Le Sukhoi Su-30 Flanker-C totalement sous-employé par la Russie en Ukraine.

Avant que Vladimir Poutine ne décide de lancer son «opération spéciale» contre l’Ukraine c’était un des avions de combat les plus vendus dans le monde, une véritable machine à engranger les contrats. Pourtant depuis fin février 2022 c’est le calme plat chez Sukhoi, et notamment sa maison-mère UAC, pour tout ce qui concerne le Su-30 Flanker-C. Il faut dire que l’avion est loin d’avoir fait démonstration de sa supériorité dans les missions qui lui ont été confiées dans cette guerre que Moscou mène.  La Russie craint-elle de vivre avec lui un scénario similaire à celui du Su-35 Flanker-E ?

Depuis quelques semaines maintenant la chasse russe brille par son absence au-dessus des villes ukrainiennes. Pour frapper les populations civiles, à défaut de véritables cibles militaires, Moscou préfèrent désormais employer ses hélicoptères Kamov Ka-52 Hokum-B et Mil Mi-28 Havoc ainsi que les munitions rodeuses Shahed 136 acquises auprès de l’Iran. Des aéronefs qui sont fort heureusement en partie descendus par la DCA ukrainienne avant qu’ils n’atteignent leurs objectifs.

Des canons antiaériens et des batteries de missiles sol-air fournis souvent par les Alliés et qui expliquent désormais la raréfaction des avions de combat russe, à l’exclusion cependant des avions d’attaque Sukhoi Su-25 Frogfoot et de pénétration Su-34 Fullback. Ces deux modèles se hasardent encore parfois au-dessus du territoire ukrainien, aux risques et périls de leurs équipages. Les Su-34 sont devenus la cible favorite des artilleurs antiaériens ukrainiens depuis plusieurs raids menés par ces biréacteurs contre des cibles civiles.

Depuis le début de cette guerre, car le terme «opération spéciale» donné par le dictateur russe s’apparente à de la novlangue, un avion n’est clairement pas présent à la hauteur de son efficacité prouvée : le Sukhoi Su-30 Flanker-C. Pourtant sur le papier la Russie en utilise entre 120 et 150, entre l’aviation militaire et l’aéronavale.
Dans cet arsenal cet avion est un des rares vrais chasseurs multi-rôles, là où la plus part des autres aéronefs de combat sont soit destinés à la défense aérienne soit aux opérations air-sol. Ça tombe bien que le Su-30 soit employé comme multi-rôle puisque c’est ainsi qu’il est vendu dans le monde, et que d’ailleurs il se vend très bien.

La sous-utilisations russe de l’avion est encore plus criante quand on voit les pertes «en opération» de ces avions. Des avions détruits par les forces ukrainiennes mais reconnus par Moscou uniquement comme des accidents liés au pilotage ou à la dégradation de conditions météos. On remarquera que comme au temps des administrations Staline puis Khrouchtchev l’administration Poutine a toujours autant de facilité à mentir à son peuple et au monde.
Soit l’Ukraine a une météo archi-pourrie cumulée avec des pilotes russes qui ne savent pas maîtriser leurs Su-30 Flanker-C soit la DCA ukrainienne est juste efficace. C’est là le principe du rasoir d’Ockham.

Dire que le théâtre d’opérations ukrainien ne réussit pas au Su-30 Flanker-C sous cocarde russe c’est une chose, le prouver c’est mieux. Ça tombe bien, nous avons quelques exemples frappants pour aller dans ce sens.

  • Le 28 février 2022 à Hostomel un Su-30 est descendu par la DCA, l’équipage n’a pas survécu.
  • Le 3 mars 2022 à Irpin dans la banlieue de Kyiv un Su-30 est abattu par la DCA, là aussi l’équipage est tué sur le coup.
  • Le 5 mars 2022 à Mykolaïv un Su-30est abattu par la DCA, les deux membres d’équipage s’éjectent et sont capturés par l’armée ukrainienne.
  • Le 17 mars 2022 à Odessa un Su-30 est descendu par un chasseur Mikoyan MiG-29 Fulcrum ukrainien, les deux membres d’équipage sont tués sur le coup.
  • Le 29 mars 2022 à Izioum un Su-30 est abattu par la DCA, les deux membres d’équipage s’éjectent et sont capturé par la garde nationale ukrainienne.
  • Le 12 septembre 2022 à Izioum un Su-30 est descendu par la DCA, son équipage est tué sur le coup.
  • Le 11 octobre 2022 à Poltava un Su-30 est abattu par la DCA, les deux membres d’équipage s’éjectent et sont capturés par l’armée ukrainienne.

