KAI T-50 Golden Eagle

Lors de l’acquisition de 180 F-16 Fighting Falcon destinés à la Republic of Korea Air Force (ROKAF), la Corée du Sud exigea que la plupart des appareils soient fabriqués par Samsung Aerospace et que l’entreprise américaine General Dynamics (plus tard acquise par Lockheed-Martin) agisse comme consultant dans le cadre du programme KTX-2. Démarré en 1990, ce programme visait à développer un avion d’entraînement supersonique coréen afin de remplacer les Cessna A-37 et Northrop T-38 Talon du ROKAF à l’horizon 2005.

Suite à l’achèvement de la première phase de développement en 1995, le projet KTX-2 fut suspendu. Face à des contraintes économiques et ne voulant plus assumer seul les coûts du projet, le gouvernement coréen incita Samsung Aerospace à conclure une entente de partenariat avec Lockheed-Martin. En 1997, le projet KTX-2 redémarra avec une nouvelle base de financement provenant à 17% de Samsung Aerospace, 13% de Lockheed-Martin et 70% du ministère de la Défense nationale de la Corée. Visant dorénavant le marché international, Lockheed-Martin s’assura que le KTX-2 puisse éventuellement répondre aux exigences américaines ainsi qu’obtenir les autorisations requises pour la vente de l’avion dans des pays aux économies émergentes.

Formé en 1999, le conglomérat Korea Aerospace Industries (KAI), regroupant notamment Samsung Aerospace, devint maître d’œuvre du projet KTX-2. Désigné KAI T-50 Golden Eagle en 2000, le nouvel avion effectua son premier vol en août 2002. Bien que sa taille soit environ 20% inférieure à celle du F-16, le KAI T-50 a l’apparence d’un croisement entre le F-16 et le F-18 Hornet. Dérivé du General ElectricF404-GE-402 qui avait déjà fait ses preuves en termes de fiabilité et de faible consommation de carburant, le turboréacteur F404-GE-102 développé spécifiquement pour le T-50 est fabriqué par Samsung Techwin.

Conçu pour faciliter le passage des pilotes vers le F-16, et éventuellement vers le Lockheed-Martin F-35 Lightning II, le KAI T-50 est un appareil multifonctionnel doté de commandes de vol électriques ainsi que de l’avionique moderne nécessaire pour les missions de combat. Le concept du T-50 s’est considérablement élargi depuis le début du programme. Outre la version de base destinée à l’entraînement avancé, le T-50 se décline en d’autres versions: T-50B acrobatique et chasseur multi-rôles FA-50 Fighting Eagle.

La première commande du ROKAF comprenait 82 exemplaires du Golden Eagle, soit 50 T-50, 22 TA-50 et 10 T-50B. La livraison des premiers T-50 au ROKAF a débutée en 2005. Lr premier escadron de TA-50 est devenu opérationnel en 2011 et en 2010 les T-50B ont pris la relève des A-37 Dragonfly au sein de l’équipe acrobatique «Black Eagles».

À l’exportation, le T-50 Golden Eagle a trouvé preneur en Indonésie, Irak et Thaïlande. L’armée de l’air indonésienne aligne par ailleurs des KAI KT-1 Woongbee pour l’entraînement intermédiaire de ses pilotes. Les armées de l’air de la plupart des pays doivent remplacer à court terme leurs flottes de vieux avions d’entraînement par des appareils de nouvelle génération. Avec le T-50, KAI compte bien exploiter ce lucratif marché. Dans la catégorie des avions d’entraînement supersoniques, le principal compétiteur du T-50 est l’Alenia Aermacchi M-346 italien qui a remporté quelques compétitions face à son rival coréen, notamment en Israël, aux Émirats Arabes Unis et à Singapour. Le partenariat de Lockheed-Martin avec KAI devait théoriquement favoriser le T-50 dans le cadre du programme T-X de l’USAF mais n’a pas donné les résultats escomptés puisque le Boeing/Saab T-7 Red Hawk fut plutôt choisi. Sur les marchés des pays émergents et de l’ancien bloc soviétique, le T-50 doit par ailleurs faire face à la compétition venant du Yak-130 russe et du JF-17 Thunder pakistano-chinois.

Un des dragons asiatiques en termes de croissance économique, la Corée du Sud mise notamment sur le développement de son industrie aéronautique et grâce aux KAI T-50 et FA-50 souhaite maintenant prendre sa place parmi les puissances mondiales de l’aviation militaire.