Albert Octave Étévé est né le 24 mai 1880 au sein d’une famille de la petite bourgeoisie parisienne. Il grandit dans le 19e arrondissement de la capitale et s’épanouit grâce aux sciences et technologies de l’époque. Adolescent il se passionne pour l’aérostation tout en affinant une solide culture scientifique et mathématique. Il veut devenir ingénieur.
Après l’obtention à 17 ans de son baccalauréat Albert Étévé rejoint la rue Descartes, siège de l’École Polytechnique. Diplômé à 22 ans il est affecté à l’arme du Génie où rapidement ses ambitions autour de l’aérostation se confirme.
À 27 ans le lieutenant Albert Étévé est breveté pilote de ballon libre. Il mènera notamment des actions militaires au Maroc dès l’année 1908 démontrant les intérêts de ces engins auprès de généraux français encore très sceptiques pour la plus part d’entre eux. De retour en France il est nommé capitaine et obtient en novembre 1909 l’autorisation de passer son brevet de pilote de dirigeable. Il l’obtient en février 1910. Mais déjà les premiers aéroplanes titillent sa curiosité.
Affecté au hangar Y de Chalais-Meudon l’ingénieur et officier peaufine les techniques des dirigeables français quand en parallèle il passe son brevet de pilote d’avion. Il reçoit le 89e distribué par l’Aéro Club de France au mois de juin 1910.
Albert Étévé vole alors principalement sur deux biplans : un Farman construit en région parisienne et un Wright importé des États-Unis. Tous deux appartiennent au ministère de la guerre. À l’été 1911 il dépose le brevet de ce qu’il appelle alors son «indicateur de vitesse à palette». Sans forcément le savoir il vient de révolutionner l’aviation en concevant le premier anémomètre destiné à un aéronef.
L’étévé comme il sera rapidement surnommé est très aisé d’emploi. Le vent pousse une petite palette reliée à une tige qui bascule le long d’une graduation en fonction du vent relatif. Son invention est tellement géniale qu’elle devient obligatoire sur tous les aéroplanes français dès le début de l’année 1912 et l’année suivante en Allemagne, en Belgique, en Grande Bretagne, et en Italie.
À l’été 1912 il est d’ailleurs nommé inspecteur du centre aéronautique de Saint-Cyr-l’École. Cette implantation de Seine-et-Oise regroupait alors toutes les activités militaires autour de l’air : aérostats et avions. Il les dirige.
Le capitaine Étévé se voit nommé par la suite à d’autres postes tous plus prestigieux les uns que les autres. Pourtant il demeure avant tout polytechnicien, c’est à dire un infatigable ingénieur. Poursuivant la collaboration débutée en 1911 avec Farman il conçoit début 1915 le «système de défense aérienne» qui portera son nom. Sous ce vocable se cache en fait la première tourelle mobile pour mitrailleuse installée sur un avion. Elle va se généraliser sur les avions français et britanniques dès le mois de mai et demeurera la norme jusqu’en 1932 et la généralisation du système Scarff conçu en Grande Bretagne.
La Première Guerre mondiale et l’entre-deux-guerres sont pour lui l’occasion de peaufiner ses équipements de sécurité pour les avions. Il invente ainsi l’ancêtre des actuelles ceintures de sécurité tout en réalisant les premières normalisations de marques de nationalités. La France devient ainsi en 1919 le premier pays à disposer de cocardes strictement encadrées selon un schéma conçu par Albert Étévé.
À 55 ans, en 1935, il est nommé inspecteur général de l’aéronautique en charge des programmes de développements et de modernisation de la jeune Armée de l’Air.
Proche du Front Populaire il se voit offert une mission visant à réfléchir sur une question alors épineuse partout en Europe : canons ou mitrailleuses sur les chasseurs ?
Albert Étévé choisit de ne pas choisir et de privilégier un mélange des deux.
Par la suite il décida de moderniser la DCA des différentes bases aériennes françaises.
Formellement opposé à la politique du maréchal Pétain Albert Étévé fait valoir à l’été 1940 son droit à la retraite. Sans jamais vraiment s’investir dans la résistance il demeure cependant républicain. Il refuse totalement de se soumettre aux diktats allemands. Dans une tribune publiée en septembre 1945 il raconte son dégoût après les deux bombardements atomiques contre le Japon.
Parisien de bout en bout l’ingénieur demeure dans la capitale durant toute sa retraite et y décède le 18 avril 1976.
Albert Étévé était commandeur dans l’ordre de la Légion d’Honneur.
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