On est en 2022 donc pas de Salon du Bourget, ça c’est logique puisqu’ils n’ont lieu que les années impaires ! L’édition de l’an dernier avait été annulé dès la fin 2020 par le principe de précaution, et on ne pouvait qu’être en accord avec cela. Sauf que les éditions 2017 et 2019 ont démontré une tendance inquiétante : ses organisateurs n’ont que faire des visiteurs des journées grand public puisqu’ils autorisent des exposants à évacuer leurs aéronefs avant les dites journées. Rappelons que les journées grand public ne sont pas gratuites, et que les familles payent un prix assez élevé avec des billets d’une valeur moyenne tournant autour des 15 euros par personnes.
Qui est en tort et qui ne l’est pas dans cette histoire ? À priori dans ce genre de grand-messe le responsable numéro 1 c’est l’organisateur, donc dans le cas présent le GIFAS au travers de sa filiale baptisée SIAE, pour Salon International de l’Air et de l’Espace. Pour mémoire le Groupement des Industries Françaises Aéronautiques et Spatiales est une puissante fédération professionnelle regroupant tous les acteurs du domaine, avionneurs, motoristes, et équipementiers. Le poids économique et politique du GIFAS n’est plus à démontrer.
Pourtant plus les années passent et plus celui-ci paraît être, au moins aux yeux du public et des aérophiles, totalement incapable de jouer son rôle de régulateur. Certes il encaisse les droits d’entrée des familles et passionnés pour les journées des vendredi, samedi, et dimanche mais il est de plus en plus incapable de garantir que les machines présentes durant les journées professionnelles le seront aussi ces trois jours là.
Conscient du problème le GIFAS a depuis quelques années augmenter les invitations aux propriétaires d’avions de collections à venir faire des démonstrations durant les journées publiques du salon. Sauf que le Bourget n’est pas un rendez-vous de warbirds c’est une exposition de nouveautés ! Pour voir des coucous à moteurs à pistons il y a des meetings souvent bien plus accessibles et funs. Là où par contre on ne verra pas de machines récentes.
C’est en 2017 que la tendance a commencé à être forte. Douze avions aussi bien américains, brésiliens, canadiens, européens, que japonais ou russes avaient déserté les présentations publiques. Le plus intolérable dans l’affaire c’était le consortium européen ATR qui avait préféré laisser filer son bimoteur ATR-72-600.
Deux ans plus tard elle s’est confirmée, et même amplifié puisque le groupe Airbus avait évacué ses biréacteurs de ligne A220 et A321LR. Bombardier, Kawasaki, Leonardo, Lockheed-Martin, Mitsubishi, ou encore Pilatus l’ont imité. Pourquoi rester puisque visiblement le GIFAS laisse faire…
Qu’ils semblent lointain les grands salons du Bourget, les éditions 1971, 1985, 1991, ou même la pas si lointaine de 2011 ? Une autre époque.
Alors certes tout n’est pas à jeter quelques constructeurs jouent encore le jeu avec en tête Daher-Socata et Dassault Aviation. Mais pour combien de temps encore ? Le ministère des Armées également conserve son stand et la présentation de ses machines tout comme l’US Department of Defense. Dingue tout de même que les militaires américains soient plus respectueux des aérophiles français et européens que des constructeurs européens.
Au final donc j’ose le dire : à mon avis les journées grands publics du Salon du Bourget n’ont plus aucun intérêt ! Si ce n’est celui d’enrichir un peu plus les caisses de l’aéronautique et de l’espace français. Le GIFAS n’est à priori pas un mauvais bougre, il semble simplement dépassé et plus à même de gérer correctement la partie publique du salon.
À moins qu’il ne s’agisse là d’une tactique commerciale visant à dégoûter les passionnés du Salon et à les faire fuir afin à terme de supprimer les journées ouvertes à toutes et tous. Ce serait tout de même alors sacrément machiavélique.
D’ici un peu plus d’un an nous saurons ce qu’il en est réellement, avec le Salon du Bourget 2023. Bien sûr nous vous tiendrons au courant.
Photos © Wikimédia Commons.
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12 Responses
Je garde un très bon souvenir de l’édition 2015 où j’ai pu discuter notamment avec un pilote d’apache très sympa. Il était resté à côté de son appareil pour discuter avec les gens. Ou les officiers de la marine qui avaient pris le temps de discuter de leur travail et même de leurs problèmes de financement.
Je ne comprends pas que les constructeurs ne cherchent pas à cultiver ce côté grand public, important pour l’image de marque à long terme.
