L’évolution technologique des voilures tournantes offrit au monde militaire de nouvelles options souvent impressionnantes. C’est pourtant sans nul doute dans le domaine de la projection de force que les hélicoptères surent le mieux s’imposer. Les pays les plus en pointe durant la guerre froide dans ce domaine étaient les États-Unis, la France, et l’Union Soviétique. Dans le premier d’entre-eux plusieurs modèles virent le jour de manière très concrète, allant même jusqu’à profondément marquer leur temps. Pourtant il exista en Amérique quelques plantages, comme partout ailleurs. Et l’un des plus célèbres fut sans nul doute le Boeing Vertol YUH-61.
Tout commença en 1972 quand l’US Army demanda à l’US Department of Defense de lancer un vaste plan afin de trouver un successeur à ses hélicoptères d’assaut Bell UH-1D/H Iroquois alors en dotation. Le programme prévoyait que le futur hélicoptère puisse embarquer au minimum onze fantassins armés et équipés (et au maximum quinze) tout en assurant leur protection à l’aide d’une mitrailleuse en position de gundoor.
Tirant les enseignements de la guerre du Vietnam ce programme baptisé UTTAS (pour Utility Tactical Transport Aircraft System) prévoyait aussi que le futur hélicoptère soit mieux protéger contre les écrasements. Il devait en outre être biturbine. Enfin l’appareil devait pouvoir être embarqué à l’unité dans un Lockheed C-130H Hercules et par deux dans un C-141B Starlifter.
Assez étrangement peu de constructeurs se lancèrent dans la compétition. Seuls Boeing Vertol et Sikorsky firent des propositions. Bell Helicopter, Kaman, ou encore Hughes ne proposèrent même pas d’avant-projets. Un temps il fut envisagé de tester le Bell UH-1N Twin Huey mais cela ne se fit pas car le constructeur ne proposait officiellement pas son appareil.
Le Pentagone passa donc commande pour deux hélicoptères de présérie à chacun des deux hélicoptéristes.
Boeing Vertol proposait son Model 179 qui se vit octroyer la désignation militaire YUH-61 dans la nomenclature américaine. Par rapport aux productions précédentes de ce constructeur le Model 179 était radicalement nouveau. Il abandonnait en effet l’architecture en double rotor en tandem qui avait fait son succès notamment avec le CH-46 Sea Knight alors en service dans l’US Marines Corps. Le futur YUH-61 se présentait de manière bien plus classique.
Le premier hélicoptère de présérie Boeing Vertol YUH-61, en fait le prototype, fut assemblé assez rapidement. Il début ses essais de roulage et ses tests statiques en septembre 1974.
Extérieurement il se présentait sous la forme d’un hélicoptère de construction entièrement métallique doté de deux turbines General Electric T700 d’une puissance unitaire de 1557 chevaux entraînant un rotor à quatre pales. Le tout reposait sur une tête de rotor de conception ouest-allemande fournie par M.B.B. et ayant la particularité d’être rigide. Il possédait un train d’atterrissage tricycle escamotable. L’équipage prenait place dans un poste de pilotage biplace côte à côte largement vitré doté d’équipements alors très modernes. L’YUH-61 fut un des premiers hélicoptères au monde pensé pour l’utilisation des premières jumelles de vision nocturne.
L’obligation de chargement à bord des avions-cargos de l’US Air Force força les ingénieurs à concevoir un hélicoptère compact, presque ramassé.
Bien qu’aucun armement ne fut monté il était possible qu’il puisse emporter une mitrailleuse rotative type minigun.
C’est dans cette configuration que le premier vol de l’appareil intervint le 29 novembre 1974.
Malgré de bons résultats lors des essais en vol l’US Army semblait déjà avoir fait son choix, et ce n’était pas le Boeing Vertol YUH-61. En décembre 1976 le couperet tomba et l’armée américaine annonça commander en série son concurrent : le Sikorsky UH-60, alias Blackhawk ! Mais rien ne semblait perdu pour Boeing Vertol.
Le constructeur comptait en effet sur son image de marque sur le marché civil afin de rebondir. Le Model 179 fut alors proposé comme hélicoptère d’affaire et de recherches-sauvetages en mer auprès des entreprises privées.
Le Boeing Vertol Model 234 connaissait alors un début de succès commercial. Malheureusement celui-ci restait intimement lié au succès de son modèle militaire d’origine. Il était tiré du CH-47 Chinook. Comme l’YUH-61 fut rejeté par l’armée américaine le Model 179 n’attirait pas les clients civils. C’est finalement assez logique.
L’hélicoptériste pensait avoir encore une carte à jouer : le second programme LAMPS, pour Light Airborne Multi-Purpose System. Lancé par l’US Navy il visait à la dotation d’un nouvel hélicoptère de combat naval. Boeing Vertol proposa alors son Model 237, en fait le Model 179 civil repeint aux couleurs de l’aéronavale. Cette fois il ne fut même pas testé et rejeté directement, au profit du Sikorsky SH-60 Seahawk.
À la fin des années 1970 le constructeur Boeing Vertol jeta l’éponge. Son YUH-61 devait rester à l’état expérimental. Il a été refusé coup sur coup par l’US Army et par l’US Navy, cela en faisait de trop. L’hélicoptériste revint à ses premières amoures sous les forme des birotors en tandem avec des améliorations du CH-47 Chinook.
Aujourd’hui les deux appareils testés par l’armée américaine sont préservés dans un musée aéronautique en Alabama.
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