Alors qu’en Allemagne, aux États-Unis, ou encore en Grande Bretagne le début des années 1930 fut marquée par la prépondérance des chasseurs biplans la France choisit une autre voie. Celle-ci passait par des voilures du type monoplans. Là encore cependant les atermoiments étaient fréquents, entre aile haute et aile basse, et même à l’intérieur de celles-ci au travers de différentes architectures. L’un des symboles de ces hésitations fut le prototype de chasseur Dewoitine D.560.
Au début de l’année 1930 le ministère de l’Air émit une fiche programme pour un avion militaire de type C1, à savoir donc un chasseur monoplace. Il s’agissait alors de remplacer le Nieuport-Delage NiD.62 en service en première ligne dans les rangs de l’Aéronautique Militaire. L’un de ses aspects les plus novateurs fut alors que le futur chasseur était appelé à être un monoplan là où la majorité des chasseurs français étaient encore biplans.
Six avionneurs répondirent au programme : ANF Les Mureaux, Bernard, Dewoitine, Gourdou-Lesseure, Loire, et Morane-Saulnier. Seul Bernard proposait un avion doté d’une aile basse, les autres demeurant sur des voilures hautes. De son côté Gourdou-Lesseure jeta rapidement l’éponge.
Le programme de Dewoitine était à la fois ambitieux car novateur dans son architecture générale et économe car s’appuyant sur le fuselage, le poste de pilotage, et l’empennage de son D.500 alors en développement. Le nouvel avion reçut la désignation de Dewoitine D.560.
Extérieurement l’avion se présentait sous la forme d’un monoplan à aile haute en M de construction entièrement métallique. Il possédait un train d’atterrissage classique fixe doté de roues carénées et d’un patin de queue. La motorisation consistait en un Hispano-Suiza 12Xbrs à douze cylindres en V d’une puissance de 690 chevaux entraînant une hélice bipale en bois et métal équipée d’une casserole. Le pilote disposait d’un petit pare-brise le protégeant du vent.
Le prototype du Dewoitine D.560 réalisa son premier vol le 5 octobre 1932. Un mois plus tard il fut convoyé à Villacoublay en région parisienne afin d’être pris en charge par les pilotes d’essais de l’Aéronautique Militaire. Ceux-ci décrirent alors tous l’avion comme remarquable de manœuvrabilité, même si globalement sa vitesse ascensionnelle n’était pas extraordinaire. L’avion virait très court et permettait des figures acrobatiques en plein ciel, exactement ce que les militaires français recherchaients. À un détail près cependant : les pilotes d’essais étaient unanimes pour dénoncer l’emploi d’une aile en M qu’ils jugeaient trop peu adapté. Dewoitine fut invité à revoir sa copie.
À la même époque les Bernard 260 et Loire 43 également en compétition avaient déjà été rejetés par l’Aéronautique Militaire sans profiter de cette seconde chance octroyée à Dewoitine.
L’aile en M fut donc déposée et remplacée par une aile parasol plus consensuelle. Le radiateur dut être repositionné et équipé d’un nouveau carénage. La voilure cependant possédait une envergure légèrement moindre, perdant 89 centimètres.
Ainsi modifié l’avion prit la désignation de Dewoitine D.570. Il vola sous cette configuration le 27 novembre 1933. Malheureusement pour l’avion s’écrasa moins d’un mois plus tard, le 21 décembre, tuant sur le coup son pilote d’essais. L’Aéronautique Militaire décida alors de stopper là l’étude de l’avion proposé par Dewoitine.
Des deux concurrents encore en lice, ANF Les Mureaux 170 et Morane-Saulnier MS.225, c’est ce dernier qui remporta le marché et équipa l’aviation française.
Malgré donc un échec mortel le Dewoitine D.560 / D.570 fut riche d’enseignement pour l’avionneur français. Il lui démontra que l’armement ne faisait pas tout sur un chasseur, que la manœuvrabilité était essentielle.
Il ne reste de nos jours plus rien de cet étonnant prototype.
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