Landiras, le cauchemar girondin des pilotes d’avions bombardiers d’eau.

C’est sans doute la commune française la plus médiatisée cet été. Deux semaines après que le mégafeux qui a consumé 14 000 hectares ait été maîtrisé par les pompiers une reprise a eu lieu sur le secteur de Landiras brûlant déjà 6800 hectares. De ce fait avions et hélicoptères bombardiers d’eau sont en première ligne pour apporter eau et retardant aux équipes au sol et tenter de sauver ce qui peut encore l’être de la riche nature girondine et landaise. Les femmes et les hommes de la Sécurité Civile mais aussi des SDIS ne comptent, une fois encore, pas leurs heures dans cette lutte acharnée.

Troupes aux sols, opérations aériennes, renforts internationaux, ne nous y trompons pas il ne s’agit pas que d’une rhétorique guerrière mais bel et bien d’une réalité : c’est la guerre qui se joue à la limite des départements de la Gironde et des Landes. Une guerre sans mitrailleuse, sans artillerie, sans avion de combat mais avec des destructions et parfois des pertes humaines. Une guerre contre un ennemi qui ne connait ni la fatigue, ni la peur, ni le renoncement : le feu. Et face à lui il faut des femmes et des hommes qui ne lâchent rien.
Nous sommes un site d’aviation c’est donc sous cet angle que nous abordons l’incendie de Landiras, devrais je dire le deuxième incendie de Landiras.

En effet rappelons nous que le premier a eu lieu entre le jeudi 14 juillet et le lundi 25 juillet. Même si cette terminologie n’a rien d’officielle il fut considéré unanimement comme un mégafeu à la fois par son ampleur et sa puissance destructrice mais aussi par sa durée. Quatorze milles hectares partis en fumée c’est dramatiquement historique !
Et à cette occasion jusqu’à dix Bombardier CL-415 français et étrangers ont été sur zone, appuyés par les désormais célèbres Bombardier Dash 8 et leur charge de retardant. Des hélicoptères bombardiers d’eau Eurocopter AS.350B Écureuil/AS.355 Écureuil 2 et EC225 Super Puma dotés chacun de Bambi buckets les avaient assistés.
Une fois le feu fixé chacun espérait en avoir fini avec la zone.

Malheureusement ce mardi 9 août 2022 le feu de Landiras est reparti après presque quinze jours sans avoir fait parler de lui. Et ce qui n’avait pas brûlé pouvait désormais l’être. Bonne nouvelle, si on peut dire, pour les équipes au sol : désormais les pilotes de la Sécurité Civile et des sociétés sous contrats SDIS connaissent parfaitement la région et la réalité de ses sols et végétations. Ils savent donc comment frapper les flammes et gérer les vents très particuliers dans la région. Pour les pilotes de CL-415 c’est donc bis repetita concernant les aéro-écopages, la seule manière pour eux de recharger en eau durant les opérations aériennes. Les lacs de Cazaux et de Parentis ainsi que le bassin d’Arcachon peuvent leur éviter d’avoir à aller la chercher directement dans l’océan. Les pélicandromes de la région permettent eux un rechargement rapide en retardant dans les réservoirs des Dash 8. Les norias peuvent ainsi avoir lieu du levée au couchée du soleil.
Rappelons que pour des raisons de sécurité les bombardiers d’eau ne volent pas la nuit.

Ce mercredi 10 août 2022 devant l’ampleur du sinistre une aide européenne a été demandée. D’ores et déjà la Suède a annoncé le déploiement de deux avions bombardiers d’eau, sans doute des Air Tractor AT-802 dotés de flotteurs et d’atterrisseurs. L’Italie de son côté devrait envoyer deux Bombardier CL-415 tandis que l’Espagne et la Grèce étudient actuellement les possibilités de venue en France, eut égard aux incendies qui ravagent également leur territoire. Ce dernier pays avait déjà déployé ses CL-415 le mois dernier dans l’Hexagone.
Selon nos sources ce sont actuellement neuf avions bombardiers d’eau et cinq hélicoptères, tous français, qui sont à pied d’œuvre sur l’incendie de Landiras.

