Gourdou-Leseurre GL.81

L’entre-deux-guerres fut l’âge d’or des hydravions embarqués, tant civils que militaires. Ces aéronefs pouvaient ainsi disposer d’une base flottante sous la forme de leur navire d’accompagnement. Celui-ci avait la charge de les transporter, de les catapulter, et ensuite de les récupérer à la mer, moyennant le recours à une grue embarquée. En France la Marine Nationale fit un usage intensif de ces binômes dès le milieu des années 1920 et ce jusqu’au déclenchement de la Seconde Guerre mondiale. Des hydravions furent conçus spécifiquement pour ce rôle embarqué à l’image de la famille de robustes monoplans à ailes basses Gourdou-Leseurre GL.81.

C’est en 1926 que la Marine Nationale chercha à se doter d’un hydravion d’observation destiné à servir sur les croiseurs légers de classe Duguay-Trouin. À la même époque elle développait le croiseur patrouilleur de classe unique Émile Bertin qui pouvait également recevoir un tel aéronef. Un appel d’offres fut lancé et quatre avionneurs y répondirent.
Besson présenta de nouveau son MB.26 déjà refusé un an plus tôt sur un autre programme. La CAMS, Gourdou-Leseurre, et Romano de leurs côtés avançaient des hydravions totalement nouveau. Et très vite la compétition s’orienta sur un duel entre le CAMS 80 à coque et le Gourdou-Leseurre GL.81 à flotteurs, connu comme L-2 expérimental auprès des militaires français.
Finalement c’est ce dernier qui fut sélectionné le CAMS 80 étant jugé trop imposant. En contrepartie celui-ci fut commandé à deux exemplaires pour des missions de liaisons et de soutien d’état-major.

Après ce prototype L-2 six hydravions de présérie Gourdou-Leseurre L-3 furent commandés. Les essais en vol débutèrent début 1928 et démontrèrent que ces machines représentaient un bond en avant pour la Marine Nationale.
Finalement elle passa commande pour une première série de GL.81 sous la désignation GL.810 HY à hauteur de vingt-quatre exemplaires. Ils étaient armés de deux mitrailleuses Darne de calibre 7.5 millimètres, l’une synchronisée tirant en position de chasse et l’autre montée sur affût mobile annulaire arrière. Une charge de bombes de cent kilogrammes était installée sous voilure. Ils entrèrent en service à l’été 1929 au sein de l’Escadrille 7S2 fondée spécialement pour les mettre en œuvre depuis la Base Aéronavale de Saint Mandrier, dans le Var. Un an et demi plus tard ils furent suivis de vingt GL.811 HY disposant d’une voilure repliable.

À l’usage pourtant les Gourdou-Leseurre GL.810 HY et GL.811 HY se révélèrent inadaptés aux croiseurs légers, pour une raison purement technique. Ces hydravions avaient une masse à pleine charge de 2456 kilogrammes alors même que les croiseurs légers avaient été doté d’une catapulte autorisant le lancement d’un hydravion pesant maximum 1600 kilogrammes. Ils étaient donc trop lourds. Il fallut attendre le début de l’année 1936 et l’entrée en service des navires de classe La Galissonnière pour que des croiseurs légers français puissent les mettre en œuvre. En attendant ces hydravions firent merveilles dans la reconnaissance aéroportée depuis les cuirassés Dunkerque et Strasbourg.
En parallèle la Marine Nationale se dota de deux autres sous versions de l’hydravion.

En effet des Gourdou-Leseurre GL.812 HY doté d’un empennage redessiné et d’un armement revu et renforcé furent construits à hauteur de vingt-neuf exemplaires. Dans le même temps treize GL.813 désarmés d’entraînement et de liaisons furent construits.
Outre les navires de guerre déjà mentionnés les hydravions de la famille GL.81 servirent à bord du navire porte-hydravions Commandant Teste.
À l’été 1938 la généralisation des Gourdou-Leseurre GL.832 également à flotteurs et des Loire 130 à coque poussèrent les GL.81 vers la terre ferme. Désormais ces hydravions allaient appartenir à l’Escadrille 3S3 sise sur l’étang de Berre près de Marseille. Dans le même temps deux GL.812 HY durent affectés à l’Escadrille 8S2 de Fort-de-France. Ces deux derniers étaient chargés de protéger les intérêts français dans l’arc caribéen.

Quand la Seconde Guerre mondiale éclata seuls les Gourdou-Leseurre GL.811 HY et GL.812 HY étaient encore disponibles en première ligne tandis que huit GL.813 HY assuraient les missions de formation intermédiaire et avancée. Ils menèrent des missions de patrouille côtière au-dessus de la Méditerranée, vols qu’ils poursuivirent après l’Armistice pour le compte de Vichy jusqu’en 1942. Au moins deux furent d’ailleurs descendus par des chasseurs Hawker Hurricane de la RAF lors d’un accrochage à la mi-1941.
Les deux hydravions basés aux Antilles furent quant à eux retirés du service en septembre 1945, c’est à dire une fois la paix revenue. Ils furent remplacés par deux Grumman JRF Goose bien plus modernes.

Famille d’hydravions à la carrière chaotique le Gourdou-Leseurre GL.81 ne fut jamais exporté malgré des pistes en 1931 avec le Danemark et l’Estonie. Il demeure un des très rares modèles français à avoir participé à la Seconde Guerre mondiale de son début jusqu’à la fin, époque où il était totalement obsolète.
Aucun n’est parvenu jusqu’à nous.