Le 1er janvier 2014 l’industriel franco-allemand Eurocopter a changé de raison sociale et est devenu Airbus Helicopters. Il prenait ainsi une dimension plus internationale encore, européenne en réalité. De cette modification dans le nom de l’entreprise a découlé une nouvelle nomenclature dans les désignations des hélicoptères. Par exemple l’Eurocopter AS.350B Écureuil devenait H125 tandis que l’EC-725 Caracal était désormais appelé H225M. Un imbroglio qui n’avait pas fini d’embrouiller béotiens, journalistes, et passionnés. Pour autant trois machines ne se virent pas traitées de la même manière : les Eurocopter AS.565 Panther, Eurocopter EC-665 Tigre, et Eurocopter AS.365N3 Dauphin 2. Ce dernier devint l’Airbus Hélicopters Dauphin N3 et sa version améliorée Dauphin N3+ ajoutant encore un peu plus de confusion.
Les origines de cette machine remontent au milieu des années 1990 quand Eurocopter se rendit compte que son biturbine AS.365N Dauphin 2 avait du mal à se relancer sur le marché post-effondrement de l’URSS. Malgré une image de marque et un design très moderne il ne séduisait plus autant qu’avant.
Si les designers ne retouchèrent nullement l’appareil il en fut différemment des ingénieurs. En premier ils décidèrent d’en finir avec les turbines Turboméca Arriel 1C1 et Arriel 1C2, de respectivement 705 et 736 chevaux, qui motorisaient jusque là les AS.365N Dauphin 2. Leur choix se porta sur une version plus puissante mais aussi réputée plus sûre et surtout moins bruyante : l’Arriel 2C de 852 chevaux. De même le rotor anti-couple Fenestron à onze pales de l’AS.365N fut remplacé par un modèle plus souple à dix pales. Mais surtout désormais le Dauphin 2 allait disposer d’un système intelligent FADEC permettant un contrôle électronique complet de la motorisation depuis le poste de pilotage. Le Dauphin 2 entrait dans l’ère numérique. Eurocopter comptait aussi avec sa nouvelle version abattre les murs qui séparaient les marchés militaires des marchés parapubliques et civils. Tout le monde aurait droit au même hélicoptère : le nouvel AS.365N3 Dauphin 2.
Lorsqu’il réalisa son premier vol le 28 octobre 1996 l’Eurocopter AS.365N3 Dauphin 2 révolutionna son petit monde. Désormais l’hélicoptériste franco-allemand présentait son biturbine comme une machine non plus exclusivement dédiés aux marchés d’affaires et aux vols maritimes mais également à ce que les anglophones appellent le «Hot & High». C’est à dire que l’AS.365N3 pouvait opérer aussi bien en environnement chaud et sec qu’en milieu montagneux. Eurocopter comptait bien ainsi gagner de nouveaux marchés.
Les premiers exemplaires de série sortirent d’usine en décembre 1999.
Dans un premier temps ce sont les clients civils et parapubliques qui achetèrent cette machine. Il faut dire que l’Eurocopter AS.365N3 Dauphin 2 était globalement dix pourcents plus onéreux que son principal concurrent : le Sikorsky S-76 Spirit américain. L’appareil d’origine française affrontait également un étonnant concurrent, auquel visiblement Allemands et Français n’avaient pas envisagé : l’Eurocopter EC-145 apparu quelques mois après lui et qui jouissait d’une image de marque remarquable auprès des services publiques et des forces de l’ordre.
En 2009 alors que l’hélicoptère se vendait encore très correctement sur le marché haut de gamme Eurocopter eut l’idée de lui donner un petit frère : l’AS.365N3+ Dauphin 2. Par rapport à son prédécesseur celui ci intégrait des éléments issu de l’Eurocopter EC-155, considéré alors comme le plus évolué des Dauphin. Il offrit à ce petit nouveau son avionique et notamment son pilote automatique ou encore son équipement de communication.
Le premier client militaire de l’AS.365N3+ fut la Marine Nationale qui affecta ses deux exemplaires commandés en Polynésie Française pour des missions de service publique. Évacuation sanitaire, recherches et sauvetages en mer, soutiens opérationnels, ou encore liaisons ces hélicoptères ont été acquis pour tout cela dans une région du globe où les distances se comptent en centaines de kilomètres. L’aéronavale français disposait d’ailleurs alors déjà d’un AS.365N3 employé en métropole pour des missions similaires.
Quand donc en 2014 Eurocopter devint Airbus Helicopters l’AS.365N3 et l’AS.365N3+ Dauphin 2 devinrent respectivement Dauphin N3 et Dauphin N3+. Une simplification qui permettait de mieux appréhender ces deux machines. De son côté l’EC155 eut la chance d’intégrer la nomenclature Airbus sous la désignation H155.
Et à peine huit ans après ce changement de nom le couperet tomba : le 21 janvier 2022 l’hélicoptériste européen annonça la livraison de l’ultime appareil de la famille, un Dauphin N3. Ce sont les Aduanas, les douanes espagnoles, qui recevaient cette machine. Elle reçut le serial officiel EC-034.
Outre l’Espagne et les France des Dauphin N3/N3+ ont volé ou volent encore depuis 2000 sous les cocardes argentines, bangladaises, britanniques, émiraties, grecques, lituaniennes, et taïwanaises.
Le cas des hélicoptères britanniques est particulier. Dépendant de l’Army Air Corps les cinq exemplaires acquis servent aux profits des forces spéciales du SAS dans une étonnante et très élégante livrée à dominante bleue marine et blanche. Seuls un serial commençant pour chacun par ZJ suivi de trois chiffres rappelle qu’il s’agit de machines militaires. Livrés en 2008 au standard AS.365N3 ils ont été portés en 2017 au standard Dauphin N3+ par le constructeur.
À l’automne 2021 la Marine Nationale a commencé à réceptionner les premiers des douze Dauphin N3 loués aux sociétés privées DCI et Héli-Union. Ils ont pour rôle premier le remplacement des plus vieux des monoturbines Aérospatiale SA.316B Alouette III.
L’année 2022 aura donc vu disparaitre le nom de Dauphin du catalogue Airbus Industrie, un patronyme qui remonte à 1974 et à l’Aérospatiale SA.360 Dauphin monoturbine français. Le Dauphin N3/N3+ fut durant plus de vingt ans l’un des appareils les plus modernes de sa catégorie. Sur le marché de la défense il va bientôt être remplacé par l’Airbus H160M alias Guépard pour les militaires français.
Et les EC665 Tigre et AS.565 Panther dans tout ça ? Eux sont devenus en 2014 des Airbus Helicopters Tiger et des Airbus Helicopters AS.565MBe Panther. Pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué ?
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