C’est un dimanche décisif pour l’équilibre au Sahel et la préservation de l’état de droit au Niger. C’est en effet ce soir que l’ultimatum émis par la CÉDÉAO expire, ouvrant ainsi à une réaction armée des états d’Afrique occidentale en cas de refus de la junte nigérienne de rendre le pouvoir au président Mohamed Bazoum. L’une des options sur la table réside dans une série de frappes aériennes contre des points névralgiques du pays, afin de préparer l’envoi de troupes au sol. C’est pourquoi nous vous proposons de nous pencher sur cette option.
L’ultimatum de la CÉDÉAO n’est évidemment pas la résolution 678 du conseil de sécurité des Nations Unies du 29 novembre 1990 voté après l’invasion du Koweït par l’Irak et ouvrant à une opération militaire internationale. Il n’engagera pas à une réaction immédiate des pays membres, et ne dépassera d’ailleurs pas les limites de la Communauté Économique des États d’Afrique de l’Ouest. Pourtant la junte militaire nigérienne serait bien inspirée de le prendre au sérieux. Il a été décidé à l’unanimité des pays membres, moins ceux temporairement suspendus.
Souvent considérée comme l’Union Européenne de l’Afrique occidentale la CÉDÉAO compte en effet sur le papier quinze membres. Sauf que quatre d’entre eux sont suspendus, en raison surtout d’atteinte à l’état de droit et à la démocratie. Ainsi le Burkina-Faso, la Guinée, et le Mali ont renversés leurs pouvoir légitimement élus pour instaurer des dictatures militaires. Enfin le Niger est suspendu en attente du règlement de la crise institutionnelle actuelle. Les pays membres sont donc le Bénin, le Cap-Vert, la Côte d’Ivoire, la Gambie, le Ghana, la Guinée-Bissau, le Liberia, le Nigeria, le Sénégal, la Sierra Leone, et le Togo.
Or dimanche dernier, 30 juillet 2023, la CÉDÉAO a lancé l’ultimatum devant permettre le retour aux affaires du président Bazoum et l’abandon de tout pouvoir institutionnel par la junte militaire putschiste. La date butoir étant signifiée à minuit, heure de Niamey, la nuit prochaine. C’est à dire 1 heure du matin, heure de Paris. Si rien n’a changé, dans le bon sens évidemment, les pays ouest-africains pourraient être en mesure de déployer des troupes et de forcer les militaires à rendre le pouvoir par la force. L’un des clefs d’une telle opération réside dans des frappes aériennes contre certains points névralgiques de la défense du Niger. Il y a tout de même un point très particulier dans l’équation ouest-africaine : la Communauté Économique des États d’Afrique de l’Ouest n’est pas l’Union Européenne et encore moins l’OTAN. Sa structure ne possède aucun commandement militaire !
Aussi de telles frappes aériennes préventives ne pourraient être menées que par des pays membres agissant plus ou moins sous le contrôle de la Communauté Économique des États d’Afrique de l’Ouest. Et en fait la Nigeria Air Force est actuellement la seule composante aérienne de la CÉDÉAO à pouvoir planifier et opérer de telles actions aériennes. Ça tombe bien alors que ce soit le Nigeria qui ait actuellement la présidence du conseil et que ce soit ce pays qui soit, avec le Sénégal et le Togo, en pointe dans les sanctions contre la junte nigérienne. Et même cette aviation africaine n’aligne pas des avions d’attaque capables de mener des actions décisives. Hormis les vieillissants biréacteurs légers Alpha Jet franco-allemands surtout employés pour des attaques à la roquette et à la sous-munition les seuls avions dignes de ce nom pour une telle mission sont les monomoteurs à turbopropulseurs A-29 Super Tucano d’origine brésilienne. Les F-7 Fishcan chinois pourraient toujours assurer la couverture air-air sauf que dans le cas nigérien elle serait inutile.
Vous l’aurez compris une option air-sol afin de préparer l’arrivée de troupes est envisageable mais pas vraiment cohérente, sauf si on considère le recours à une force extérieure : l’Armée de l’Air et de l’Espace. Et du côté de Balard et du Quai d’Orsay plus l’échéance avance et plus le silence parisien se fait pesant. Mirage 2000D et MQ-9 Reaper localement présents représenteraient une manne de choix pour la CÉDÉAO, sans compter même une aide en provenance directe de France. Car c’est bien là le souci majeur de la Communauté Économique des États d’Afrique de l’Ouest : ses détracteurs l’accusent de prendre ses ordres directement de Paris, voire de Bruxelles et de Londres.