Deux autres occurrences sont avancées en mars par le ministère ukrainien de la défense mais sans qu’on ne puisse en trouver trace auprès de nos sources de vérifications. C’est pourquoi elles ne sont pas mentionnées.

Pourquoi alors une telle sous-utilisation, notamment depuis avril 2022 ? L’explication la plus logique est que le géant de l’industrie russe de défense qu’est UAC, pour United Aircraft Corporation, a demandé à Moscou de ne pas trop exposer le Sukhoi Su-30 Flanker-C au risque de la DCA ukrainienne. Il faut dire que pour ce conglomérat ce chasseur demeure sa poule aux œufs d’or, un des rares avions russes qui continue de très bien se vendre un peu partout dans le monde.
Dans le même temps les ventes de Su-35 Flanker-E s’effondrent partout dans le monde, en Algérie et en Égypte notamment mais aussi en Indonésie. La Russie est obligée de le brader à l’Iran pour pouvoir s’assurer de le vendre. La politique américaine de CAATSA ne peut pas expliquer tout cela. La réalité opérationnelle de celui qu’on a trop longtemps présenté comme un super chasseur est également bien là aussi, aussi dure soit-elle pour lui. Dans le même temps le programme du futur chasseur de 5e génération Sukhoi Su-75 «Checkmate» subit de plein fouet les restrictions économiques et industrielles votées par les Alliés. Et certains commencent même à murmurer qu’il pourrait bien ne finalement jamais voir le jour. Sukhoi Su-35 Flanker-E et Su-75 «Checkmate» : deux scénarii qu’UAC refuse sans doute de voir se propager au Su-30 Flanker-C.

Actuellement UAC se recentre sur ses fondamentaux concernant le Su-30, attendant que l’orage international autour de l’Ukraine se calme… un peu. Le vassal biélorusse pourrait en 2023 acquérir entre quatre et six avions, issus d’une option posée au printemps 2021. C’est peu mais en période de crise il faut savoir s’en contenter.
En 2022 Sukhoi perd même depuis quelques temps des contrats d’entretien pour ses avions.

Photo © ministère russe de la défense


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Arnaud
Passionné d'aviation tant civile que militaire depuis ma plus tendre enfance, j'essaye sans arrêt de me confronter à de nouveaux défis afin d'accroitre mes connaissances dans ce domaine. Grand amateur de coups de gueules, de bonnes bouffes, et de soirées entre amis.
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Commentaires

19 Responses

  1. A cela s’ajoute peut-être un problème de fiabilité et de durabilité notamment sur les moteurs à réaction. Et si on y ajoute quelques soucis de réappro en pièces détachées au vu de l’embargo occidental, ceci peut certainement expliquer cela.
    Déjà en temps de paix, Sukhoi avait la réputation d’un SAV plutôt defaillant et de fourniture de pieces de rechange très aléatoire.
    Un constructeur peut toujours « cannibaliser » sur des modèles existants, mais cette façon de procéder montre rapidement ses limites, surtout en temps de guerre.

  2. Bonjour Arnaud, vous parlez de Su 30 monoplace dans votre article, cet appareil est dinc également disponible en version un seul pilote ?
    Cordialement

  3. En effet c’était une coquille de ma part, désolé, je l’ai rédigé hier soir et mes yeux ne devaient plus forcément être au milieu de leurs orbites. C’est rectifié.

