Très honnêtement je pense que ce quatrième opus de notre nouvelle série sur le thème aviation et cinéma est le moment idéal pour crever l’abcès et parler de Top Gun. Le principe quand on réalise un film sur l’aviation c’est d’éviter de se planter sur les avions. Et à ce petit jeu là on ne peut pas dire que Tony Scott et les équipes de la Paramount aient été très sérieux quand ils nous ont pondu le chasseur soviétique MiG-28. Trente-sept ans plus tard il fait toujours autant se bidonner les aérophiles.
En fait il faut d’abord savoir que de toutes manières Top Gun est un monument du cinéma aéronautique, le film qui a donné envie à toute une génération de caler ses fesses dans le cockpit d’un avion de chasse. En plus il a fait de Tom Cruise une star internationale. Dit comme ça on pourrait estimer que n’importe quelle critique du film, même constructive, serait totalement casse-gueule. Eh bien vous savez quoi ? Même pas peur !
Car oui dans Top Gun il y a des erreurs, pas beaucoup certes, mais juste suffisamment pour encore faire rire presque quarante ans après sa sortie en salle. La plus grosse, la plus visible, c’est le MiG-28 ! Et cela a lieu dès le début du film.
La patrouille de chasse du pilote Pete «Maverick» Mitchell (Tom Cruise) et de son navigateur Nick «Goose» Bradshaw (Anthony Edwards) sont engagé au-dessus d’une zone océanique par deux chasseurs porteurs de marquages soviétiques et appelés MiG-28. Aux commandes de leur Grumman F-14 Tomcat les deux pilotes américains réussissent sans trop de mal à se défaire de leurs adversaires et à rentrer sur le pont de leur porte-avions.
Dès le départ les passionnés d’aviation ont reconnu dans les Mikoyan-Gurevitch MiG-28 des Northrop F-5E Tiger II maquillés à la va-vite. Les images aériennes étant jolies on leur pardonnera vite d’avoir utiliser des avions américains pour singer des chasseurs soviétiques. En fait ce qui est plus discutable c’est le choix du nom de l’avion. Pourquoi MiG-28 ? Pourquoi ne pas choisir une désignation qui alors n’existait pas chez Mikoyan-Gurevitch comme le MiG-33 (aujourd’hui appelé MiG-29M) ou le MiG-35. Car aucune désignation de l’avionneur soviétique n’a jamais existé avec une suite numérique pair. Elles sont forcément impairs.
Le chiffre 28 dans la nomenclature soviétique renvoie en fait à l’hélicoptère de combat Mil Mi-28 Havoc.
Alors certes seuls les aérophiles s’en sont rendus comptes et dans les cours de récré les gamins se rejouaient la scène, préférant de toutes manières le F-14 Tomcat à ce MiG-28. N’empêche que le mal était fait et qu’aujourd’hui encore on entend parfois certaines personnels parler de MiG-28 afin de montrer qu’elles ont de la culture aéronautique. Ou pas.
Attention alerte spoiler : la semaine prochaine nous aborderons logiquement Top Gun : Maverick, la suite. Donc inutile de l’aborder dans les commentaires, retenez-vous sept à huit jours.
Photos © Keypublishing.
En savoir plus sur avionslegendaires.net
Subscribe to get the latest posts sent to your email.
7 Responses
Bonjour Arnaud,
Pour Top Gun, l’appellation Mig 38 ne m’a jamais dérangée, pour un appareil imaginaire, mais bon…
Ce qui ‘m’a le plus sauté aux yeux dans ce film, c’est le fait que des obus de 20 mm (dans le combat final) ne causent pas plus de dégâts que de vulgaires balles de mitrailleuses de la deuxième guerre mondiale….
J’avais déjà posté mon avis sur MAVERICK, alors j’attends avec impatience la semaine prochaine.
Encore merci et bravo.
Le choix du F-5 déguisé en un MIG-28 imaginaire me semble judicieux et assumé, le pays adverse n’étant jamais désigné. L’élégance naturelle de la ligne du F-5 est mise en valeur par le couleur noire et cela permettait de garder le A-4 comme monture pour les Aggressors. Chacun de ses avions, bien connus et appréciés des amateurs, avait donc la possibilité de prendre un peu de la lumière sans faire d’ombre à la star F-14.
Bonjour Arnaud. Il me semble que l’étoile rouge soviétique présente sur les avions de l’armée de l’air d’URSS n’a jamais été dans un cercle jaune. Ou alors le réalisateur de Top Gun souhaitait mieux mettre en évidence l’étoile rouge car les Mig-28 (F-5 Tigers II) étaient peints en noir. Désolez si d’avance si je me trompe.
Avec un numéro paire pour un Mig, ils ne risquaient pas de tomber sur un Mig qui existera, disons jusqu’à un futur proche sauf peut-être un, le Mig 1.44
La ficelle était un peu grosse, mais le réalisateur a sûrement fait un meilleur choix avec cet avion qu’en utilisant des maquettes. J’ai hâte de lire le prochain article, il risque d’être long 🙂
Sans parler des obus qui fusent au départ des ailes du F5, du cockpit super spacieux du Tomcat où le RIO tient le rôle de touriste en promenade, et surtout de la vrille à plat qui commence au-dessus du désert et « se dirige vers la mer ». Qu’importe, je me régale à chaque fois que je revois le film.
Dans l’aviation soviétique, les nombres pairs sont traditionnellement réservés aux avions d’attaque, bombardement, transport… et les nombres impairs pour les avions dédiés au combat aérien. Mais alors pourquoi Su-25 et MiG-27 ? Là : je sèche !
Déjà, je trouve très curieux le camouflage noir d’un appareil qui, à priori, semble destiné à voler au dessus d’espaces maritimes ou désertiques.
Cela dit, je trouve que cela donne une allure inquiétante et menaçante à ce F5 aux lignes plutôt élégantes pour un avion de guerre.
Le marquage de l’étoile rouge m’a plus fait penser d’emblée à celui de la Corée du Nord par son graphisme.
Quant au nom de l’avion, je ne sais pas si c’est vraiment important. En 1986, on est encore bloc contre bloc, et l’étoile rouge ne laisse aucun doute la-dessus.
Et puis, ce n’est pas un film « historique » donc on peut prendre quelques libertés avec la réalité.
Je pense qu’à notre époque, s’il fallait refaire ce film à l’identique, les producteurs du film trouveraient facilement sur le marché des Mig21 par exemple…
Mais même si ce film a sans doute éveillé des vocations chez les ados de l’époque, ça reste quand même un bon vieux « nanard » américain pur jus.
Pour ma part, ado bien antérieur à 1986 et nourri de BD telles que Rapaces ou Battler Britton , c’est le film « La Bataille d’Angleterre » de 1969 qui reste la référence.