Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale la Pologne était à genou. Le pays avait été une des principale victimes de la barbarie nazie et avait vu une partie de sa population assassinée par les forces hitlériennes. Son industrie était revenue au niveau le plus bas, l’aéronautique n’y faisant pas exception. Pourtant comme en Belgique ou en France par exemple la Pologne tenta de se relever via des programmes industriels souvent réalistes à défaut d’être franchement ambitieux. L’un des plus représentatifs de ces appareils polonais d’après-guerre fut l’avion d’entraînement basique L.W.D. Junak.
C’est au début de l’année 1947 que la force aérienne polonaise réclama un nouvel avion d’entraînement de base et de sélection en vol. Il s’agissait alors de remplacer les Yakovlev UT-2 Mink d’origine soviétique jugés obsolètes par les généraux polonais. Aux vues du faible niveau industriel de l’époque seul le petit constructeur Lotnicze Warsztaty Doświadczalne, alias L.W.D. y répondit. Son avant-projet consistait en un monomoteur de conception assez simpliste baptisé Junak. Afin de réduire les coûts de développement ses concepteurs avaient renoncé à espérer une motorisation locale préférant le Shvetsov M-11D à cinq cylindres en étoile de 115 chevaux. Ce moteur soviétique pouvait être assemblé sous licence en Pologne sans difficulté.
Extérieurement le L.W.D. Junak se présentait donc sous la forme d’un monoplan à aile basse cantilever de construction mixte en bois, contreplaqué, et métal. Il possédait un train d’atterrissage classique fixe et un poste de pilotage biplace en tandem. Le moteur Shvetsov M-11D était assemblé localement par P.Z.L. et disposait de carénages métalliques le recouvrant intégralement, cylindres compris. Le Junak n’avait pas été prévu pour être armé, étant réservé à une mission élémentaire.
C’est dans cette configuration que l’avion vola pour la première fois le 22 février 1948.
Peu de temps après ce premier vol, réalisé entre les mains du pilote d’essais Antoni Szymanski, l’avion fut présenté aux autorités civiles et militaires polonaises. En parallèle les essais confirment ses qualités vis-à-vis du cahier des charges. Varsovie décide de commander le Junak en série à hauteur de cent cinq exemplaires.
En septembre 1948 ce prototype fut présenté au public et à la presse internationale lors d’un meeting aérien. Il portait alors la livrée traditionnelle des avions d’entraînement militaire polonais.
Cependant entre le L.W.D. Junak qui servit de prototype et le Junak 2 de série il y avait quelques petites différences. La première consistant dans la dépose du moteur M-11D d’origine pour un M-11FR de 160 chevaux de puissance. Suite à une brouille entre les motoristes c’est Shvetsov qui assura la production en série de ceux-ci, étant livrés par voie ferrée jusqu’en Pologne. Le train d’atterrissage fut repensé également afin d’être plus robuste. Les premiers Junak 2 entrèrent en service début 1952 tandis que le dernier exemplaire était livré en mars 1954. Fin 1953 la Pologne ne disposait plus d’aucun UT-2 Mink.
Pourtant L.W.D. continuait de travailler sur l’élaboration de son avion d’entraînement. Une option envisagée était de déployer au sein des écoles de pilotage un avion d’entraînement à train tricycle en lieu et place du train classique. L’idée était de préparer au mieux les futurs pilotes de chasse appelés à voler sur Yakovlev Yak-23 Flora. C’est dans cet optique que fut développé le Junak 3. Un avion fut donc construit selon de tels plans.
Le Junak 3 n’était au final qu’un Junak 2 disposant de ce nouveau train. Son prototype vola pour la première fois le 7 août 1953.
À cette époque l’avionneur L.W.D. était en train de devenir une branche du groupe P.Z.L. suite à une décision purement politique. Une commande pour cent cinquante exemplaires du Junak 3 à train tricycle fixe fut passée à l’automne 1953.
Sitôt la production du Junak 2 terminée et livrée ce nouvel avion le remplaça sur la chaîne d’assemblage. C’est en juillet 1954 que la force aérienne polonaise reçut ses premiers Junak 3. À partir du 102e exemplaire de série l’avion reçut la désignation de P.Z.L. TS-9. Finalement la commande de cent cinquante exemplaire fut ramenée à cent quarante-six, P.Z.L. ayant en développement son TS-8 Bies qu’il comptait imposer aux militaires polonais au détriment de ce Junak 3.
Avions de pure servitude les Junak 2 /Junak 3 n’ont jamais éveillé la moindre curiosité de la part de la communauté internationale. Comme l’ensemble des avions polonais ils n’ont pas été codé dans la nomenclature de l’OTAN. Ils servirent dans les écoles de pilotage militaires de Pologne entre 1952 et 1961, laissant ensuite la place aux TS-8 Bies.
Dès lors la majorité des avions construits furent versés à des écoles de pilotage civiles.
En 1962 la Pologne tenta de vendre des Junak 2 de seconde main à l’Algérie et au Togo fraichement indépendants de la France, sans succès.
Le Junak 2 a donné naissance au Zuch, une version civile de voltige aérienne construite en très petite série.
De nos jours quelques L.W.D. Junak sont préservés en Pologne au sein de musées aéronautiques et/ou militaires. Ce monomoteur demeure le plus gros succès de son avionneur mais aussi l’avion construit en plus grande série dans l’immédiat après-guerre dans ce pays d’Europe orientale.
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