Ce printemps, lors d’une longue randonnée sur le Camino Francés, j’ai eu l’occasion d’apercevoir en montagne un hélicoptère de la Guardia Civil. Dans les albergues, des affiches informent les peregrinos de composer le 062 pour bénéficier de l’aide de la Guardia Civil en cas de besoin. Présent sur l’ensemble du territoire espagnol, ce corps policier s’est même doté de l’Oficina Móvil de Atención al Peregrino (OMAP) dont ses membres polyglottes patrouillent le long des chemins de Compostelle. De retour à la maison, je me suis naturellement intéressé de plus près à cette police emblématique de l’Espagne et plus particulièrement à sa composante aérienne qui célèbre cette année son cinquantième anniversaire de naissance.
Ce qui surprend au prime abord, c’est l’ampleur des moyens aériens dont dispose la Guardia Civil. Le Servicio Aéreo de la Guardia Civil (SAER) bénéficie d’une quarantaine d’hélicoptères et de trois avions affectés à quatorze unités opérationnelles disséminées sur l’ensemble du territoire espagnol. Le SAER effectue également des missions internationales, sous la direction d’organismes de l’Union européenne. En termes d’effectifs, le SAER est composé de plus de 350 membres comprenant des pilotes, des mécaniciens d’aéronefs, des opérateurs système et du personnel d’appui à la mission. Les origines de cet imposant service aérien sont bien plus plus modestes. Fruit d’une réflexion amorcée dans les années 1960, la Guardia Civil met sur pied en 1973 une section aérienne. Ce service aérien était initialement composée de 20 agents et de deux hélicoptères MBB BO-105.
En 1983, cette section comptait déjà douze hélicoptères BO-105 et un appareil MBB/Kawasaki BK-117 dédiées à la lutte contre la criminalité et le terrorisme, la recherche des personnes disparues, les services d’évacuation et de secours, notamment en montagne et en mer.
Au milieu des années 1990, de nouvelles missions sont confiées au SAER: surveillance des zones frontalières terrestres et maritimes, lutte contre le trafic de drogue et le trafic illicite des personnes et des biens. Pour cette raison, la Guardia Civil envisage alors l’incorporation d’aéronefs à voilure fixe en complément des hélicoptères pour les missions de longue portée, plus particulièrement pour la patrouille maritime. En 2007, la Guardia Civil commandait deux avions CASA CN235 MPA à cette fin. En 2020 s’est ajouté un King Air-350 modifié pour effectuer des missions de surveillance maritime et de sauvetage.
En parallèle, un renouvellement de la la flotte d’hélicoptères du SAER fut initié en 2003 avec la réception du premier des Eurocopter EC-135 commandés pour remplacer les plus vieux MBB Bö-105. En 2016, s’ajoutaient à la flotte quatre hélicoptères AS-365N3 Dauphin 2 principalement dédiés aux tâches de surveillance maritime.
Ce chantier de modernisation se poursuit à ce jour, comme en témoigne un contrat d’achat d’appareils Airbus H135 annoncé en 2021. Le SAER aligne actuellement 41 hélicoptères de quatre types (16 BO-105, 8 BK-117, 13 EC135/A H135, 4 AS365). L’objectif est de compléter le remplacement des vénérables BO-105 et de s’équiper d’un nouvel hélicoptère pour remplacer les BK-117 utilisés pour la surveillance maritime. Divers scénarios sont à l’étude mais, si le budget le permet, l’achat d’hélicoptères NH90 Caïman serait privilégié à l’instar de ceux déjà commandés par l’Espagne pour les besoins de l’Ejército del Aire, de l’Armada Española.
Pluie, neige, vents traîtres ou brouillard, rien n’arrête les Cuco du SAER qui prennent leur envol pour secourir des victimes d’accidents ou rechercher des personnes perdues dans la nature. Cuco (Coucou) étant le nom de code pour désigner un hélicoptère de la Guardia Civil. Bien que le Camino Francés ne soit pas une randonnée périlleuse, certaines sections sont un peu plus ardues et éloignées des axes routiers. Heureusement, je n’ai pas eu à expérimenter l’efficacité des secours héliportés de la Guardia Civil durant mon périple. J’ai tout au plus apprécié discuter avec de sympathiques policiers de l’OMAP rencontrés au hasard du chemin. Au Bar de l’escadrille, je lève mon verre de cerveza pour saluer ces hommes et ces femmes qui se dévouent non seulement au service de leurs concitoyens, mais aussi des peregrinos étrangers qui peuvent compter sur ces anges gardiens. Aussi, un cinquantième anniversaire ça mérite bien une fiesta !
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2 Responses
Très bon article et très belle découverte que la Guardia Civil dans les airs. On les connaît plus le long des routes espagnoles.
La Guardia Civil impressionne souvent par la dextérité de ses pilotes. Ceux-ci n’ont rien à envier à leurs homologues de la Gendarmerie Nationale ou de la Metropolitan Police qui volent également sur des hélicos signés Eurocopter / Airbus Helicopter !