L’Allemagne relance le programme de remplacement de ses hélicoptères lourds.

En bon français on appelle cela une valse-hésitation. Ce mercredi 27 janvier 2021 le Bundeswehr a fait savoir qu’il avait décider d’engager de nouvelles négociations avec les groupes américains Boeing et Lockheed-Martin autour de leurs hélicoptères lourds respectifs. Il s’agit de remplacer les actuels soixante-dix CH-53G Sea Stallion en dotation dans la Luftwaffe. Pour d’évidentes raisons industrielles les hélicoptéristes européens en sont exclus.

Le programme STH (pour Schwere Transporthubschrauber) est quasiment devenu un serpent de mer. Depuis son lancement officieux au printemps 2016 jusqu’à son annulation à l’automne 2020 il a fait couler plus d’encre qu’autre chose. Accessoirement il a relancé en France le débat assez stérile car sans fin et sans réel aboutissement sur l’absence d’hélicoptère lourd dans l’arsenal de l’ALAT et/ou de l’Armée de l’Air et de l’Espace.

Car oui en Allemagne les «vieux» Sikorsky CH-53G Sea Stallion commencent à sérieusement montrer des signes de fatigues, malgré les chantiers successifs de remise à niveau. Qu’on les appelle CH-53GA, CH-53GE, ou encore CH-53GS suivant leurs respectifs profils de missions ces gros hélicoptères sont à bout de souffle. Et aujourd’hui peu de machines peuvent réellement se présenter comme leurs successeurs désignés.
Passons les en revue : les Sikorsky CH-53K King Stallion évidemment et Boeing Vertol CH-47F Chinook américains, le Mil Mi-26 russe, ou encore le Leonardo AW.101 Merlin italien. Pourtant seuls les deux premiers sont en lice pour la relance du programme STH.

La raison de l’éviction de ces deux derniers appareils est autant technologique que politique. Pour le Mi-26 elle est même à 100% politique : le matériel d’origine ex-soviétique ou russe n’a pas droit de citer parmi les forces de l’OTAN dont l’Allemagne est membre. Et puis les relations diplomatiques entre Berlin et Moscou sont tellement catastrophiques qu’il serait inutile de croire à un miracle pour le Mi-26. Dans le cas de l’AW.101 Merlin c’est plus compliqué. D’abord technologiquement c’est bien un hélicoptère lourd mais disposant d’une capacité sensiblement moins importante d’accueil de personnels. Sa puissance de chargement sous élingue est bien inférieure également à ses deux concurrents venus d’outre-Atlantique.Ensuite l’Allemagne est partie prenante dans le groupe Airbus, concurrent numéro 1 de Leonardo. Une commande d’AW.101 par la Luftwaffe serait très mal vue par l’opinion publique allemande globalement toujours assez hostile à tout contrat d’armement.

Pourtant les CH-47F Chinook et CH-53K King Stallion sont américains direz-vous en lisant ces quelques lignes. Oui mais les groupes Boeing et Lockheed-Martin qui les possèdent se sont adjoints les services d’entreprises allemandes dans leur projet de vendre leurs hélicoptères respectifs. Une bonne manière de ne froisser personne. Ce que Leonardo n’a pas su faire.

La compétition est donc relancée pour un marché d’environ soixante nouveaux hélicoptères. Les deux constructeurs ont jusqu’à l’été pour présenter leurs machines. L’annonce finale du vainqueur pourrait intervenir avant Noël, les experts allemands ayant déjà les travaux réalisés sur le premier programme STH pour se faire une idée. Il se dit même outre-Rhin que le choix serait déjà arrêté dans la tête des dirigeants civils et militaires du Bundeswehr. Comme cela se pressent depuis plusieurs mois l’ultra-moderne CH-53K King Stallion aurait les faveurs des officiels allemands. Des CH-53K pour remplacer des CH-53G il y a là une certaine logique en sommes.

Photo © Bundeswehr.


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Arnaud
Passionné d'aviation tant civile que militaire depuis ma plus tendre enfance, j'essaye sans arrêt de me confronter à de nouveaux défis afin d'accroitre mes connaissances dans ce domaine. Grand amateur de coups de gueules, de bonnes bouffes, et de soirées entre amis.
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Commentaires

5 Responses

  1. C’est là où je me dis, sur le modèle de la coopération sur les (K)C-130j à Évreux, qu’il y avait un coup à jouer pour acquérir en commun des CV-22 franco-allemands.
    On ferait d’une pierre plusieurs coups : on booste les capacités françaises et allemandes en matière d’aérocombat, notamment longue distance, et les CV-22 pourraient aussi être détachés sur le porte-avions avec des équipages français, allemands, mixtes. afin d’assurer des missions COD (des équipages allemands sur le PA serait un symbole).
    On pourrait baser les CV-22 en Allemagne, (vu que les C-130 sont en France).
    Mais bon, c’est de l’uchronie… Je rêve probablement.

  2. Je me demande quel est l’intérêt pour l’Allemagne et la Luftwaffe d’en posséder autant. Dans quelle genre de missions ces machines sont-elles utilisées par cette dernière ?

    1. Même si globalement l’Allemagne a diminué son besoin en hélicos lourds ces appareils sont très utiles outre-Rhin où ils remplissent fréquemment des missions de service publique. Après c’est la doctrine d’emploi de la Luftwaffe et de la Heer qui est ainsi faite. C’est vraiment différent de la France ou de la Belgique.

    1. Uniquement parce qu’aucun hélicoptériste européen ne produit d’hélicoptère lourd pouvant répondre aux attentes allemandes.

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