La situation est prise très au sérieux sur l’aéroport francilien, au point que la Gendarmerie Nationale se soit saisie de l’affaire. Depuis quelques semaines les bagagistes de Paris-Orly ne cachent plus leur mécontentement, voire franchement leur colère contre les bagages transportant de la viande de brousse. Venant d’Afrique sub-saharienne certains passagers n’hésitent pas à charger leurs valises de denrées alimentaires particulièrement malodorantes. Une pratique par ailleurs interdite car ne respectant aucune norme sanitaire sur l’importation de vivres.
Rappelons que les bagagistes assurent actuellement une des tâches les plus ingrates du transport aérien, pour un salaire souvent assez faible. Par tous les temps, qu’ils pleuve ou neige ou que le soleil tape ils sont sur les tarmacs à charger et décharger les valises depuis les soutes des avions de ligne. Qu’ils fasse -10°C ou +30°C ils assurent leurs missions essentielles à la bonne fonction d’un aéroport. Sans eux point de passager à bord puisque pas de bagage. C’est dire s’il faut veiller à leur bonne santé.
Et depuis quelques semaines maintenant celle-ci est mise en péril par la recrudescence de valises et bagages en tous genres suintant et dégoulinant de «jus» issus de la chair de poissons et reptiles ou de viandes importées illégalement. On les appelle viande de brousse et sont issues de chasses traditionnelles ou de braconnage en Afrique sub-saharienne. Outre le fait que ces bagages sentent très mauvais elles suintent donc de produits qui peuvent potentiellement être vecteurs de maladies graves voire mortelles. Ça pue et ça risque donc de tuer les bagagistes.
La viande de brousse est régulièrement pointée du doigt par l’Organisation Mondiale de la Santé en raison de sa propension à véhiculer des pathologies aussi diverses qu’Ébola, la fièvre de Lassa, l’hantavirus, le pian, ou encore la rubéole. Toutes ne sont pas mortelles mais tous sont très douloureuses et potentiellement incapacitante.
Il est évident depuis longtemps que l’aviation civile commerciale est vecteur de propagation virale. Toutes les expertises vont dans ce sens depuis des années. Mais ici il s’agit avant tout de mauvais gestes humains, de gens qui ne se soucient pas ou méconnaissent les règles sanitaires élémentaires. Dans un sac de voyage, une malle, ou une valise il n’y a évidemment aucune chaîne du froid à respecter. Elle n’existe pas. Les denrées subissent donc chocs thermiques sur chocs thermiques entre le climat africain, les soutes de l’avion de ligne, puis le climat francilien.
Devant cet danger pour eux même et donc leurs entourages respectifs on comprend mieux pourquoi les bagagistes d’Orly ont décidé ce jeudi 9 décembre 2021 de faire valoir leur droit de retrait.
Les services de l’État sont conscient de la situation puisque la Gendarmerie Nationale a été saisie de l’affaire via son OCLAESP, l’Office Central de Lutte contre les Atteintes à l’Environnement et à la Santé Publique. Leurs investigations permettront peut-être d’en finir avec ces pratiques très dangereuses. La prévention par la pédagogie doit aussi être de mise, en parallèle de la répression.
Photo © Wikimédia Commons.
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4 Responses
J’espère que les bagages sont confisqués et avec une amende à la clé. En Australie les douanes ne rigolent pas avec ça, pays insulaire et avec une faune et flore endémique fragile, interdiction formelle d’importer nourriture, plantes, ou graines même sur un simple collier ou bracelet si pour ces derniers elles n’ont pas été stérilisés. Quand ils sont saisies c’est stérilisation à la lampe UV puis destruction sans oublier l’amende pour les voyageurs qui peut atteindre plusieurs milliers de dollars australiens.
Bonjour,
Il est clairement inacceptable de laisser voyager ce type de denrées de manière incontrôlée.
Cependant, il est n’est pas tellement plus acceptable de pénaliser une population (les voyageurs) pour la faute de certains individus. Le problème est à régler par les douanes et les services vétérinaires. C’est à eux que les bagagistes doivent s’en prendre.
Je n’ai pas beaucoup de tendresse pour l’acheminement des bagages.
Alors que les transports aériens « soignent » au mieux les passagers. Si, si même le « low cost » ! Les bagages sont littéralement détruits par le transport. Ils arrivent toujours « à l’envers », sont éraflés et accrochés de partout. Je transporte en permanence du matériel professionnel rangé au mieux, il arrive toujours « en vrac » dans la valise.
Il serait largement temps de faire progresser cette partie « obscure » du transport aérien !
Une astuce pour éviter les vols de bagages ?
Ah purée ! D’ici je peux sentir les odeurs.