  4. Salut ARNAUD,
    Je me posais la question de la réaction de l’IAF (armée de l’air indienne), qui possède ou possèdera presque 300 chasseurs SU30 MKI, au regard des difficultés rencontrées par le modèle russe. Il est vrai que HAL, son constructeur indien sous licence, lui adjoint certains équipements occidentaux, mais sera-ce suffisant pour rassurer les généraux indiens face aux productions chinoises ou américaines des armées de l’air chinoise et pakistanaise .
    Je ne sais pas dans quelle mesure cela pourrait impacter les négociations sur l’acquisition future de RAFALE
    Affaire à suivre…!
    Bonne réflexion….

  5. Avec cette guerre l’industrie aéronautique russe risque de s’effondrer. En effet avec tout ce matériel russe détruit ou abandonné que ce soit le matériel de brouillage, de guerre électronique, de communication et récupéré et étudié par les occidentaux, les centres de commandement capturés où se trouve encore des documents confidentiels comme les clés de chiffrage ou autres modes d’emplois. C’est une occasion en or pour le matériel occidental de prendre une avance considérable sur le matériel russe pour des années. Comme pendant la guerre froide où quand des pilotes du bloc de l’est faisaient défection et se posaient à l’ouest, l’avion était désossé et étudié ce qui à permis de savoir à quel niveau d’avancée technologique se situait l’industrie militaire soviétique et de faire en sorte que le matériel occidental garde toujours une avance tout le long de la guerre froide.

  6. Bonjour Ced
    Il y en a eu un a la fin des années 90 qui se nommait le SU-30 KI aussi appelé SU-27KI.

    Mais il est resté au stade de démonstrateur en vol (faute de clients)

  7. Les russes ont toujours étaient les meilleurs dans l’aérospatial avec beaucoup moins de financement.
    Les américains pour concevoir le F22 et F35 on gaspiller des milliards de dollars pour un résultat loin des attentes.
    Premier satellite
    Première station spatiale
    Premier homme dans l’espace
    Avance de 20 ans dans les missiles hypersonique par rapport à l’occident.
    Meilleurs systèmes antiaériens S400 et S500

    1. Résultat loin des attentes dites-vous au sujet des F-22 Raptor et F-35 Lightning II ? Oui c’est votre avis, mais factuellement ces deux avions ont un gros avantage sur le chasseur prétendument furtif russe Sukhoi Su-57 Felon : le premier a été construit en grande série et le second l’est en très grande série. Et surtout tous deux sont totalement opérationnels. Tout ce que le Su-57 n’est pas. Accessoirement le F-35 Lightning II se vend très bien à l’export alors même que personne ne semble vouloir du Su-57, même pas l’Algérie ou l’Iran pourtant fidèles clients de la Russie.
      Ensuite désolé mais le premier satellite, le premier homme dans l’espace, et la première station spatiale ne sont nullement du fait de la Russie mais de l’URSS. Révisez votre histoire Mimir car là vous êtes complètement à côté de la plaque, comme d’hab’ me direz-vous dans votre cas.
      Si seulement nous pouvions avoir des pro-Poutine un peu moins nuls que vous !!!

      1. Je suis pas d’accord avec toi Arnaud.
        Le F22, la production a été arrêté trop cher pour le résultat.
        Et le F 35 n’en parlons même pas, c’est vraiment de la merde, les pays qui achètent le F 35 c’est plus politique que technique.
        Le Sukhoi 57 vient tout juste de rentrer en production de série avec la nouvelle version et tous les défauts ont été règle.
        Est-ce que les États-Unis ont vendu le F22 à l’étranger?
        Le président algérien sera invité à Moscou en décembre, un contrat d’armement de 12 milliards de dollars est sur la table. Sous-marin kilos 636,
        Sukhoi, 57, Sukhoi, 34, S500 ………..

        1. Une bonne fois pour toutes Mimir vous n’êtes pas au café du commerce avec vos potes à déblatérer sur ce que vous n’aimez pas en éclusant les anisettes donc soit vous modérez votre langage soit je vous modèrerais moi-même ! Des expression comme « c’est vraiment de la merde » n’ont rien à faire sur notre site ensuite chacun aura compris que vous n’y connaissez rien en aéronautique et que vous n’êtes qu’un troll pro-Poutine sans envergure de plus.
          Cordialement.

