Le mois de juillet se termine dans quelques jours et déjà les aéronefs et personnels de la Sécurité Civile ont été mis à rude épreuve. Bien sûr la détermination des pilotes et des personnels au sol n’est en rien diminué pourtant cette saison 2022 s’annonce d’ores et déjà comme historique par son intensité. Rien que dans le département de la Gironde les CL-415 et les Dash 8 sont intervenus pour affronter deux grands feux d’espace naturel qui à eux seuls ont brûlé près de 21000 hectares d’environnement. Pourtant les besoins en avions bombardiers d’eau sont désormais bien réels partout ailleurs dans le pays, y compris en Bretagne et en Île-de-France.
Si au début de ce 21e siècle on avait dit qu’un avion bombardier d’eau serait déployé durant plusieurs jours pour combattre un violent double incendie sur les Monts d’Arrée cela aurait sans doute fait rire bon nombre de gens. Aujourd’hui plus personne n’a même envie de sourire, les pilotes de Dash 8 ayant engagés plusieurs frappes de liquide retardant dans cette partie de l’ouest breton. Entre le lundi 18 et le lundi 25 juillet 2022 c’est 1771 hectares de landes et de broussailles qui ont été ravagés par les flammes. Les sapeurs-pompiers bretons ont donc très vite repris pour eux les mécanismes et réflexes de leurs collègues méridionaux quand il s’agit d’opérer aux côtés des ABE. Résultat aucun incident entre les opérations aériennes et terrestres.
D’ailleurs un pélicandrome est aujourd’hui actif dans la région, à Vannes.
Les FEN, les feux d’espace naturel, tels qu’on les appelle officiellement désormais pour sortir de la rhétorique trop limitée de feux de forêts, sont donc omniprésents partout en France. Mais pourquoi en cette année 2022 le mois de juillet concentre t-il plus de dégâts que chaque été des années précédentes ? La raison est simple : le réchauffement climatique et les épisodes caniculaires qu’il engendre avec des fréquences de plus en plus rapprochées se fait de plus en plus fortement ressentir d’année en année. De l’avis général des météorologues juillet 2022 devrait être le mois le plus chaud que notre pays ait connu depuis que des relevés météos ont lieu.
Forcément les femmes et les hommes qui au sol ou dans les airs luttent contre ces incendies souffrent. Affronter le brasier quand la température extérieure sous abri dépasse régulièrement les 35°C voire atteint les 40°C devient alors une mission herculéenne. Et pourtant personne ne baisse les bras. Car toutes et tous savent qu’ils ne sont pas seuls, que dans les airs les norias de CL-415 arrivent avec les réservoirs pleins d’eau et que les Dash 8 peuvent eux cracher cette boue rougeâtre qu’est le liquide retardant.
Un peu plus haut dans le ciel le Super King Air 200 assure le commandement aéroporté des opérations relayant les informations au commandant des opérations de secours et même au COGIC. Ce dernier est le Centre Opérationnel de Gestion Interministérielle des
Crises situé directement à Paris.
Les Bouches-du-Rhône, le Finistère, la Gironde, le Gard, mais aussi la Seine-et-Marne et les Yvelines sont autant d’endroits où désormais les FEN détruisent notre environnement. Alors bien sûr les équipages de CL-415 et de Dash 8 répondent immédiatement présents avec un professionnalisme et une abnégation qui force au respect. Mais on ne peut s’empêcher de se demander s’ils ont bien toutes les cartes en main.
On nous dit depuis quelques semaines que la France fait partie des clients du futur DHC-515 Firefighter venu lui aussi du Canada. Pourtant tout reste très flou sur la question et même sur le nombre réel d’appareils qui seraient en commande. Il apparait également que désormais Airbus DS travaille sur un programme d’adaptation d’un kit anti-incendie pour A400M rappelant fortement le MAFFS en service aux États-Unis. Tout cela semble aller dans le bon sens. Sauf que nous sommes en France, un des pays les plus procéduriers du monde dans lequel l’administration a toujours quelque chose à reprocher à n’importe quoi. Résultat de tels avions ou de tels équipements ne seront pas disponibles avant plusieurs années, tant que la DGA et que l’aviation civile n’auront pas rendu leur feu vert. Et encore c’est sans compter d’éventuels recours juridiques d’associations ou de groupes de pressions qui pourraient voir ces systèmes d’un mauvais œil. Sauf que pendant ce temps nos pompiers volants évoluent sur des CL-415 qui vieillissent à grande vitesse et que les Dash 8 s’usent eux aussi plus vite que l’on ne l’avait sans doute initialement prévu.
Car c’est bien là le vrai problème : le réchauffement climatique est connu de toutes et tous depuis une bonne vingtaine d’années mais l’administration française peine toujours à le prendre en compte. Des vies sont en jeu, il serait sans doute temps de se bouger !
Une solution temporaire existe mais elle n’a que peu de chances d’aboutir dans notre France toujours aussi jacobine : la location aux États-Unis de moyens réellement lourds. On peut penser aux 737 Fireliner de Coulson ou à d’autres ABE auprès d’autres contractors. Et ne pas se reposer sur les ABEL, les avions bombardiers d’eau légers, loués généralement par des collectivités locales, en l’objet les conseils départementaux et/ou régionaux.
Photos © ministère de l’intérieur.
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4 Responses
Je pense que que l’A400M peut être une force de complément pour les mega feux qui commencent à se généraliser. Je le vois plus utiliser sur des zones assez plates bien que j’ai vu des photos impressionnantes de virage très serré dans des démonstrations. Beaucoup de pilotes de Nîmes sont des anciens pilotes de l’AAE, je pense qu’un duo pilote de A400M avec 1 second pilote de Canadair ou de Dash pourrait faire l’affaire. Mais bon soyons patient, ce ne sont que les 1ers essais.
En tous les cas c’est à suivre.
Et chapeau bas à tout le personnel qui oeuvre pour éteindre ces feux.
Le combo gagnant en hydravions: AT 802 Fire Boss, Viking CL 515 et ShinMaywa US-2 Fire fighter. Si l’Europe se dote d’une flotte conséquente. Alors tout va mieux (à défaut de bien). Ne pas sous-estimer aussi le Dornier Seastar qui a un potentiel certain pour la surveillance et l’attaque d’opportunités. Sinon le Dash 8 converti certes, mais quelques A320 C2F d’occase modifiés en bombardier de retardant/transports logistiques (y a pleins d’Airbus A318 en mal d’utilisateurs), des kit MAFFS pour retardant pour les C130, A400M et autre C235/295 ne seraient pas du luxe non plus. Et aussi – et surtout – pleins d’hélicoptères civils et militaires à bambi bucket (une réserve civile et technique réfléchir), et aussi l’achat à NEUF d’Erikson CH54 Skycrane avec les différents kits (comme l’Italie à une époque). Après on pourra gérer les incendies de façon plus pertinente à l’échelle européenne! L’Europe a eu des sous pour pas mal de sujets disons contestables, donc pour celui-ci , au moins, tout le monde serait d’accord.
Le problème avec l’A 400, ce n’est pas le kit qui pourrait être validé » experimental » rapidement. C’est le nombre et la disponibilité des avions.
De toutes manières il ne faut pas se leurrer si le kit est un jour autorisé par la DGA il n’y aura jamais plus de deux ou trois A400M Atlas employés comme ABE par l’Armée de l’Air et de l’Espace. La disponibilité globale de ces formidables avions ne s’en verra donc pas trop impactée.