Alors que la Guerre de Corée était en plein essor,l’état-major de l’US Air Force fit savoir qu’il recherchait un nouveaubombardier moyen susceptible de pouvoir servir en première ligne enremplacement des Douglas A-26Invader. Cet avion devenait obsolète face à la menace des chasseurs àréaction soviétique qu’alignait la guérilla communiste coréenne. Dans le mêmetemps, l’US Air Force fit savoir qu’elle désirait depuis plusieurs mois fairel’acquisition d’un avion de reconnaissance tactique capable de voler pendantplus de six heures au-dessus d’un champs de bataille. En 1953, le Department ofDefence décida de coupler les deux requêtes dans un seul et unique programme,et chargea l’avionneur Douglas d’en étudier la conception. En outre le DoDdécida, afin de réduire les coûts de développement et d’accélérer la mise aupoint du nouvel avion de baser sa construction sur le bombardier d’assaut moyenA3DSkywarrior alors en service dans l’US Navy. Le programme reçu ladésignation de B-66.
Douglas décida de commencer par la mise au point de cinq avions de présérie quiseraient tout d’abord élaborés comme des avions de reconnaissance, puis ensuitecomme des bombardiers moyens. Les cinq avions étaient en fait des A3D-2modifiés en profondeur, sur lesquels on changea la motorisation. Le Pratt &Whitney J-57 laissa la place au Allison J-71, le réacteur du Mc DonnellF3H-2 Demon. On révisa les ailes, on décida de raccourcir en partie defuselage, et surtout on redessina le cockpit et le nez. Par rapport à l’A3D-2le nouvel avion avait aussi une marque significative : la disparition dusystème d’appontage.
Les cinq avions de présérie furent désignés RB-66A et l’avion fut baptisé Destroyer.Le premier vol du premier de ces avions eut lieu le 28 juin 1954. L’US AirForce fut stupéfaite des qualités de l’avion, notamment par rapport aux vieux LockheedF-5 Lighting encore en service et qui dataient de 1942. Une premièrecommande fut passée pour 145 exemplaires désignés RB-66B. Douglas pouvait doncpasser à la mise au point du bombardier proprement dit.
Le troisième RB-66A fut donctransformé rapidement en B-66A,d’autant plus que l’avion n’avait pas reçu sa cabine arrière pour lesopérateurs de reconnaissance. Extérieurement, rien ne semblait différencier laversion de reconnaissance du bombardier dans la famille des Destroyer si ce ne fut les deux canonsde 20mm montés en position arrière et radiocommandés. Les premiers exemplairesde série furent livrés en février 1956 après que l’USAF ai reçu ses derniersRB-66B. Les bombardiers de série étaient désignés B-66B. Une commande fut portéepour 72 exemplaires qui prirent rapidement la place des Invader en premièreligne.
A la différence des bombardiers lourds Boeing B-47 et B-52,les Douglas B-66 n’appartenaient pasau Strategic Air Command, mais au Tactical Air Command, comme les chasseurs. Eneffet n’ayant pas une mission à caractère « stratégique », c’est à diren’étant pas prévus pour emporter d’armes nucléaires les Destroyer se sont donc retrouver affiliés à des chasseursbombardiers. Ce qui ne les empêcha pas d’aller au feu, loin de là d’ailleurs.
En 1955, le DoD demanda à Douglas d’étudier une version de reconnaissanceélectronique et d’écoute des ondes ennemis. Cette demande déboucha sur le RB-66C, le premier véritable avion deguerre électronique active aux Etats-Unis. Ayant réalisé son premier vol enoctobre 1955 cet avion entra en service en même temps que les B-66B, saproduction s’élevant à 36 exemplaires. Dans le même temps l’état-major de l’USAir Force demanda à Douglas de développer une version de reconnaissancemétéorologique spécialement adapté aux opérations au-dessus du champs debataille, et dans un environnement hostile, notamment en raison de la présencede missiles sol-air. Cette nouvelle version fut désignée WB-66D, et assemblée elle aussi à 36 exemplaires. Les WB-66D furentles derniers Destroyer construits.
En octobre 1962, les Douglas RB-66Cfurent envoyés au-dessus du territoire cubain lors de la fameuse « Crise des Missiles ». Les Lockheed U-2 de laCIA surveillèrent activement les sites de missiles, tandis que les RB-66Cécoutaient les communications entre l’armée cubaine et les navires soviétiquestransportant le reste des missiles. Le Destroyervenait de connaître sa première grosse opération militaire.
Quelques mois plus tard, en janvier 1966, les B-66B firent mouvement vers l’Asie du Sud-Est où l’Amérique venaitde se lancer dans un nouveau conflit : la Guerre du Viêt-Nam. Les bombardiersbiréacteurs du Tactical Air Command réalisèrent des missions de jour comme denuit, et début 1967 ils furent même les premiers bombardiers américains àattaquer leur cible avec du napalm, une arme jusque là réservée aux seulschasseurs bombardiers. Toutefois il apparut rapidement que les B-66, tout commela majorité des avions d’appui américains, étaient des cibles faciles pour lesbatteries de missiles sol-air vietnamiennes, les fameux SAM.
L’US Air Force décida donc de demander la transformationde 33 B-66B en EB-66B decontre-mesure électronique (CME) et de brouillage des radars de défenseaérienne. Désarmés, mais fortement équipés en matériel de guerre électronique,ces avions commencèrent à accompagner les vagues d’attaque dès la fin del’année 1967.
Par la suite douze RB-66C et cinq WB-66D furent transformés en avions de CMEsous les désignations respectives d’EB-66Cet EB-66D. Toutefois les EB-66Dne furent jamais envoyés en Asie du Sud-Est, leur « terrain de jeu » selimitant à l’Europe de l’Est, au départ de l’Allemagne de l’Ouest. Ce ne futpas là les seules transformations de Destroyer.En 1963, la NASA et l’avionneur Northrop prélevèrent deux WB-66D sur les stocksde l’US Air Force pour les transformer en avions d’essais pour des tests surles ailes à profil laminaire. Ces deux machines reçurent la désignation de X-21et volèrent jusqu’en 1970.
Les derniers B-66B et RB-66B/C furent retirés du service fin1974, soit un an après les EB-66B/C.Les EB-66D eux quittèrent le service actif en 1978. Si le B-66B n’a pasforcément marqué l’histoire du bombardement moderne, il faut tout de mêmeremarquer qu’il a participé activement à la Guerre du Viêt-Nam de son débutjusqu’à pratiquement sa toute fin. Les EB-66 et RB-66 ont en outre permis decrédibiliser l’US Air Force dans les missions de guerre électronique tactiqueet de recueil des renseignement radio, des missions aujourd’hui primordialespour la réussite de toute opération militaire. Le Destroyer n’a jamais été exporté.
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