C’est un dégât collatéral à la fois de la guerre voulue par le dictateur Vladimir Poutine contre la démocratie ukrainienne et des sanctions votées à son encontre par les Alliés. Depuis plusieurs semaines maintenant une partie de la flotte de voilures tournantes d’Emercom, l’équivalent russe de notre Sécurité Civile française, ne peut plus voler. S’agissant de six appareils vendus par l’Allemagne entre le début des années 1990 et la toute fin des années 2010 ce sont les pièces détachées qui viennent désormais à manquer, mettant ainsi en péril la vie des équipages et parfois aussi de leurs passagers. L’industrie aéronautique russe, bien à la peine de son côté, n’arrive pas à les remplacer.
Les femmes et les hommes d’Emercom n’ont rien à voir avec cette guerre contre l’Ukraine, cette «opération militaire spéciale» de «dénazification» si on en croit la novlangue poutinienne. Ce ne sont même pas des militaires ! Ils relèvent du ministère russe de l’intérieur comme les policiers… ou le FSB. Surtout chaque année aux quatre coins de l’immensité de la fédération de Russie ils interviennent aussi bien pour noyer les feux de forêts que pour sauver les victimes de glissements de terrain ou encore de séismes. Ils étaient récemment en Syrie et en Turquie. Emercom est donc une victime du système de guerre Poutine.
Et parmi ses matériels qui souffrent il y a ses hélicoptères. Six sont cloués au sol depuis le début de l’été, faute de pièces détachées. Trois sont des machines d’ancienne génération, deux MBB Bö 105CBS et un MBB / Kawasaki BK 117C. Ce dernier est d’ailleurs équipé à l’année pour les évacuations sanitaires dans la région de Moscou, intervenant sur les très fréquents accidents de la route dans la capitale russe et sa banlieue. Les trois autres sont nettement plus récents, il s’agit d’Airbus Helicopters H145 livrés entre mi-2019 et mi-2021. Juste avant que le maître du Kremlin ne décide d’attaquer son voisin les responsables d’Emercom avaient annoncé leur intention d’acquérir trois H145 supplémentaires, cette fois de la version la plus récente avec Fenestron et rotor principal cinq pales. En fait les sauveteurs russes ne manquaient pas de louanges pour les hélicoptères d’origine allemande et européenne.
On pourrait croire que l’industrie russe puisse suppléer ces carences. Il n’en est rien. Les hélicoptéristes locaux étaient, bien plus sans doute encore que les avionneurs, très dépendants de l’Europe, des États-Unis, et de plusieurs de leurs états partenaires. Les Kamov Ka-226 Hoodlum-C par exemple disposent d’une motorisation française tandis que les Kazan Ansat font appel à des turbines canadiennes. Des modèles existent bien avec motorisation russe mais ils ne sont pas qualifiés pour voler au sein d’Emercom. La situation est actuellement tellement tendue pour cette administration russe qu’elle a été obligée de faire appel à des hélicoptères civils loués.
Affaire donc à suivre.
Photo © agence Tass.
En savoir plus sur avionslegendaires.net
Subscribe to get the latest posts sent to your email.
2 Responses
J’ai un peu de mal quand même à m’apitoyer sur le sort des femmes et hommes d’emercom…
Qu’ils prélèvent quelques Mi-8 sur le front ukrainien!
Au moins, ils feront de l’humanitaire, certes à l’insu de leur plein gré, en évitant que ces machines de guerre ne participent au massacre quotidien de civils ukrainiens.
Je ne savais pas que des hélicoptères occidentaux était en services en Russie dans des services d’états, je pensais (naïvement) que les hélicoptéristes russe couvraient tous les besoins de ces services. La Russie n’est décidemment plus l’URSS flamboyante que l’on connaissaient du temps de ma jeunesse…