Au début de la Première Guerre mondiale, de nombreux avionneurs se heurtèrent à une problématique qui semblait insoluble : comment tirer au travers de l’hélice. La solution vint à la fois d’un aviateur de renom, Roland Garros, et d’un ingénieur de génie, Raymond Saulnier. Tous deux mirent au point l’extraordinaire système permettant le tir synchronisé au travers du pas de l’hélice, système qu’ils montèrent sur un avion qui allait vite devenir, pendant les premiers mois de 1915, le cauchemar des pilotes allemands : le Morane-Saulnier Type-L.
A partir de 1912, le pilote de raid Roland Garros était l’un des pilotes du constructeur Morane-Saulnier. Lors du déclenchement des hostilités en 1914, il était non seulement pilote au sein des unités de combat de l’Aviation Militaire Française (ancêtre de l’Armée de l’Air), mais il assurait également son rôle d’ingénieur et de pilote d’essais pour Morane-Saulnier.Le 1er mars 1915, il réalisa le premier vol d’un avion d’un genre tout nouveau : le Type-L.
Cet appareil était un monoplan parasol monomoteur monoplace de chasse. Propulsé par un des tous nouveaux moteurs en étoile de la société Gnome & Rhône, l’avion se distinguait surtout des autres chasseurs par son armement. En effet, il embarquait une mitrailleuse Hotchkiss d’un calibre de 7.9mm tirant par synchronisation au travers du pas de l’hélice. Cette dernière dû d’ailleurs été redessinée, pour être mieux profilée et renforcée par des déflecteurs d’aciers.
Le Type L, également appelé MS.3, dans certaines unités françaises et belges, entra immédiatement en service dans la plupart des aviations alliées. L’Aviation Militaire Française et le Royal Flying Corps (ancêtre de la RAF) en firent dès le début du mois d’avril 1915 leur principal chasseur, notamment pour la destruction des avions de reconnaissance allemands mais également pour la chasse traditionnelle.
Léger et bien motorisé, le Type-L devint rapidement un adversaire redoutable pour les frêles chasseurs du Kayser. Malheureusement, le 20 avril 1915, soit seulement un mois et demi après le premier vol de l’avion, le pilote Roland Garros tomba entre les mains des Allemands avec son chasseur intact. Contraint de travailler avec les Allemands durant sa captivité, il leur permit de mettre au point le Fokker Eindecker, avion inspiré du Type-L.
Malgré cela, Morane-Saulnier livra plus de 600 Type-L jusqu’en janvier 1916, en faisant le principal chasseur français entre mai 1915 et janvier 1916. Raymond Saulnier décida de partager son système avec l’ensemble des avionneurs alliés et il expédia un exemplaire de son chasseur à tous les constructeurs qui en firent la demande. En Grande-Bretagne, il permettra de construire le Sopwith 1.1/2, le premier chasseur britannique à mitrailleuse synchronisées.
Le 1er juillet 1915, la France subit la perte en combat aérien de son premier Type-L, et comble des combles, il fut alors abattu par un Fokker Eindecker, son cousin « germain ». Au mois d’août 1915, et à cause de cette ressemblance, six Type-L furent abattus par erreur par la DCA française et belge, dont deux appareils du RFC. Dès lors, on décida d’apposer de plus grandes cocardes sur les monoplans parasol Morane-Saulnier afin d’éviter toute confusion avec les Eindecker.
Peu à peu, les Type-L furent retirés du service de première ligne, et lors de l’Armistice du 11 novembre 1918, moins d’une trentaine demeuraient en service dans l’Aviation Militaire Française, principalement pour des missions d’entrainement. Le Type-L servit, hormis en France, en Belgique, en Grande-Bretagne, en Russie, en Roumanie, mais également en Pologne ou encore en Suède. L’avion fut construit sous licence à une dizaine d’exemplaires par Aero en Tchécoslovaquie.
S’il fut éclipsé durant la Première Guerre mondiale par des chasseurs alliés vedettes comme le Royal Aircraft Factory SE-5 ou par le SPAD XII, le Type-L n’en demeure pas moins un des précurseurs de l’aviation militaire.
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