L’entre-deux-guerres fut une période de faste pour les hydravions de reconnaissance et de patrouille maritime. Les progrès technologiques étaient alors tels que ces engins doublèrent quasiment en taille, en puissance moteur, et en armement entre 1918 et 1939. L’US Navy notamment fut une des grandes utilisatrices de ces aéronefs avec des modèles plus ou moins évolués et plus ou moins construits en grande série. Quand certains connurent des carrières très longues d’autres en revanche ne demeurèrent en service que quelques années, à l’image par exemple du bimoteur Martin Model 120, alias P3M dans l’aéronavale américaine.
Quand le 29 avril 1932 les trois premiers hydravions bimoteurs Martin P3M-1 entrèrent en service tous ne savaient pas dans l’US Navy à quel point ces machines revenaient de loin. Désignées à l’origine P2M-2 elles tiraient leurs origines du trimoteur P2M-1 auquel on avait supprimé le moteur central. Quelques menus travaux avaient été réalisés, notamment en matière d’aérodynamique.
Des modifications avaient aussi été dictées par l’urgence pour l’aéronavale à disposer de ses premiers exemplaires de série. Sur les neuf avions commandés les trois premiers disposaient de deux moteurs à neuf cylindres en étoile Pratt & Whitney R-1340-38 Wasp de 450 chevaux, d’un poste de pilotage à l’air libre, et de deux mitrailleuses mobiles de calibre 7.62mm montées chacune dans un poste de tir à l’avant et au centre du fuselage. C’est l’escadrille de patrouille VP-10 qui les mit alors en service en remplacement des Keystone PK-1 alors en dotation.
Ils permirent à l’US Navy de former ses futurs équipages en attendant l’entrée en service des six Martin P3M-2 définitifs, des hydravions bien plus évolués dotés d’un cockpit fermé, d’une motorisation plus puissante, et de quatre mitrailleuses en lieu et place des deux d’origine. En parallèle les P3M-1 menaient des missions de patrouille en Atlantique nord depuis leur base de NAS Hampton Road en Virginie. En septembre 1936 ce sont les premiers des six P3M-2 qui commencèrent leur carrière au sein de l’escadrille VP-15 basée près de Washington DC.
La mise au point du P3M-2 fut longue et délicate en raison d’un différend entre Martin et Consolidated autour du P2Y-1 Ranger qui découlait lui aussi du P3M-1. Finalement l’accord fut trouvé en faveur de ce second industriel. Seuls six P3M-2 allaient être assemblés, les autres machines l’étant par Consolidated.
L’escadrille VP-15 fut créée spécialement pour le compte des six Martin P3M-2 et affectés à la défense aérienne de l’Atlantique nord. Entre décembre 1936 et août 1937 deux d’entre eux furent détachés sur la zone du canal de Panama afin d’assurer la souveraineté américaine dans la région. Les hydravions bimoteurs en question patrouillaient aussi assez fréquemment jusqu’au Groenland et même en Islande. Des P3M ont fréquemment mouillés dans le Sundahöfn, le port de Reykjavik.
Le 31 mai 1938 l’US Navy retira du service ses six P3M-2 au profit de Consolidated P2Y-2 Ranger.
Le Martin P3M ne fut jamais exporté. Pourtant en juin 1932 l’avionneur reçut une commande pour un exemplaire du P3M-1 de la part de la Colombie. Consolidated s’y opposa et finalement le pays sud-américain acheta un P2Y-1 Ranger, ouvrant la voie à son exportation.
Hydravion de transition le Martin P3M ne laissa pas un souvenir impérissable dans l’US Navy. En seulement six ans de carrière il ne fut jamais engagé au feu, malgré quelques missions délicates contre des cargos allemands et italiens à l’approche du canal de Panama. Dans cette région le P3M-2 eut parfois à tirer des coups de semonce à l’aide de ses deux mitrailleuses jumelées à l’avant de l’hydravion.
Il ne reste aujourd’hui plus rien de ces machines, toutes ont été détruites après leur retrait du service.
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