La Gironde et les Landes ne sont pas les seuls départements à aujourd’hui voir leur nature mise en danger par le feu. L’Ardèche, l’Aveyron, les Bouches-du-Rhône, la Lozère, le Maine-et-Loire, ou encore le Var subissent les assauts des flammes. Pratiquement tout le territoire national est en alerte, Grand Est, Hauts-de-France, et Île-de-France compris.
Cet article est dédié au courage et au professionnalisme sans failles des femmes et des hommes qui luttent contre les flammes et protègent notre environnement.

Photos © Direction de la Sécurité Civile et de la Gestion de Crises.


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Arnaud
Passionné d'aviation tant civile que militaire depuis ma plus tendre enfance, j'essaye sans arrêt de me confronter à de nouveaux défis afin d'accroitre mes connaissances dans ce domaine. Grand amateur de coups de gueules, de bonnes bouffes, et de soirées entre amis.
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Commentaires

9 Responses

  1. Bravo pour cet article. OUI il faut les encourager et leur dire MERCI pour le travail qu’ils accomplissent en ce moment. Ce qu’il y a d’étonnant c’est le nombre de départ de feu dans nos bois et sous bois. Nous avons collectivement une nécessité de se remettre en cause et de mener les actions préventives nécessaires pour éviter le risque d’incendie. Pour les landes, il faut quadriller de grande et large zone sans arbres et sans végétation qui pourrait brûler à la moindre étincelle. Il faut également nettoyer les sous bois partout en France parce que maintenant un feu peu prendre n’importe où.
    Il nous faudra rajouter des moyens humains et matériels mais également d’avoir une réflexion collective et que toute la population se sent concernée.

  2. Actuellement en Isère, je viens de voir passer une noria de 4 canadairs se diriger vers le nord. Sans doute allaient-ils dans le Jura depuis Nîmes où plusieurs feux sévissent en ce moment.

  3. Il y a déjà de nombreux pare feux qui existent. Ils font 60m de large soit la longueur de 2 pins couchés. Ils ont été mis en place dans les années 50 après les incendies monstre des années 40 et 50.
    Et puis la forêt landaise n’a rien de naturelle. C’est une monoculture de pin maritime totalement artificielle plantés en ligne qui font tous la même taille destinés à être coupé en coupe rase dès qu’ils atteignent les 30 à 40 ans soit 30 mètres de hauteur. C’est une pépinière géante quadrillé en milliers de parcelles. Une forêt à but commerciale au chiffre d’affaires de 10 milliards d’euros annuel. Si vous voulez visitez la forêt pour contempler la nature il y a beaucoup mieux.

  4. Bonjour les amis passionnés, juste un complément les Pélicans écope souvent aussi sur la Garonne.
    Encore félicitations pour cet article
    Cordialement
    Christian

  5. J’avais cru comprendre que des tests de conversion temporaire d’A400M en avion bombardier d’eau avaient été positifs. Même si, naturellement, pas question d’aller écoper. Pas de nouvelle sur un éventuel usage de l’A400 dans le Sud-Ouest.

    1. En effet jyv58 de tels tests ont été réalisés. Mais pour autant il ne s’agit que d’essais en vols. Avant qu’un A400M Atlas soit apte à le faire il faudra attendre sans doute au moins deux ou trois ans, c’est le temps nécessaire pour obtenir toutes les autorisations administratives pour cela.
      En France on ne badine pas avec les normes et les règles.

        1. Mais de rien jyv58. Un nouvel article sur un sujet très similaire vient juste d’être publié.

  6. Typiquement un boulot de drones.
    Une IA piloterait plus efficacement dans les turbulences et pas gênée par la nuit.
    l’Europe doit être autonome pour ses bombardiers d’eau… Un projet Belge mais pas autonome, et aucune information sur sa capacité la nuit.

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