Pour les amants de la nature, le mot Mustang évoque les magnifiques contrées du piémont des Rocheuses américaines et canadiennes où galopent en liberté ces chevaux sauvages. Les amateurs de belles bagnoles vont immédiatement visualiser la légendaire Ford Mustang lancée au milieu des années 1960. Les aérophiles, penseront évidemment à l’élégant et redoutable chasseur/bombardier North American P-51 Mustang.
Je dois avouer d’emblée que le P-51 Mustang est au sommet des mes avions préférés. La première image qui nous vient en tête est un avion rutilant arborant la cocarde américaine. Fait moins connu, d’autres forces aériennes ont aligné des P-51 Mustang durant la guerre notamment la Royal Air Force (RAF) et l’Aviation royale canadienne (ARC/RCAF). En fait, le Mustang a été initialement développé pour la RAF qui en a utilisé plus d’un millier d’exemplaires durant le conflit. De son côté, l’ARC a mis sur pied cinq escadrons outre-mer équipés d’appareils Mustang. Tout comme pour leurs collègues britanniques, les pilotes de chasse canadiens prenaient plus souvent les commandes d’appareils Hawker Hurricane, Supermarine Spitfire et Curtiss P-40 Kittyhawk. Je vous propose donc une brève incursion dans l’univers moins connu des Mustang canadiens.
Dotés d’un moteur américain Allison, les premiers Mustang n’offraient pas de bonnes performances à haute altitude mais pouvaient semer tous les avions allemands à basse altitude. Trois escadrons (400, 414 et 430) de l’ARC ont donc utilisé des Mustang Mk.1 pour la reconnaissance à basse altitude. Ils effectuèrent notamment de nombreuses missions de photographie aérienne en préparation du débarquement de Normandie.
- Mustang Mk.1 / caméra oblique
La vitesse supérieure et le long rayon d’action du Mustang furent également mis à profit pour mener des raids à basse altitude au-dessus de l’Europe occupée, pénétrant parfois jusque dans l’espace aérien allemand. Locomotives, barges fluviales, véhicules, blindés et avions au sol étaient alors les cibles privilégiées. L’avènement des versions Mk.4 et Mk.5 dotées du moteur Rolls-Royce Merlin firent du Mustang un avion exceptionnel, tant pour les missions d’escorte de bombardiers que de bombardement. Les escadrons 441 et 442 de l’ARC passèrent à ces nouvelles versions en 1944-1945 et participèrent à la libération de l’Europe.
Vers la fin de la Seconde guerre mondiale, l’ARC était devenue la quatrième plus grande force aérienne au monde. La fin du conflit enclencha toutefois une décroissance dramatique des effectifs de l’ARC et une rationalisation de sa flotte. À l’instar de nombreux pays, la version la plus évoluée du Mustang, soit le P-51D, s’imposa comme le principal avion de chasse d’après-guerre. Pour un pays aussi vaste que le Canada, son long rayon d’action était un atout indéniable. La seule menace qui pesait alors sur l’espace aérien canadien était le bombardier Tupolev Tu-4 Bull apparu en 1949. La Guerre froide venait de monter d’un cran avec la détonation de la première bombe atomique soviétique la même année. L’ARC entama alors une phase de reconstruction rapide avec l’avènement de ses premiers avions de chasse à réaction, soit les De Havilland Vampire, Canadair CL-13 Sabre et Avro CF-100 Canuck.
Répartis entre deux escadrons réguliers, soit les 416 Lynx et 417 City of Windsor ainsi que six escadrons de chasse auxiliaires: 402 City of Winnipeg, 403 City of Calgary, 420 City of London, 424 City of Hamilton, 442 City of Vancouver et 443 Sea Island, une maigre flotte de 150 exemplaires du P-51D Mustang assumait entre-temps l’essentiel de la défense aérienne du territoire canadien. En plus de ces unités, des Mustang étaient également exploités par l’École centrale de pilotage, le Centre d’expérimentation et d’essais et le Centre d’entraînement aérien interarmées.
Fin 1956, l’ARC débutait l’élimination progressive de ses Mustangs, le dernier étant rayé de l’effectif en novembre 1960. Nombre de P-51D Mustang canadiens démobilisés ont connu une seconde carrière dans des forces aériennes d’Amérique latine. D’autres furent acquis par des collectionneurs et volent encore aujourd’hui pour la plus grande joie des amateurs de spectacles aériens. En attendant le retour de l’été et du vol de ces magnifiques Warbirds, je sirote un cocktail Wild Mustang au Bar de l’escadrille. Santé à mes complices d’Avions Légendaires et à nos lecteurs !
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5 Responses
Super chouette article sur un avion que perso j’ai toujours trouvé époustouflant, sans doute le meilleur chasseur à pistons de toute la Seconde Guerre mondiale. Perso j’aime vraiment les Mustang de première génération, avant la verrière en goutte d’eau du P-51D.
Chapeau Marcel pour ton bel article! Superbe les photos d’hier et d’aujourd’hui.
Merci pour ce très bel article sur un très bel avion, qui nous permet de découvrir d’autres livrées de ce mythe de la seconde guerre mondiale.
Très bonne synthèse. Bravo pour cet article et cet avion exceptionnel.
Aujourd’hui, combien de Mustang P51 issu de l’ARC sont-ils encore en état de voler ?
Ouf ! Une question qui nécessiterait un travail de moine pour y répondre. Faudrait éplucher des registres avec les numéros de série d’usine pour remonter la filière pour chaque appareil qui parfois change de main plusieurs fois.