C’est à l’automne 1930, que le Department of War (DoW) lança un appel d’offre pour un nouvel avion d’attaque destiné à remplacer les biplans de la série des Curtiss A-3 Falcon. En effet, si ces avions étaient particulièrement bien adaptés à leurs missions, ils s’avéraient toutefois assez fragile vis-à-vis des chasseurs qu’ils étaient censés pouvoir affronter dorénavant. Trois constructeurs répondirent à la demande : Atlantic Aircraft (filiale américaine de Fokker) avec son très élégant XA-7, Curtiss avec son surprenant XA-8, et Lockheed avec son XA-9 dérivé du chasseur P-24.
Si ce dernier fut rapidement éliminé, du fait de sa construction exclusivement en bois, il en fut autrement du XA-7 et du XA-8 qui intéressaient grandement l’état-major américain. Tous deux étaient propulsés par un moteur en V Conqueror, mais l’avion de Curtiss avait une puissance légèrement supérieure et il fut finalement retenu. L’avion de série fut désigné A-8 et reçut le nom de baptême Shrike.
Il se présentait sous la forme d’un monoplan à aile basse disposant de haubans et d’un train d’atterrissage fixe. Celui-ci avait la particularité d’être totalement caréné, y compris la roulette de queue. C’était dans les carénages avant que se logeaient les mitrailleuses fixes Browning de 7.62mm, auxquelles étaient adjoint une mitrailleuse mobile identique sur le cockpit arrière de l’observateur. Les deux cockpits étaient à l’air libre. L’armement comportait également une charge de bombes réduite de quatre fois 45kg sous les ailes. Le Curtiss A-8 était construit de manière mixte en bois et métal. Sa motorisation était assurée par un Curtiss Conqueror V-1570-57 de 675 chevaux entraînant une hélice tripale. Le premier vol de l’avion intervint en juin 1931.
Bien que beaucoup plus moderne que les biplans de la famille Falcon, le A-8 Shrike ne fut construit qu’à 13 exemplaires, qui furent principalement utilisés pour des missions d’entraînement et de familiarisation avec cette nouvelle génération de machines. En juillet 1932, six A-8 participèrent à une manoeuvre militaire avec l’US Army et le corps des Marines. Au cours de ces opérations, les Shrike démontrèrent leur maniabilité et la précision de leurs attaques. Ils volaient sous la « protection » de biplans Boeing P-12.
Malgré les qualités certaines de l’avion, Curtiss tenta d’améliorer le modèle en changeant sa motorisation au profit d’un Pratt & Whitney R-1690-9 Hornet de 625 chevaux en étoile. Cela donna naissance au YA-10, un avion qui demeura toutefois sans suite. Pourtant la structure du Shrike avec un moteur en étoile avait réussi à convaincre le DoW qui cherchait à l’époque un avion d’attaque susceptible de soutenir les A-8 et même éventuellement de les remplacer à moyen terme.
Ce chantier donna naissance au A-12, une version profondément améliorée du YA-10, dotée d’un Wright R-1820-21 Cyclone en étoile de 690 chevaux. Par rapport aux A-8 de série celui-ci se différenciait par ses deux cockpits qui pouvaient être fermés, par un fuselage redessiné, et par une charge de bombes légèrement augmentée. Le Curtiss A-12 Shrike fut quant à lui commandé à 46 exemplaires par l’US Army Air Corps.
L’aviation américaine utilisa ses A-12 dès février 1933 et les conserva en première ligne jusqu’en mars 1940, époque à laquelle ils furent remplacés par le bimoteur Douglas A-20 Havoc, un avion nettement plus puissant. Par la suite, ils furent versés à la Garde Nationale pour des missions de surveillance frontalière et d’appui tactique autour du Golfe du Mexique. Ils y restèrent jusqu’à l’arrivé d’un autre Shrike, le Curtiss A-25, autrement dit la version terrestre du SB2C Helldiver.
Finalement les Shrike de série, A-8 et A-12, ne connurent jamais le feu sous les couleurs américaines mais permirent à leurs pilotes de se familiariser avec des techniques d’appui tactique qui étaient appelées à devenir monnaie courante durant la Seconde Guerre mondiale.
Appareil typiquement américain, le A-12 ne fut vendu à l’exportation qu’à la seule aviation militaire chinoise, qui en 1936 commanda vingt exemplaires, pour des missions d’attaque au sol et de reconnaissance armée. Ces avions se frottèrent rapidement à l’aviation japonaise, et furent finalement assez efficaces vis-à-vis des chasseurs nippons. Toutefois, avec l’entrée en service de nouveaux chasseurs au Japon, les A-12 furent rapidement retirés de la première ligne et affectés à des missions d’entraînement avancé.
Parmi les machines issues de cette famille, il faut citer le chasseur monoplan à aile basse XP-31 Swift, une machine très moderne pour son époque, mais qui échoua finalement face à son concurrent de Boeing, le P-26.
Appareil particulièrement moderne pour son époque, les 2 versions du Shrike modernisèrent profondément la doctrine américaine des missions d’attaque au sol et d’appui rapproché, une mission qui connut son apogée en Corée puis au Viêtnam, et qui persiste aujourd’hui.
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