Dès l’origine de l’aviation militaire les états-majors se sont heurtés à une problématique souvent insolvable : comment remplacer efficacement un aéronef très réussi mais devenu passable dépassé ? On pense dans ces cas-là bien souvent au Douglas C-47 Skytrain, alias Dakota, qui dans les années 1950 et 1960 offrit quelques nuits blanches aux ingénieurs et décideurs politiques en charge de sa succession. Avant lui la Royal Air Force eut une première expérience assez traumatisante quand elle fut obligé de remplacer ses bombardiers légers Airco D.H.9. Et c’est au biplan Fairey Fawn que ce rôle revint, faute surtout de compétiteur à la hauteur du challenge.
En janvier 1921 l’Air Ministry émit donc la Specification 5/21 relative à l’acquisition d’un bombardier de jour biplace destiné à prendre la place du très réussi Airco D.H.9 dans les rangs de la RAF. Londres s’attendait de ce fait à un déferlement de propositions. La stupeur fut grande quand seuls deux avionneurs se mirent sur les rangs : Fairey et Vickers.
Le premier proposait son Fawn Mk-I tandis que le second avançait son Type 71 Vixen. Dans les deux cas les avionneurs avaient fait appel au Napier Lion, un moteur à douze cylindres en W d’une puissance de 450 chevaux.
Alors que Vickers était un fournisseur de la Royal Air Force depuis la guerre c’est avec surprise Fairey qui emporta le marché en février 1923. Un mois plus tard le premier prototype du Fawn Mk-I réalisait son premier vol.
Extérieurement le nouveau bombardier léger se présentait sous la forme d’un biplan construit en bois entoilé et contreplaqué. Il était doté d’un train d’atterrissage classique fixe se terminant par un patin de queue et d’un poste de pilotage biplace en tandem à l’air libre. Le pilote prenait place à l’avant tandis que l’officier de bombardement s’installait derrière lui. Il assurait aussi la défense de l’avion via une mitrailleuse mobile Lewis de calibre 7.7 millimètres sur affût mobile annulaire. Une arme similaire mais produit par Vickers tirait en position de chasse. La charge offensive du Fawn atteignait 200 kilogrammes de bombes montées sous voilure et fuselage.
Outre le prototype le Fawn Mk-I donna naissance à quatre avions de présérie dont les deux derniers préfiguraient le Fawn Mk-II de série. Celui-ci entra en service dans la Royal Air Force en avril 1924. Le N°11 Squadron fut la première unité britannique à voler sur ce nouvel avion d’armes. Basé à RAF Bircham Newton dans l’ouest anglais il était appelé notamment à réaliser des missions de souveraineté au-dessus du territoire allemand. Suite au traité de Versailles de 1919 les unités aériennes britanniques et françaises pouvaient évoluer comme bon leur semblait dans l’espace aérien allemand. Les bombardiers légers ne s’en privaient pas.
Par la suite ce fut le tour des N°12 et N°100 Squadrons de la RAF d’être transformés sur Fairey Fawn. Le N°100 Squadron essuyant même les plâtres du Fawn Mk-III dotés d’un moteur Napier Lion Mk-V porté à 475 chevaux. De ce fait sa charge offensive passa de 200 à 225 kilogrammes tandis qu’une seconde mitrailleuse Lewis venait se jumeler à la première sur l’affût Scarff. Surtout le Fawn Mk-III fut doté de bombes incendiaires, une première pour ce type d’avion. Il se reconnaissait au premier coup d’œil aux deux réservoirs annexes installés en extrados du plan supérieur de voilure.
Avion typique de la période de paix revenue des années 1920 le Fairey Fawn ne fut nullement engagé dans la moindre action offensive. Entre juillet et décembre 1926 il quitta le service de première ligne étant remplacé au sein des N°11 et N°100 Squadrons par le Hawker Horsley Mk-II et du N°12 Squadron par le Fairey Fox Mk-I.
Les avions encore en état de vol parmi les soixante-dix Fawn livrés à la RAF furent versés aux N°503 et N°602 Squadrons, deux unités de réserve de l’aviation britannique. Eux non plus ne connurent jamais le feu et furent rayés des cadres de la Royal Air Force à Noël 1929.
Le N°503 Squadron remplaça ses Fawn Mk-III par des bimoteurs Handley Page Hyderabad Mk-I et le N°602 Squadron en fit de même pour ses Fawn Mk-III et Fawn Mk-IV par des Westland Wapiti Mk-IIA.
Utilisé exclusivement par les forces de réserves le Fairey Fawn Mk-IV résultait de modifications de Fawn Mk-II et Mk-III dotés d’un Napier Lion turbocompressé et d’un poste de pilotage en partie chauffé. Douze exemplaires seulement en furent assemblés. Il est considéré comme la version la plus évoluée mais aussi la plus fragile de ce bombardier léger de jour. Le moteur turbocompressé tombait régulièrement en panne, y compris quand l’avion volait. Il fut à l’origine de deux écrasements mortels en 1927 et 1929.
Jamais exporté le Fairey Fawn ne connut qu’une carrière finalement très courte et particulièrement calme. Ce fut là le sort de la majorité des avions militaires britanniques des années 1920 qui ne connurent jamais le feu contrairement à leurs équivalents français engagés régulièrement dans des actions coloniales en Afrique et en Indochine.
Aucun Fawn n’a été conservé jusqu’à nos jours dans un quelconque musée britannique.
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