Voilà qui va ringardiser très rapidement les programmes européens toujours aussi hésitants et russes non encore aboutis. Prévu pour un déploiement en unité à partir du tout début de la prochaine décennie ce drone MALE doit permettre d’assurer les mêmes missions que celles dévolues aujourd’hui aux MQ-1C Grey Eagle et MQ-9 Reaper. Mais surtout General Atomics a révélé que cette machine sera furtive au plus haut point. Son architecture n’aurait sans doute pas déplu à Jack Northrop.
Tout est partie d’une volonté du Pentagone de disposer à partir de 2030 d’un nouvel avion sans pilote de reconnaissance et d’observation doté d’une réelle capacité de première frappe et d’appui tactique. Le tout sous la forme dite MALE, pour moyenne altitude longue endurance.
Et aujourd’hui seuls deux avionneurs sembles pouvoir y répondre favorablement : General Atomics et Lockheed-Martin. Un troisième, moins connu mais tout aussi efficace, pourrait jouer les arbitres et attendre en embuscade : Kratos. En l’absence de données concrètes sur ces deux constructeurs intéressons-nous avant tout à General Atomics.
D’abord parce que cet industriel est un spécialiste mondialement reconnu du drone MALE. Ses RQ-1 Predator et MQ-9 Reaper ont été largement déployés en unités dans les forces américaines et sont encore aujourd’hui de véritables succès à l’export. Pour preuve l’Espagne ou encore la France utilisent ce dernier. Or les dirigeants de General Atomics ont dévoilé ce lundi 14 septembre 2020 la vue d’artiste d’un drone qui a tout d’une aile volante furtive.
Alors bien sûr il ne s’agit que d’une vue d’artiste, une image générée par ordinateur et issue de l’imaginaire de quelques designers et ingénieurs. Ce n’est surtout pas une photo, encore moins un plan du futur drone. Mais ce qui saute aux yeux c’est sa forme générale. Ce n’est pas celle d’un Northop B-2A Spirit. Non elle se rapproche très clairement de celle du Northrop-Grumman B-21A Raider actuellement en développement, ou plutôt de ce que l’on en connait ! De là à imaginer que l’avion sans pilote ait été pensé afin de pouvoir voler aux côtés du futur bombardier stratégique américain, il n’y a qu’un pas.
En tous cas la révélation de cette vue d’artiste et les déclarations des dirigeants de General Atomics font couler beaucoup d’encre outre-Atlantique. Vu de ce côté-ci de l’océan c’est surtout une claque phénoménale qui s’annonce pour le consortium Eurodrone formé par Airbus DS, Dassault Aviation, et Leonardo. Il n’arrive pas à se mettre d’accord sur le futur de son système à cause des différences de vues entre Allemands, Espagnols, Français, et Italiens. Et du coup le programme patine toujours autant.
Mais l’aile volante sans pilote américaine risque aussi de rapidement démoder le programme S-70 Okhotnik actuellement en développement en Russie. Bien que plus avancé que l’Eurodrone celui-ci n’en est qu’à ses balbutiements et se retrouve finalement moins avancé qu’un Lockheed-Martin RQ-170 Sentinel pourtant en service depuis plus de dix ans ou qu’un Kratos XQ-58 Valkyrie dont les tests ont été rendu publiques.
Le danger est donc que cette aile volante furtive devienne le même succès que les Grey Eagle, Predator, et Reaper. Et qu’ainsi il tue dans l’œuf toutes chances d’exportation de l’Eurodrone ou du S-70 Okhotnik. Bien sûr ce n’est encore que de la fiction. Mais avec General Atomics il faut s’y préparer.
Illustration © General Atomics.
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6 Responses
Est-ce que cela ne risque pas d’en faire un drone trop cher ? Il me semble que l’on s’éloigne de l’idée que les drones devaient être des machines moins couteuses que les avions….
L’idée n’a jamais été que les drones soient bon marché mais qu’ils évitent d’exposer inutilement des pilotes ou équipages dans des missions à haut risque.
Je crois savoir que le mode de calcul est différent.
L’idée est de dire qu’on souhaite maintenir une orbite pendant X jours sur un ou plusieurs points d’intérêts. Combien d’équipages ? 2 ? Sachant qu’un équipage, c’est 4 spécialistes (de mémoire) et combien de machines (une en mission, une en transit, une en réserve, éventuellement une machine supplémentaire en maintenance légère… on est à minima sur 3 aéronefs. – 2 équipages en relais – 8 personnes), sans oublier la bande passante satellite, l’empreinte logistique…
Maintenir une orbite de drone consomme pas mal de ressources l’air de rien, on ne peut pas franchement dire que c’est économique.
L’intérêt est évidemment de ne pas exposer un équipage humain et de pouvoir maintenir une permanence, presque une véritable occupation « physique » du ciel, sans parler de la pression psychologique sur l’adversaire, etc.
Du coup, avec 12 Reaper, la France peut maintenir théoriquement 3 orbites (dont une pour l’entraînement).
Avec 24, on double la capacité, mais le mur est celui de la formation. Ça prend du temps de former les équipages.
Rien n’est simple, il n’existe pas de formule magique.
La vision française diffère aussi de celle des USA.
Les USA gardent (en général) leurs équipages à demeure, à Creech (si ma mémoire ne me joue pas des tours) là où la France a choisi de projeter les équipages et les aéronefs sur les théâtres.
Il y avait, il me semble, déjà une tentative précédente de General Atomics avec le Prédator-C Avenger, furtif, réacteur et armements en soute.
Qui n’a pas eu de suites et qui n’a pas suscité beaucoup d’intérêt.
Tout à fait Steph le très ambitieux Avenger était une tentative de donner un successeur à réaction au Reaper. Par contre il n’était pas spécialement très furtif. En tous cas moins que ce futur drone. 🙂
Une des raisons du développement de l’intelligence artificielle a justement pour but de décharger les équipages de nombreuses tâches ce qui réduira forcément leur nombre. De plus les drones du futur pourront être contrôlés par des pilotes de chasseurs qui vont rester à distance de sécurité lors de leurs missions. Comme le dit Arnaud GA va mettre probablement le « paquet » et on peut s’attendre à un appareil bourré d’IA et de nouvelles technologies qui va mettre sur les dents la concurrence et donner des cheveux blancs aux bureaux d’études de Chine et de Russie