FMA I.Ae. 27 Pulqui I

À la fin de la seconde guerre mondiale, l’Argentine était devenue la neuvième puissance économique à l’échelle internationale. Toutefois, l’Argentine ne disposait que d’avions militaires obsolètes alors que ses principaux rivaux sud-américains, s’étant joints plus tôt aux Alliés, alignaient des appareils beaucoup plus modernes tel le redoutable Republic P-47 Thunderbolt. Cette situation était d’autant plus inacceptable pour les dirigeants argentins que ceux-ci avaient des visées expansionnistes en Antarctique ainsi que le désir de récupérer les Islas Malvinas, soit la colonie britannique des îles Falkland. Une dispute frontalière latente avec le Chili, à l’égard de la possession de certaines îles au sud de la Patagonie, a également incité l’Argentine à se lancer dans une modernisation rapide de son armée de l’air.

Voulant s’assurer de la supériorité aérienne face à ses rivaux, l’Argentine a misé sur deux initiatives parallèles, soit le programme « Pulqui » visant à développer un avion de chasse à réaction argentin et l’achat d’avions étrangers afin de combler l’écart entre-temps. Après avoir essuyé un refus aux États-Unis, l’Argentine se tourna vers le gouvernement britannique. Aux prises avec une dette de guerre énorme à rembourser, la Grande-Bretagne accepta, malgré les protestations de Washington, de livrer 100 Gloster Meteor ainsi que 45 bombardiers lourds (15 Avro Lancaster et 30 Lincoln) de même que 15 avions de transport tactique Bristol Freighter à la Fuerza Aérea Argentina qui commença à aligner ses premiers Meteor dès 1947.

Dans le cadre du programme Pulqui, qui signifie « Flèche » dans la langue indigène Mapuche, deux appareils furent développés par l’Instituto Aerotecnico soit le I.Ae.27 Pulqui I et le I.Ae.33 Pulqui II. Le projet Pulqui I fut placé sous la direction du concepteur français Émile Dewoitine, qui s’était joint à l’Instituto Aerotecnico avant la fin de la seconde guerre mondiale. Quant au Pulqui II, sa conception fut confiée à une équipe sous la direction du célèbre ingénieur allemand Kurt Tank.

Le prototype du Pulqui I vola pour la première fois en août 1947. Le fuselage semi-monocoque enveloppait un turboréacteur britannique Rolls-Royce Derwent. Le faible volume interne du fuselage ne permettait que des réservoirs d’essence dans les ailes, ce qui limita grandement l’autonomie de l’appareil. Par ailleurs, il devint vite évident que le Pulqui I menait à une impasse puisque des avions plus évolués, tel le MiG-15 soviétique et le F-86 Sabre américain effectuaient déjà leurs premiers vols la même année. Le développement du Pulqui I fut donc rapidement abandonné au profit de la mise au point du Pulqui II de conception totalement différente. Quant à Émile Dewoitine, qui retourna en France après un séjour en Suisse, le Pulqui I fut le dernier avion qu’il conçut.

Malgré sa brève apparition dans le ciel argentin, le Pulqui I occupe une place significative dans l’histoire de l’aviation. Grâce à cet appareil, l’Argentine devenait le sixième pays au monde après l’Allemagne, le Japon, la Grande-Bretagne, les États-Unis et la France, à développer et faire voler un avion à réaction. L’unique exemplaire du Pulqui I jamais construit est exposé au musée argentin d’aéronautique (Museo Nacional de Aeronáutica), près de Buenos Aires.