          PS : Votre commentaire où vous traitiez les membres de la NASA de nazis a évidemment été modérés. Pour info actuellement les nazis sont sans doute beaucoup plus à chercher dans les forces de Wagner qui assassinent lâchement la population ukrainienne qu’au sein de l’administration aéronautique et spatiale des États-Unis.

        2. Vous ne craigniez pas de voir un F/A-22 Raptor sous une autre cocarde pour la simple et bonne raison que sa vente à l’exportation était interdite. Matériel trop sensible pour être vendu à un pays étranger même allié car c’était et c’est toujours le meilleur avion de supériorité aérienne.

  8. Bonjour à tous et bravo pour votre travail.
    J’ai une question sur votre analyse. Comment faites vous pour savoir si tel ou telle avion est peu ou pas utilisé.? Y a t’il un décompte des sorties par type d’avion fait par des observateurs? Des services des pays de l’otan ? Je comprends qu’on puisse compter les avions abattus mais ceux qui volent?

    1. C’est un très long travail de recoupements d’informations en provenance de sources officielles diverses et de sources médiatiques.

  9. À propos du spacial, n’oublions jamais que le patron du secteur au temps de l’URSS de Staline était un ukrainien, Sergey Korolev. Le musée qui porte son nom dans sa ville natale de Jytomyr était d’ailleurs une attraction super sympa avant la guerre pour tous les mordus d’aérospaciale. Mimir en poutinolâtre servile nous fait le même coup que ces maîtres. La victoire contre l’Allemagne nazie, c’est la Russie. Non, c’est l’URSS. L’aéronautique et l’aérospatiale soviétique, c’est la Russie. Non, c’est l’URSS. URSS où l’Ukraine avait une place centrale dans ces domaines. Je l’ai déjà expliqué ici mais là Russie ne s’est jamais totalement remise de 2014 et l’occupation de la Crimée et d’une partie du Dombass. En perdant accès aux sous-traitants ukrainiens, elle a perdu des compétences et une force de frappe industrielle qu’elle n’arrive toujours pas à compenser. Ce n’est pas tout d’avoir du pognon, il faut avoir les ingénieurs, les techniciens, les ateliers, l’écosystème industriel…. Les déboires de l’aviation russe viennent aussi de là.

  10. Et pour info, avant de créer mon affaire.
    J’ai travaillé pendant 10 ans au bureau des méthodes pour la fabrication des pièces de structure aluminium pour Dassault et Airbus sous-traitance, ou ont fabriqué les pièces les plus difficiles.
    Je travaillais sur le logiciel Catia tout le processus de fabrication et la conception des outillage.
    C’est même moi qui a conçu l’outillage pour fabriquer le rail de lancement du missile météor.
    Ensuite j’ai même travaillé à la Snecma à Ivry Courcouronne où j’étais chargé d’affaires j’ai travaillé sur le moteur M88 M53 et le Sam146.

    1. Vous avez conçu le rail de lancement du missile Meteor ? Wahou nous avons un ingénieur aéronautique de premier plan Mimir. Et ensuite sur le réacteur M88 ? En fait vous avez quasiment inventé le Rafale à vous tout seul. À moins que dans votre cas ce soit le Ra-Fake.
      Marre d’entretenir des trolls tous plus mythos les uns que les autres. Désormais Mimir vous serez systématiquement modéré.
      Nos lectrices et lecteurs n’auront plus à supporter les âneries que vous écrivez.
      Bon débarras.

      PS : Bien évidemment vos commentaires mensongers et vulgaires ont été modérés.

  11. M. Mimir n’a peut-être pas tout à fait tort, et essayons de rester objectif devant toute cette horreur de guerre.
    N’enterrons pas trop vite les Russes, même si on ne les aime pas.
    Et nous ne sommes pas en guerre avec eux, que je sache.
    Même si tout ça excite fort les intellos bien au chaud dans leurs salons parisiens.
    A part ça, un grand merci pour tous ces superbes articles, même s’ils ne sont peut-être pas tout à fait impartiaux : j’ai l’habitude de trier l’information.

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