Au cours de la Première Guerre mondiale la France fut l’une des trois principales nations aéronautiques avec l’Allemagne et la Grande Bretagne. Les avions et hydravions conçus et construits en France se retrouvèrent dans la majorité des forces aériennes naissantes alliées à la Triple Entente. Pourtant quelques rares modèles furent principalement utilisés par l’Aéronautique Militaire Française, l’ancêtre de l’actuelle Armée de l’Air et de l’Espace. Parmi ceux-ci figure un des plus étonnant chasseur du conflit : le Caudron R.11.
En 1916 le GQG, le grand quartier-général des forces françaises, émit auprès de l’Aéronautique Militaire Française le souhait de disposer d’un avion capable d’assurer une totale maîtrise du ciel face aux chasseurs allemands et austro-hongrois. L’idée n’était pas de lancer le développement d’un énième chasseur monoplace très manœuvrable mais plutôt d’inventer un avion jouant le rôle de DCA volante, à l’image des nacelles des dirigeables allemands Zeppelin.
Les généraux français en charge du dossier cherchèrent l’avionneur idéal. Breguet et Farman rejetèrent la demande s’estimant incapable de penser une telle machine. Caudron par contre accepta le marché. Une commande fut officiellement passée pour 1000 exemplaires.
Extérieurement le nouvel avion, désigné Caudron R.11, tenait bien plus du bombardier lourd que du chasseur. Bimoteur biplan en bois entoilé il possédait un train d’atterrissage classique fixe. Sa motorisation était assurée par deux Hispano-Suiza 8Bba à huit cylindres en V d’une puissance de 215 chevaux chacun. Son armement était alors de cinq mitrailleuses Lewis de calibre 7.7 millimètres. Une était fixe et les quatre autres installées deux par deux dans des postes de tir avant et centraux. Le R.11 était servi par un équipage de trois hommes.
C’est dans cette configuration qu’il vola peu avant Noël 1916.
Des soucis au niveau de l’intégration des moteurs à la cellule du R.11 retardèrent grandement le développement de l’avion. Alors que la production avait débuté à l’été 1917 seuls vingt exemplaires étaient en service en avril 1918. Le GQG ordonna alors à Caudron de stopper la production du bombardier R.4 dont dérivait le R.11 pour privilégier celui-ci.
En unité l’emploi de ces «avions puissants» ou «nid de mitrailleuses» comme ils étaient surnommés en surprit plus d’un.
Les escadrilles R239, R240, R241, R242, R243, et R246 furent spécialement créées pour mettre en œuvre ces chasseurs lourds. L’escadrille de bombardement R46 qui volait alors sur bombardiers Caudron R.4 aligna également une dizaine de ces chasseurs afin de les protéger.
Dans les cieux de l’est de la France les mitrailleuses jumelées Lewis des Caudron R.11 firent merveilles jusqu’à l’Armistice. Évoluant en formation assez serrée ces chasseurs assuraient une telle présence en vol qu’ils interdisaient littéralement un espace aérien aux aviations allemandes et austro-hongroises. Sans trop le savoir les Français venaient d’inventer une doctrine fondamentale de l’arme aérienne : la supériorité aérienne.
La signature le 11 novembre 1918 de la capitulation allemande mit officiellement fin à la production du R.11. De vingt machine en avril 1918 Caudron était passé à 370 totalement assemblées. Une vingtaine était en cours de construction quand les travaux furent stoppés. Ces avions furent directement envoyés à la casse.
L’Aéronautique Militaire Française utilisa encore quelques Caudron R.11 jusqu’en mai 1922 avant de totalement les retirer du service. Ils ne furent pas remplacés. À l’étranger les Britanniques testèrent l’avion sans le commander tandis que quatre exemplaires furent pris en compte par les Américains, dont deux après la fin des hostilités.
Le R.11 donna naissance à une version lourde, dotée d’un canon Hotchkiss de 37mm à grande cadence de tirs. Elle fut désignée Caudron R.14. Cette machine demeura à l’état expérimental.
Sans aucun doute un des chasseurs les plus surprenants de la Première Guerre mondiale le Caudron R.11 fut aussi le plus gros conçu en France.
Aujourd’hui il ne reste plus aucun d’entre eux.
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