C’est dans la culture militaire US de bien « recevoir » le public dans ce type de manifestation.
J’avais eu droit à une visite complète d’un C-130 par son pilote (pas le commandant)
Je suis tout a fait d accord
Le salon durait 2 semaines dont les week-ends ouverts au public.
Et c était a chaque fois un régal pour chacun d entre nous pour les passionnés ou non.
Pour ma part, je n y vais depuis 2007.
Car plus le temps passe plus la durée est courte (du sans doute au tarif du salon)
Et en 2007, ca commencait deja la fuite des appareils avant les journées publics puisque j ai eu l occasion de faire en professionnel et public.
Pour terminer, je remercie Arnaud pour ces superbes articles qui sont un plaisir a lire.
D’accord avec vous Arnaud, on voit de moins en moins de nouveautés
Ah le temps des Rafale A vs EAP, 1ères du 7X, de l’A-380, des visites des B1B, SR-71, F-117, en plus c’était sur 2 semaines complètes
D’une manière générale tous les salons, aériens, véhicules terrestres, nautisme, manutention, deviennent de plus en plus chers, à la fois pour les exposants que pour le grand public, seuls les pros et leurs invités, les possesseurs de carte presse accrédités, peuvent encore se permettre ce genre de visite, c’est bien malheureux, mais force est de constater que c’est le cas. la réduction de durée rentre aussi en compte ( cela permet de réduire les frais d’hébergement de tout ce petit monde ) la demande vient aussi peut-être des exposants…, après tout le grand public ne fait pas partie de leur potentielle clientelle.
Les années 2000 pour situer le « déclin » . Oh, que non. Ceux, comme moi, qui ont connu Le Bourget dans les années cinquante/soixante/soixante dix , ont connu l’âge d’or de cette manifestation: toutes les nouveautés (sauf celles « classifiées »), les patrouilles , la visite des appareils, des « doc » très pointues sur les stands, etc. Puis les nouveautés US et Russes ont disparues, les patrouilles acrobatiques ensuite (certes suite à des accidents ) , le salon est devenu très professionnel dès les années quatre vingt/quatre vingt dix. Il peut certes rester intéressant pour un néophyte , mais pour un passionné d’aviation, un « spotter », il ne présente quasiment plus aucun attrait.
Mais c’est un problème plus large.. La France, bien qu’un grand pays aéronautique, ne met pas en valeur son aviation , à quelques exceptions près ( La Ferté). Ah, si nous avions la même forme de passion que les Anglais ! C’est très dommage…
Voilà Arnaud,
Continuez à faire des bonnes bouffes et dés coup de gueule, autrement dit pas grand chose que de taper avec deux doigts sur un clavier comme tous les commentateurs du net…
En attendant il vous faudra payer votre prochaine entrée au salon qui va sans doute avoir du mal à accréditer un petit blogueur aigri?
Bonjour Toto,
Tout d’abord merci de perdre votre temps à nous critiquer, c’est réconfortant de savoir que les trolls comme vous sont toujours aussi présents. Quand à l’aigreur je ne sais pas si elle est de mon côté, une chose est sûre et certaine elle est dans vos mots ainsi que la faiblesse intellectuelle.
Et pour info je n’ai jamais attendu après le SIAE pour obtenir une accréditation à un salon où je n’ai aucune envie de mettre les pieds.
Cordialement, de la part du petit blogueur aigri.
Merci en tous cas Toto pour ce bon fou rire de soirée.
Ahah elle est bien bonne celle là!
Vous reconnaissez commenter un événement ou vous ne mettez pas les pieds? C’est bien ça ? Chacun reconnaîtra là votre grand professionnalisme de commentateur.
Là c’est nous qui sommes tordus de rire LOL
« Nous » ? Lapsus révélateur sur qui se cache réellement derrière le pseudo du troll Toto.
Article tres juste .
J ai cessé de frequenter ce salon , car de nombreux stands sont tout simplement fermés au public , ce qui n etait pas le cas dans le passé .
Bonjour,
Mon dernier salon remonte à 1961, j’étais adolescent.
J’ai pu admiré plein d’avions de chasse, bombardiers, hélicos de cette époque.
Cette fois là un B58 Hustler avait battu le record de vitesse New York Paris.
Un système d’échafaudage permettait de surplomber les 3 postes d’équipage, il y avait du monde qui faisait la queue..
Extraordinaire !
Malheureusement cet avion s’est écrasé le lendemain lors d’une démonstration: 3 morts.