Schweizer S-333

En ce premier quart de 21e siècle aux États-Unis les grands hélicoptéristes s’appellent Bell Helicopter, MD Helicopter, ou encore Sikorsky. À eux trois ils essayent de maintenir l’industrie américaine des voilures tournantes au niveau des mastodontes européens que sont AgustaWestland et Airbus Helicopters. Pourtant de plus petits constructeurs réussissent encore à se maintenir, tant bien que mal, à l’ombre de ceux-ci. On pense bien entendu à Robinson et à ses machines simples et robustes mais il ne faut pas rayer d’un trait de plume le constructeur texan Schweizer et son monoturbine léger S-333.

En 1986 la branche voilures tournantes de McDonnell-Douglas revendit à Schweizer les droits industriels et les équipements de production du monoturbine biplace Model 300. Celui-ci était en fait l’ancien Hughes 269 bien connu des élèves et instructeurs de l’US Army.
Dès lors l’appareil reçut la désignation de Schweizer S-300 et commença une nouvelle carrière commerciale.
L’entreprise américaine avait pourtant en tête d’en développer une version améliorée, dotée d’une motorisation plus puissante, d’une avionique nouvelle génération, et surtout d’une esthétique rajeunie. Le futur hélicoptère reçut la désignation de Schweizer S-330, conservant ainsi une filiation avec le S-300 d’origine dont la production se poursuivait en parallèle.

Les travaux d’ingénierie permirent l’assemblage entre le second semestre 1987 et le premier trimestre 1988 d’un prototype. Extérieurement le nouvel appareil ne pouvait pas nier ses origines, même si son aérodynamique avait été repensée. La turbine utilisée était une Allison Model 250-C10 de facture américaine d’une puissance de 220 chevaux. Comme le S-300 le nouveau S-330 demeurait biplace côte à côte et conservait le même rotor principal à trois pales. L’atterrisseur doté de deux patins fut quant à lui renforcé.
Le prototype de l’hélicoptère réalisa son premier vol le 14 juin 1988.

La certification de type de l’appareil prit un temps assez long pour une machine aussi rustique puisque le premier ne put entrer en fonction qu’en 1992. En fait la Federal Aviation Administration, l’aviation civile des États-Unis, hésita à valider les essais du Schweizer S-330 en raison d’une évolution de la cabine de l’appareil. Pensé comme un biplace côte à côte il pouvait désormais emporter une troisième personne installée sur un strapontin à l’arrière des deux membres.
L’année 1992 marqua finalement le début de la carrière commerciale de cette machine.

Pour autant il arrivait sur un marché international où les anciens Aérospatiale SE-313/SA-318 Alouette II et Bell 47 étaient encore particulièrement répandus. Pourtant c’est surtout la concurrence des tous nouveaux Enstrom 480 et Robinson R44 que craignaient les décideurs de Schweizer. En revanche ils comptaient sur les succès du Hughes 269 et de ses dérivés pour assurer le succès du S-330. C’est d’ailleurs comme héritier officiel que l’hélicoptère fut présenté dans le monde. Malheureusement pour lui cet hélicoptère ne vit pas ses ventes décoller aussi vite qu’espérer. Les utilisateurs potentiels lui reprochaient un léger manque de puissance moteur.
C’est la raison pour laquelle l’hélicoptériste proposa en 1996 une version dotée d’une turbine Allison Model 250-C20W de 235 chevaux. D’abord désigné S-330P (pour Power) il devint rapidement S-330SP (pour Special Police) car l’appareil attira d’un seul coup plusieurs forces de l’ordre américaines.

Les attaques terroristes du 11 septembre 2001 eurent pour effet immédiat un effondrement des ventes d’avions de tourisme et d’hélicoptères légers. Schweizer prit cette crise de plein fouet et fut durablement fragilisé. Moins de trois ans plus tard en août 2004 la société était rachetée par le géant Sikorsky qui comptait bien faire des S-300 et S-330 des machines bouche-trous dans sa gamme. L’aventure ne fut pas concluante et en 2012 le grand hélicoptériste décida d’en finir avec sa branche Schweizer. Le S-330 n’était plus !

Six ans après sa disparition le groupe Schweizer refit surface sous la forme d’une société strictement dédiée au développement et à la production des hélicoptères S-300 et S-330 et d’éventuelles évolutions. Avec ce second hélicoptère le constructeur vise avant tout les marchés civils et parapubliques, notamment celui de la surveillance urbaine.
Depuis sa renaissance l’appareil a changé de nom, il est désormais appelé Schweizer S-333.

Appareil pratiquement uniquement civil et parapublique le Schweizer S-330/S-333 a pourtant été vendu à titre militaire à deux pays : l’Arabie-Saoudite et la République Dominicaine. Il y est employé pour les liaisons, la surveillance, et l’entraînement basique et intermédiaire. Il a également servi de base à deux machines dérivées et conçues par des constructeurs autres que Schweizer : le Sikorsky S-434 à vocation civile et le drone embarqué Northrop Grumman MQ-8 Fire Scout. Grâce à ce dernier le S-330/S-333 vole un peu au sein de l’US Navy.