Le Pentagone va t-il payer la disparition programmée des RAID ?

Lorsque la décision avait été prise en février 2017 elle était passée totalement inaperçue. Aujourd’hui alors que des éléments de l’US National Guard sont de plus en plus mis au service du maintien de l’ordre face aux manifestations contre les violences racistes et policières le recours aux RAID semble nécessaire. Seulement voilà ces détachements sont progressivement en train de disparaitre. Pour l’administration Trump c’est un peu l’arroseur arrosé.

Avant tout il est bon d’expliquer ce que signifie l’initiale RAID. Rien à voir avec les supers-policiers que les Français connaissent bien, il s’agit là de formations ponctuelles d’hélicoptères militaires. Dans ce cas de figure RAID signifie Reconnaissance And Interdiction Detachment.
Comme leur nom l’indique ce sont donc des détachements destinés à des missions de reconnaissance et d’interdiction.

Reconnaissance et interdiction, deux termes qui ne seront pas forcément facile à appréhender pour celles et ceux qui ne manient pas correctement le jargon militaire anglophone. La reconnaissance c’est évidemment l’obtention d’un renseignement d’origine aéroporté, à l’œil nu ou bien un appareillage photo et/ou électronique. L’interdiction est plus complexe. C’est en effet un concept né aux États-Unis durant la Seconde Guerre mondiale et visant à retarder au maximum l’avancée de troupes ennemies par des moyens offensifs plus ciblés que des bombardiers, des missiles de croisière, ou encore de l’artillerie.
Durant très longtemps les RAID étaient équipés dans l’US National Guard d’hélicoptères types Bell OH-58C Kiowa/OH-58D Kiowa Warrior, et avant cela de Hughes OH-6A Cayuse et même parfois de Bell UH-1H/UH-1H Iroquois.
À partir de l’administration Obama ce fut l’Eurocopter UH-72A Lakota qui fut affecté à ce type de détachements.

UH-72 Lakota de la garde nationale de l’état de New York en configuration RAID : phare externe et FLIR.

Or lorsque Donald Trump arriva à la Maison Blanche il décida de réformer en profondeur la défense américaine. Sous la pression de plusieurs lobbys militaro-industriels James Mattis, alors secrétaire américain à la défense, décida de mettre un terme aux RAID estimant que leurs missions pouvaient parfaitement être remplies par des drones de combat.
Si l’ancien général américain pouvait parfaitement placer sa décision sous cet angle c’était nier le fait que les RAID avaient également une mission intérieure de soutien au maintien de l’ordre.
Les hélicoptères de ces détachements pouvant en effet parfaitement assurer des missions de reconnaissance au-dessus de zones d’émeutes ils suppléaient ainsi les appareils des services de police.

Or depuis maintenant près d’une semaines plusieurs grandes villes américaines connaissent une flambée de violences urbaines suite à un meurtre raciste perpétré à Minneapolis par une patrouille de policiers. Et une quinzaine d’état les membres de la garde nationale sont mis au service des forces de l’ordre afin de les renforcer. Sauf qu’en l’absence de RAID seuls les hélicoptères des forces de police peuvent assurer la surveillance des manifestations anti-racisme et des débordements qui parfois s’en suivent.
Pour la petite histoire seuls trois états possèdent encore de tels détachements dans leurs gardes nationales : Alaska, New York, et Wyoming. Ce dernier les réalise d’ailleurs avec des Sikorsky UH-60L Blackhawk. Et aucun de ces états n’a (actuellement) ressenti le besoin de mobiliser sa troupe face aux manifestants.

Il n’y a que dans le Wyoming qu’on peut encore croiser un Blackhawk en mission RAID.

Peut-être que l’ex-secrétaire James Mattis aurait dû lire l’homme d’état français Jean Jaurès pour qui : «l’action politique doit toujours dépasser sa propre existence». OK Jaurès n’était pas aux mains des lobbyistes de l’industrie de défense des États-Unis mais tout de même, n’est pas secrétaire à la défense des États-Unis qui veut.
En attendant dans les états où la garde nationale est mobilisée les hélicoptères des RAID ne sont plus qu’un vieux souvenir.

Photos © gardes nationales des états de New York et du Wyoming.


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Arnaud
Passionné d'aviation tant civile que militaire depuis ma plus tendre enfance, j'essaye sans arrêt de me confronter à de nouveaux défis afin d'accroitre mes connaissances dans ce domaine. Grand amateur de coups de gueules, de bonnes bouffes, et de soirées entre amis.
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Commentaires

2 Responses

  1. Salut Arnaud,

    Merci pour cet éclairage.
    Personnellement, j’ignorais l’existence de cette mission spécifique.

    Qu’est ce qui empêche les helicos des gardes nationaux de faire le job (au moins l’observation et la reconnaissance? Les appareils avaient-ils des équipements spécifiques? Les équipages des formations dédiées ?

    Flixm

    1. Bonjour, pour l’instant uniquement les décisions prises du temps où James Mattis était à la tête du Pentagone. C’est tristement la décision politique qui a tué cela pour les hélicoptères de la garde nationale.

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