Dès le début de l’année 1944, l’US Army Air Force se lança dans une vaste recherche destinée à trouver un remplaçant à son principal avion de transport tactique, le Douglas C-47 Skytrain, alias Dakota pour l’éternité. Cet avion inusable et très polyvalent avait pourtant un défaut majeur : il ne pouvait pas permettre le transport et le déchargement rapide de véhicules légers. Une Jeep mettait près de quinze minutes avec un équipage de cinq hommes entraînés à sortir de la soute du bimoteur de Douglas. Fairchild eut pour mission de concevoir un nouvel avion, qui reçut la désignation de C-82 Packet.
A cette même époque, l’USAAF avait aussi besoin de trouver un remplaçant aux Curtiss C-46 Commando, alors en service principalement dans le Pacifique et en Asie du Sud-Est. En effet, comme le Skytrain ce gros bimoteur avait été conçu à partir d’une machine civile des années 30 et n’était pas à proprement parler un appareil de transport militaire. C’est pourquoi le projet XC-82 de Fairchild fut également choisit pour renouveler la flotte. Le marché qui s’ouvrait à Fairchild était alors considérable, estimés à plusieurs milliers d’exemplaires. D’autant que l’US Navy, l’US Marines Corps, la RAF, l’Aviation du Front, et bien d’autres forces alliées étaient alors susceptibles de s’équiper de ce nouvel aéronef.
Les ingénieurs et designers de Fairchild travaillèrent sur une formule radicalement nouvelle pour son C-82 Packet. Celui ci se présentait sous la forme d’un monoplan à aile haute bimoteur à fuselage bipoutre. L’avion disposait d’un double empennage avec un plan reliant les deux. Son poste de pilotage était légèrement surélevé vis à vis de la cabine principale. Celle ci disposait d’une double porte arrière et d’une rampe rudimentaire pour le chargement et le déchargement de véhicules légers tels Jeep et chenillettes. Le prototype XC-82 réalisa son premier vol quelques jours après la fin des hostilités le 10 septembre 1945.
A cette époque, les crédits alloués à la défense furent massivement réduits et le Fairchild C-82 n’échappa pas à la règle. L’US Marines Corps et la RAF annulèrent les options mises sur l’avion, et du fait de l’arrêt de la loi « Prêt-bail », l’Union Soviétique ne reçut aucun de ces avions. Toutefois l’US Army Air Force persista dans sa commande de C-82, la réduisant par contre à 180 avions. De son côté, l’US Navy passa commande pour 53 Packet qui furent livrés sous la désignation de R3Q.
Si les R3Q ne participèrent à aucune action militaire particulière, se limitant à de simples opérations de soutien à la flotte et à des missions d’appui logistique aux troupes aéroportées du corps des Marines, il en fut tout autrement des C-82A de l’Air Force qui participèrent activement aux opérations de soutien aux berlinois pendant le blocus des Soviétiques.
En 1947, Fairchild fit voler le prototype d’une version améliorée désigné C-82B, qui allait rapidement devenir le C-119 Flying Boxcar. Cet avion, bien plus moderne, allait devenir l’une des références du transport aérien militaire pour les années à venir. En 1955, l’US Air Force céda une dizaine de C-82A à la force aérienne brésilienne qui les utilisa jusqu’en 1969 pour des opérations de transport de fret et de parachutistes. Les R3Q de l’US Navy demeurèrent en service jusqu’en 1960. Les derniers Packet furent retirés du service quatre ans plus tard, alors qu’ils portaient les couleurs de la Garde Nationale.
Au total 223 avions de ce type ont été produits par Fairchild. Pour la petite histoire le C-82A n’a pas toujours été un inconnu pour les Français, un de ces avions racheté aux surplus militaires fut longtemps utilisé par la compagnie aérienne américaine TWA comme dépanneuse depuis l’aéroport parisien d’Orly. Cet avion avait pour mission de transporter moteurs, réacteurs, pièces détachées, et personnels à travers toute l’Europe et l’Afrique du Nord jusqu’en 1975 ; il était immatriculé en France.
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