Il faut savoir que de son côté le Niger ne possède aucune capacité air-air. Ses moyens air-sol en cas de riposte sont hyper limités : deux Su-25 Frogfoot et un Mi-24 Hind d’origine ex-soviétique et trois SA.342 Gazelle fournis par… la France. Ses capacités de DCA sont encore plus ridicules avec une poignée de vieux missiles portatifs 9K32 Strela-2 d’origine à encore ex-soviétique, les fameux «SAM-7», ainsi que deux blindés ZSU-23/4 disposant de canons de calibre 23 millimètres. En fait pendant des années le Niger n’a jamais eu besoin d’une telle défense, la France s’en occupant elle-même. Elle est donc totalement nue face à la CÉDÉAO et à ses velléités d’expédition punitive.
La voie de la négociation est pourtant bien celle à privilégier dans cette affaire. Les officiers putschistes nigériens seraient bien avisés de ne pas trop tirer sur la corde. Pas sûr que la Communauté Économique des États d’Afrique de l’Ouest accepte encore très longtemps que des pouvoir démocratiquement élus soient remplacés par des juntes militaires comme cela se faisait au siècle dernier. Les temps changent.
Affaire donc à suivre.
Photo © ministère nigérian de la défense.
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11 Responses
Il ne faut pas oublier que le Nigeria a en sa possession 3 JF-17N Block II.
c’est certainement l’avion le plus capable de leur flotte, munitions guidées laser et pod turc Azelpod en prime
Une guerre au Sahel entre la Cedeao et le Niger ferait le lit des islamistes et du groupe Wagner présents dans cette région. Bref, ce serait du perdant-perdant pour beaucoup de pays. L’Algérie, pourtant correctement équipée en avions de chasse (si l’on compare à ses voisins), refuse d’intervenir, quand bien même ce pays a près de 1000 km de frontière avec le Niger.
Dans ce contexte, une intervention musclée de l’AAE sur des cibles stratégiques serait d’une efficacité redoutable, mais l’occupation et le contrôle du terrain serait bien plus problématique : un véritable guêpier au vu du nombre potentiel d’intervenants ayant tous des intérêts totalement divergents. Une intervention armée serait l’équivalent de la guerre en ex-Yougoslavie, mais à la sauce africaine !
oui, mais le Nigeria est opposé à l’intervention armée, avec l’Algérie d’ailleurs
L’Algérie n’a pas son mot à dire puisqu’elle ne fait pas partie de la CÉDÉAO ensuite ce n’est pas le Nigeria qui y est opposé mais l’opposition nigerianne réputée proche… de Moscou.
Quand tu a une frontière avec 1000 km et que tu est la 1 ère puissance militaire en Afrique, justement si ! L’Algérie est fort et puissant. Sa concerne tous les pays riverains et non seulement la petite CEDEAO. Tu ne connait rien à la géopolitique comme tu ne connait rien à l’aéronautique. Reste avec tes petits Rafales et F35, ils sont nul par rapport au SU 35 et SU 57 que l’Algerie à acheté.
Ah la bonne vieille rengaine sur les Su-57 algériens. Toujours aussi drôle et peu crédible. M’enfin ça fait rire… à vos dépends !
Je vous déteste. Vous falsifiez la vérité sur l’Algérie et le Niger. Je me vengerai de vous et votre minable blog.
Toujours aussi drôle le troll. Et sans rire si nous sommes minables pourquoi venir perdre votre temps sur nos pages ? Soyez crédible et allez voir ailleurs si nous y sommes.
J’emploierai des moyens de rétorsion envers ce site minable. Vous êtes dans mon collimateur bandes de ******** !!
Vos insultes ont été remplacé par des astérisques, notre lectorat n’ayant pas à subir la faiblesse de votre vocabulaire ordurier. Pour le reste vos « moyens de rétorsion » risquent d’en faire rire plus d’un madame ou monsieur.