L’information a été officiellement révélée cette semaine par l’état-major de la Japan Air Self-Defense Force. Au cours de «l’année passée» la chasse japonaise a été sollicitée à un niveau jamais atteint depuis la fin de la guerre froide. En cause les approches souvent hasardeuses d’avions militaires chinois et/ou russes, nécessitant ainsi leur identification visuelle. Il faut savoir qu’on parle ici d’une année fiscale et non d’un année civile.
Et donc les années fiscales nippones débutent le 1er avril pour se terminer le 31 mars. C’est ainsi que l’année fiscale 2019 s’est terminé à la fin du mois dernier.
Sur cette période les avions de combat japonais, et notamment les chasseurs de supériorité aérienne Mitsubishi F-15J/DJ Eagle ont été particulièrement mis en avant dans ces missions. Il faut dire que ces derniers ont l’allonge suffisante pour aller jusqu’aux limites de l’espace aérien souverain du pays mais également jusqu’à l’ADIZ, la zone d’identification de défense aérienne. Par ailleurs la JASDF utilise également pour ces missions des Mitsubishi F-2 et même parfois de vieux McDonnell-Douglas F-4EJ Phantom II.
Si dans l’absolu les chasseurs japonais ont moins pris les airs en 2019 qu’en 2018, à hauteur de 947 fois contre 999, ils ont cependant plus souvent été appelés pour l’interception d’avions militaires. En fait c’est le volet des assistances à aéronefs civils en difficulté qui a été beaucoup réduit, notamment sur le dernier quart de l’année fiscal 2019. La crise sanitaire du Covid19 n’y est pas étrangère, les vols commerciaux vers et au départ du Japon ayant fortement été réduits à partir de début janvier.
Ce sont donc clairement les avions militaires des deux puissances voisines qui sont en causes : la Chine et la Russie.
Dans le cas de la première ils ont été obligé d’intervenir à 675 reprises contre des avions porteurs des marques de nationalité chinoise. Principalement il s’agissait d’avion de reconnaissance électronique Shaanxi KJ-200/KJ-500. On pouvait rencontrer également des versions d’espionnage aéroporté du bombardier Xian H-6, dérivé chinois du Tupolev Tu-16 soviétique. À chaque fois les avions évoluaient dans l’ADIZ au plus près de l’espace aérien japonais. Il faut signaler que selon Tokyo les interceptions d’avions chinois ont augmenté d’environ 5.85% par rapport à l’année précédente. Jamais depuis 1958 le Japon n’avait été obligé d’aller identifier autant d’avions chinois.
À côté de la Chine la Russie ferait presque pale figure. En effet ses avions de reconnaissance Beriev A-50 et Tupolev Tu-142 n’ont été l’objet d’alerte «que» 268 fois. Par contre à la différence des Chinois les Russes n’hésitent pas à faire escorter leurs avions par des chasseurs à long rayon d’action Sukhoi Su-27 et Su-35. Ce qui fait plus d’échos radars et donc un besoin en plus grand nombre d’avions de supériorité aérienne pour le Japon.
Enfin il faut souligner que la chasse japonaise a eu à décoller quatre fois pour identifier des avions militaires nord-coréens. Dans trois cas il s’agissait d’un avion-cargo Ilyushin Il-18 et dans un seul cas d’un avion de combat. C’était un Shenyang J-6, une copie chinoise du Mikoyan-Gurevitch MiG-19 soviétique.
L’état-major japonais par contre rappelle que si sur l’année fiscale 2018 les avions chinois et/ou russes ont au total violé l’espace aérien japonais quatorze fois ce chiffre est tombé à dix fois au cours de l’exercice 2019.
Par contre fort évidemment Chinois, Nord-Coréens, et Russes ne volent qu’avec des avions dont le transpondeur est éteint. Ce dernier ne se rallume généralement qu’en revenant dans l’espace aérien du pays d’appartenance.
Cette très forte activité de la chasse japonaise explique en partie pourquoi les pilotes de chasse sont si nombreux dans l’archipel et pourquoi la JASDF demeure une force aérienne aussi puissamment dotée en avions spécialisés dans le combat air-air.
Photo © Keypublishing.
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