L’aviation française est véritablement passée de l’artisanat à l’industrie au cours de la Première Guerre mondiale. De quelques dizaines de fragiles aéroplanes par an elle passa à plusieurs centaines d’avions sans cesse plus élaborés. La chasse est le domaine dans lesquelles elle fit progresser le plus radicalement sa production, au point d’être fin 1918 le principal fabricant d’avions de ce type avec le Royaume-Uni. Parmi les nombreux chasseurs français apparus durant cette période il y eut les biplans Nieuport Nie.24 et Nie27.
C’est au cours de l’été 1916 que les responsables de l’avionneur Nieuport eurent l’idée de développer une version améliorée de leur chasseur Nie.17 alors en service dans les unités de l’Aéronautique Militaire Française. Leurs designers avaient conçus une nouvelle aile au profil aérodynamique amélioré. De son côté le motoriste Le Rhône proposait un moteur rotatif 9Jb plus puissant que le 9Ja précédemment utilisé. Il fut décidé à Noël 1916 de produire l’avion dessiné dans le bureau d’études sous la désignation de Nieuport Nie.24.
À cette époque les besoins de l’Aéronautique Militaire Française en avions de chasse étaient très important. Il fallait tout à la fois damer le pion des chasseurs allemands mais également abattre leurs avions de reconnaissance et surtout leurs terrifiants bombardiers lourds. Ce tout nouveau Nieuport Nie.24 représentait donc une excellente nouvelle pour l’état-major français qui le commanda immédiatement à 120 exemplaires.
Le premier vol du prototype intervint en février 1917.
Les essais en vol révélèrent rapidement des difficultés de pilotage du Nie.24, notamment lors des phases ascendantes. Pour autant le ministère de la guerre continuait de vouloir ce chasseur léger. Afin de remédier en partie à ses défauts l’avionneur créa le Nie.24Bis équipé d’un empennage de Nie.17Bis. Finalement l’Aéronautique Militaire Française passa commande des deux machines indistinctement.
Particularité notable le Nie.24Bis entra en service actif avant le Nie.24, soit en avril 1917. Et très vite ce petit chasseur monoplace réussit à s’octroyer un nombre assez important de victoires aériennes. En juin 1917 les premiers Nie.24 les rejoignaient.
D’une architecture très académique pour son temps le Nieuport Nie.24 se présentait sous la forme d’un chasseur biplan. Il était construit en bois entoilé et doté d’un train d’atterrissage classique fixe se terminant par un patin de queue. Son armement se composait d’une mitrailleuse synchronisée Vickers de fabrication britannique de calibre 7.7mm. Il était motorisé par un Le Rhône 9Jb à neuf cylindres rotatifs entraînant une hélice bipale en bois. Le pilote prenait place dans un cockpit monoplace à l’air libre.
À l’été 1917 apparut sur le front le Nieuport Nie.27. Malgré cette désignation nouvelle l’avion était en fait un Nie.24Bis doté d’un nouveau train d’atterrissage et sur lequel le moteur Le Rhône 9Jb avait été remplacé par un 9Jby, de même puissance. L’armement d’ailleurs demeurait lui aussi identique.
Les Nie.27 furent généralement versés dans les escadrilles françaises qui volaient déjà sur Nie.24 et Nie.24Bis, sans pour autant remplacer ces derniers. Malgré de bonnes qualités intrinsèques ces trois modèles souffraient d’un même mal : une mécanique très fragile. Aussi tombaient t-ils fréquemment en panne. C’est ce qui explique sans doute que leur service opérationnel fut si court. Le dernier d’entre-eux quitta la première ligne en février 1918.
Pour autant la quasi totalité de ces avions encore en état de vol fut versée à diverses écoles d’aviation, afin de perfectionner les futurs aviateurs à la chasse. Ils y restèrent jusqu’en 1919.
Outre la France les Nieuport Nie.24/Nie24Bis et Nie.27 connurent le feu sous d’autres cocardes. Les Royal Flying Corps et Royal Naval Air Service britanniques en firent voler environ 140 à partir de l’été 1917. La moitié d’entre-eux se retrouva ensuite dans la rangs de la jeune Royal Air Force.
Mais surtout ces trois chasseurs français demeurent intimement liés à deux pays : les États-Unis et l’Union Soviétique. Le cas de ce second pays est intéressant puisque ces chasseurs furent achetés du temps du tsar Nicolas II et ensuite repris par les pilotes soviétiques qui l’utilisèrent jusqu’en 1925 à hauteur de 310 exemplaires. Le corps expéditionnaire américain de son côté utilisa 261 exemplaires du Nie.24 et 287 du Nie.27, dont plus de la moitié gagna le territoire américain après-guerre. Ils demeurèrent en service dans l’US Army Signal Corps jusqu’en 1923. Outre ces pays des avions furent livrés durant la période de conflit aux forces aériennes belges, italiennes, roumaines, et serbes.
Si la fin de la Première Guerre mondiale scella le sort des Nie.24/Nie.27 en France et au Royaume-Uni il n’en fut rien ailleurs. La production fut même relancée en 1919 pour le compte du Brésil, de la Grèce, du Siam, et de l’Uruguay. Par ailleurs plusieurs pays alliés de la France en reçurent à titre gratuit une fois la paix revenue, à l’image de l’Estonie ou encore de la Pologne. En 1920 une licence de production fut cédée à l’avionneur japonais Nakajima qui produisit 102 exemplaires de l’avion sous la désignation Ko-3. Ils demeurèrent en service jusqu’en 1927.
Mal aimé en France les Nieuport Nie.24/Nie.27 furent donc particulièrement apprécié à l’étranger. Surtout il fait partie de ces rares chasseurs qui connurent une période de production à la fois durant la guerre 14/18 mais également au tout début de l’entre-deux-guerres. De nos plusieurs répliques sont exposés dans des musées du monde entier.
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