Au cours de la Première Guerre mondiale les forces allemandes mirent au point une étrange tactique visant à employer des avions à mi-chemin du chasseur pur et de l’avion d’attaque au sol. Sortes de chasseurs d’attaque et d’appui ils se reconnaissaient au premier coup d’œil à leur désignation commençant pas la lettre J. À la différence des classiques avions d’attaque ces machines n’emportaient aucune bombe, uniquement des mitrailleuses avec lesquelles ils tiraient en rafale contre les positions britanniques et françaises. Trois avionneurs seulement en développèrent : AEG, Albatros, et Junkers. L’un des premiers modèles, peut-être pas le plus célèbre ou le plus réussi, fut l’AEG J.I.
La doctrine d’emploi des chasseurs d’attaque au sol naquit au moment de la boucherie de la bataille de Verdun. Britanniques et Français employaient fréquemment des bombardiers légers contre les lignes ennemies alors que les avions allemands n’arrivaient pas suffisamment à frapper de leurs côtés. L’idée fut donc d’avoir recours à des mitrailleuses tirant vers le sol mais également des armes similaires en poste de tir arrière avec un débattement en direction du bas.
C’est à l’automne 1916 que les ingénieurs d’AEG se lancèrent dans le développement d’un tel avion. Afin de gagner un temps précieux et permettre de fournir à la Luftstreitkräfte des machines le plus rapidement possible le constructeur décida de baser son aéronef sur le biplan de reconnaissance C.IV alors en production et en dotation.
Le nouvel avion reçut la désignation d’AEG J.I.
Extérieurement il devait beaucoup au C.IV mais avec quelques menues modifications. Un blindage de plusieurs dizaines de kilogrammes fut adopté autour du cockpit et du moteur afin de protéger le J.I des tirs venant du sol. Des plaques de blindage de 5 millimètres d’épaisseur furent même installées autour du pilote.
L’armement se composait alors de cinq mitrailleuses LMG 08/15 de calibre 7.92mm : une synchronisée en position de chasse, deux jumelées sur affût annulaire arrière, et deux autres également jumelées tirant vers le bas à travers le plancher avec un angle de 45°. Le servant des mitrailleuses actionnaient avec la même dextérité les quatre armes.
C’est au printemps 1917 que les premiers AEG J.I sont entrés en service actif. Il n’était pas rare qu’au sein de la Luftstreitkräfte l’armement de ces avions varie. Certains étaient plus faibles, d’autres plus puissants encore. Quelques J.I embarquèrent même des bombes à fragmentation de 50 kilogrammes sous voilure à concurrence de deux.
Ces avions furent principalement déployés sur les fronts belges et français, réalisant des vols de harcèlements contre les forces alliées. Les AEG J.I se taillèrent vite une redoutable réputation auprès des artilleurs et fantassins qu’ils visaient.
Début 1918 apparut sur le front l’AEG J.II, une version améliorée, dotée d’une aérodynamique revue et corrigée, et d’un train d’atterrissage renforcé. Petit à petit les J.II vinrent renforcer les J.I au point même de remplacer certains avions de reconnaissance dans les escadrilles, assurant ainsi une transformation des escadrilles qui les mettaient en œuvre.
AEG J.I et J.II devinrent très vite des cibles prioritaires pour les DCA et chasses alliées, tant ces avions pesaient sur le fragile moral des troupes dans les tranchées.
Quand l’Armistice fut signé le 11 novembre 1918 mettant fin à la Première Guerre mondiale un total de 607 AEG J.I et J.II avaient été produits. Plusieurs furent saisis par les forces britanniques et françaises pour être étudiés. Cela ne déboucha sur rien côté allié.
Quelques exemplaires furent cédés gracieusement à la jeune aviation polonaise qui les utilisa de 1919 et 1923 pour de la chasse et de la reconnaissance frontalière.
Enfin le J.I servit de base à la naissance de l’aviation commerciale allemande de 1919-1920 quand quelques exemplaires démilitarisés furent transformés en avions de ligne pour deux passagers en lieu et place du poste de tir arrière.
Le principe de ces chasseurs d’appui tactique mourut avec le Traité de Versailles.
Pourtant plusieurs historiens voient en lui les prémices des bombardiers en piqués, dont les fameux Stuka allemands de la Seconde Guerre mondiale.
Aujourd’hui il ne reste plus rien des AEG J.I/J.II.
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