C’est en 1937, que le constructeur Curtiss décida de développer sur fonds propre un nouvel appareil embarqué d’observation pour les besoins de l’US Navy et de l’US Marines Corps. A cette époque, cette mission était principalement remplie par les biplans Curtiss SOC Seagull, sur lesquels l’avionneur comptait bien s’appuyer pour construire une nouvelle machine. L’état-major de la marine américaine commanda un prototype terrestre désigné XSO3C-1 et un prototype à flotteurs désigné XSO3C-1A. En réalité, un seul prototype fut assemblé sous la première désignation, avec la possibilité de monter un flotteur central en lieu et place du train fixe.
Le Curtiss SO3C se présentait sous la forme d’un monoplan à aile médiane, biplace en tandem et monomoteur. Propulsé par un Ranger en V d’une puissance unitaire de 600 chevaux, entrainant une hélice bipale en bois et métal, l’avion disposait de deux types de train d’atterrissage très différents. Le premier était composé de deux grosses roues fixes carénées à l’avant et d’une roulette à l’arrière, tandis que le second se composait d’un flotteur central et de deux petits flotteurs de soutien aux extrémités des ailes. L’aile avait un profil aussi particulier avec ses ailerons relevés aux extrémités, presque à la manière des « winglets » actuels. Son empennage classique de grande dimension donnait à l’avion une réelle stabilité.
Au niveau de l’armement le SO3C disposait d’une étonnante combinaison. En effet, une mitrailleuse de 7.7mm tirait en position de chasse tandis qu’une autre d’un calibre de 12.7mm était servie par l’observateur en position mobile arrière. L’appareil emportait également une charge externe pouvant s’élever à 530kg allant des simples bombes aux charges de profondeurs et aux mines. Toutefois, le SO3C n’étant pas prévu pour des missions offensives, il ne pouvait pas tirer de torpilles. Il réalisa son premier vol le 6 octobre 1939. L’appareil fut baptisé Seamew.
A cette époque, les Etats-Unis n’étaient pas en guerre, tandis que leurs alliés, la France et le Royaume Uni, eux l’étaient. Les français ne s’intéressèrent même pas à l’appareil de Curtiss tandis que les anglais ne l’observèrent que de loin. En effet, les aéronavales britanniques et françaises ne participaient alors que peu aux combats, en tous cas sur les océans du globe. Toutefois, l’état-major de la Fleet Air Arm décida de tester, sans grand succès, le prototype du SO3C en version hydravion. De son côté l’US Navy ne commanda pas en série cette machine.
Il fallut attendre décembre 1941, au lendemain de l’attaque nippone sur Pearl Harbour, pour que l’US Navy commande en série le Seamew. Desormais, l’US Navy, tout comme l’US Army Air Force, avaient besoin massivement d’avions et d’hydravions. Si seulement une quarantaine de SO3C-1 furent commandé, le SO3C-2 aux modifications mineures fut commandé en grande série. Il en fut de même pour les SO3C-3 doté d’un moteur plus puissant de 625 chevaux. Au total, l’US Navy reçut 544 exemplaires de série.
De son côté, la Royal Navy perçut 250 exemplaires, des modèles SO3C-2, alors désignés Seamew Mk-I. Ces appareils furent principalement utilisés à partir des porte-avions britanniques et des navires d’escorte. Ces appareils furent utilisés assez souvent dans la surveillance et la protection des convois maritimes qui reliaient le Royaume Uni aux Etats-Unis et à l’Union Soviétique. Malheureusement, les Seamew étaient trop bruyants pour pouvoir poursuivre efficacement les U-Boots de la Kriegsmarine.
Étonnamment, l’US Navy refusa d’envoyer massivement ses Seamew dans le Pacifique, et les utilisa elle aussi dans l’Atlantique mais également en Méditerranée. L’état-major américain estimait le monomoteur de Curtiss trop fragile face à la chasse ou aux navires de guerre japonais.
Finalement, le SO3C ne demeura que peu de temps en service dans l’US Navy puisqu’il fut retiré du service début 1945, avant même la fin des hostilités en Europe. La particularité est qu’il fut démobilisé avant l’appareil qu’il était censé remplacer, le SOC Seagull. De son côté, la Fleet Air Arm les conserva jusqu’en octobre de la même année. Dans l’US Navy autant que dans la Royal Navy, le Curtiss SO3C eut pour principal concurrent le Vought OS2U Kingfisher, jugé largement supérieur.
Il faut noter que 39 SO3C-1 appartenant à l’US Navy furent livrés début 1944 à la Fleet Air Arm sous la désignation de SO3C-1K, localement désignés Queen Seamew. Il s’agissait en fait de machines transformées en avions sans pilotes, des drones destinés à l’entrainement de l’artillerie anti-aérienne de la marine britannique.
Appareil particulièrement peu apprécié par ses équipages, le Seamew ne resta finalement que très peu de temps en service actif, et la plupart d’entre eux furent ferraillés. Après guerre, les Etats-Unis tentèrent de placer le Curtiss SO3C auprès de certains de ces alliés comme le Brésil, la France, ou encore les Pays-Bas, mais sans succès.
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