L’imbroglio de la communication saoudienne autour de la Team Tempest.

De l’importance de ne pas trop vite se précipiter autour des communications «officielles» réalisées sur les réseaux sociaux. Ce mercredi 1er mars 2023 la SPA, la Saudi Press Agency, annonçait que son pays rejoignait la Team Tempest suite à un accord avec le Royaume-Uni visant au remplacement de ses chasseurs Eurofighter EF-2000 Typhoon et de ses avions d’attaque Panavia Tornado IDS. Quelques heures plus tard elle fit volte-face et se retrouva obligée d’affiner sa déclaration suite à dénégation de la diplomatie britannique. Nous allons ici vous désembrouiller ce sac de nœuds.

En fait il faut d’abord savoir que malgré la mutation de la Team Tempest en Global Combat Air Programme en décembre dernier c’est bien toujours sous son nom d’origine que le programme de chasseur international de 6e génération reste connu. Britanniques, Italiens, Japonais, et Suédois sont donc actuellement ses partenaires à des pourcentages de participation assez différents les uns des autres. BAE Systems en Grande Bretagne et Leonardo en Italie demeurent les principaux maîtres d’œuvre du futur chasseur furtif.
Depuis quelques temps on sait que Londres s’est mise en quête d’autres alliés afin de réduire les coups budgétaires. L’arrivée de l’avionneur japonais Mitsubishi en résulte.

Et ce mercredi 1er mars 2023 en fin de matinée une certaine excitation s’est fait ressentir dans le microcosme aéronautique quand la Saudi Press Agency a officiellement annoncé sur les réseaux sociaux que Ryad rejoignait le programme. L’Arabie Saoudite utilisant des avions européens comme le Tornado et le Typhoon sa participation à la Team Tempest n’a surpris personne. Enfin sauf les responsables officiels britanniques qui ont bien signé un accord autour d’une éventuelle participation saoudienne au programme, mais pas pour cette fin d’hiver 2023.

L’accord anglo-saoudien s’inscrit dans le cadre du programme Saudi Vision 2030 visant à permettre au début de la décennie prochaine que l’Arabie Saoudite puisse disposer d’un capacité de recherches et de développement mais aussi d’appui financier sur différents programmes internationaux, dont la Team Tempest. Mais pas uniquement elle, puisque les Saoudiens observent d’autres développements aéronautiques ailleurs en Europe autant qu’en Amérique du nord et en Asie du sud-est.
Donc oui il est très probable que cette puissance régionale du Proche-Orient rejoigne dans quelques années l’alliance industrielle autour du futur chasseur de 6e génération Tempest, mais pas cette année, et sans doute pas avant au plus tôt six ou sept ans. Pour la simple et bonne raison qu’en 2023 l’Arabie Saoudite est une puissance financière mais un total petit Poucet dans le domaine aéronautique.

La déclaration d’intentions entre Londres et Ryad ne lie donc nullement cette dernière à l’alliance internationale du GCAP, la Team Tempest. Elle ouvre simplement la voie à une future participation suspendue aux évolutions technologiques saoudiennes dans les domaines de l’aéronautique et de l’armement. Le programme dirigé par BAE Systems et Leonardo évoluera et à un moment donné les Saoudiens l’intègreront. Ou pas. Il n’y a aucune obligation stricte.

En fait l’erreur est venue de la Saudi Press Agency qui s’est un peu trop précipité sur ce dossier et s’est retrouvé à publier des informations qui n’étaient que partiellement vraies. Dommage que plusieurs médias spécialisées, dont certains de tout premier rang, se soient laissés avoir.

Vue d’artiste © BAE Systems