre à une époque où la concurrence était trop forte pour lui. En outre son utilisation sud-africaine plomba son image dans le monde.
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