L’histoire de l’aviation de combat en France est faite de constructeurs actuels et passés. Certains sont entrés dans la légende, devenant des patronymes connus au-delà même du microcosme aéronautique. Aujourd’hui par exemple la plus part des Français connait les Dassault Mirage F1 et Mirage 2000. Sur les appareils plus anciens comme par exemple le Dassault Ouragan ou le Sud-Ouest SO.4050 Vautour c’est déjà plus compliqué. Et encore ne parlons pas des chasseurs français de la Seconde Guerre mondiale tel le Dewoitine D.520 totalement éclipsé auprès du grand public par ses contemporains allemands, américains, ou britanniques. La palme de la perte de mémoire revient, assez logiquement à la Première Guerre mondiale. Il faut dire que c’est loin : plus d’un siècle ! Qui aujourd’hui, en dehors des aérophiles et des historiens, connait encore les noms de Nieuport ou de SPAD ? Pas grand monde. Pourtant ils eurent eux aussi leur heure de gloire. Et Nieuport d’ailleurs produisit quelques-uns des plus marquants chasseurs de cette période à l’image du petit biplan Nie.16 désormais passablement oublié.
C’est au cours de l’hiver 1915-1916 que l’avionneur Nieuport chercha à capitaliser sur le succès de son chasseur léger Nieuport XI autour d’un nouvel appareil. En fait le futur avion reprenait les grandes lignes de celui-ci mais avec une voilure modifiée tout en conservant la même envergure et l’abandon du moteur rotatif Le Rhône 9A de 80 chevaux au profit d’un Clerget 9B de 110 chevaux, lui aussi rotatif. Ce moteur avait alors fait ses preuves sur le chasseur biplace d’escorte Nieuport Nie.12.
Le premier vol, désarmé, du prototype désigné Nie.16 tourna à la catastrophe. Trop lourd de l’avant, difficile à contrôler, l’avion ne s’arracha pas totalement du sol et termina sa course dans un hangar tour proche. L’avion fut totalement détruit et le pilote tué sur le coup.
On crut alors que l’Aéronautique Militaire, ancêtre de notre actuelle Armée de l’Air et de l’Espace, allait renoncer au programme du Nieuport Nie.16. Il n’en fut rien. En fait les états-majors français et britanniques avaient besoins d’énormément de chasseurs en ce début d’année 1916. Les ingénieurs de Nieuport identifièrent la cause de l’accident : le moteur rotatif Clerget 9B n’était pas adapté. L’avionneur revînt vers Le Rhône et son modèle 9J à neuf cylindres rotatifs. Celui-ci développait également 110 chevaux.
Reconstruit le Nie.16 réalisa son second premier vol en mars 1916. Et cette fois tout se passa sans problème.
Le mois d’avril 1916 vit l’apparition sur le front de la Somme des premiers Nieuport Nie.16 au sein de l’Aéronautique Militaire. Ils étaient armés d’une mitrailleuse Lewis de calibre 7.7 millimètres de facture britannique. Elle était installé sur le plan supérieur de voilure.
Contrairement au Nieuport XI Bébé qui convenait à tous types de pilotes le Nie.16 était réservé à ceux ayant déjà au moins dix missions à leur active. Ce biplan était en effet réputé un peu lourd à piloter et donc pas forcément adapté à des aviateurs inexpérimentés.
Une unité du Royal Flying Corps basée en baie de Somme l’utilisa à partir de mai 1916. Au moins vingt-huit de ces chasseurs français volèrent sous la cocarde britannique au sein de cette unique escadrille. Ils étaient chargés d’attaquer l’aviation allemande au-dessus des Flandres belges et françaises. D’autres exemplaires furent livrés aux aviations belges et russes.
À partir du 87e exemplaire de série l’Aéronautique Militaire réceptionna des Nieuport Nie.16 dotés d’une mitrailleuse Lewis équipée du système Alcan autorisant les tirs synchronisés.
Au sein des unités françaises il n’était pas rare de croiser des Nie.16 armés de quatre à six fusées Le Prieur, l’ancêtre des actuels missiles air-air.
Malgré son défaut de lourdeur le Nie.16 était un chasseur apprécié de ses pilotes pour sa redoutable puissance moteur par rapport à sa faible masse à charge.
Malgré cela le Nieuport Nie.16 eut une carrière assez courte, puisque dès le début de l’année 1917 il fut remplacé sur le front par le Nie.17 Super Bébé. Ce chasseur avait été conçu en tirant les enseignements des erreurs du Nie.16.
Quelques Nie.16 furent alors désarmés et employés comme avions d’entraînement avancé destiné à préparer au mieux les pilotes à voler sur Nie.17. Aujourd’hui on dirait qu’il assurait des missions de transformation opérationnelle, un concept alors bien évidemment inconnu !
Il est à signaler que plusieurs Nieuport Nie.16 furent employés par l’aviation russe restée fidèle à la famille impériale du tsar Nicolas II face aux forces révolutionnaires menées par Lénine. Les chasseurs de facture française menèrent notamment des missions de harcèlement contre les troupes bolchéviques, sans réelle réussite. On ignore ce qu’il advint de ces avions après l’effondrement de la Russie tsariste et l’avènement de la jeune Union Soviétique.
Avion à la carrière ô combien modeste et courte le Nieuport Nie.16 permit de faire le lien entre deux des vedettes de l’avionneur le Bébé et le Super Bébé. Parmi les nombreux aviateurs à avoir volés sur cet avion on retrouve le célèbre Jules Védrines.
De nos jours il ne reste plus rien du Nie.16.
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