Coup dur pour les industries aéronautiques européennes et surtout américaines. L’état-major de la Kōkū Jieitai vient d’annoncer avoir rejeté l’hypothèse d’une acquisition d’avions étrangers dans le programme de remplacement des actuels chasseurs Mitsubishi F-2. Le futur avion, furtif bien sûr, devrait entrer en service au début de la décennie prochaine et sera donc selon toutes vraisemblances de facture indigène. Le Japon obtient ainsi un peu plus d’indépendance vis à vis des États-Unis, son plus puissant allié.
L’aviation japonaise compte en effet retirer du service les premiers de ses Mitsubishi F-2 à l’horizon 2030. Et pour cela elle a lancé en 2019 un pré-appel d’offres visant à établir ce que pourrait être le remplaçant de ces monoréacteurs de grande qualité.
Trois propositions étrangères étaient principalement étudiées : une en provenance de l’avionneur américain Lockheed-Martin, une originaire du consortium européen Team Tempest, et enfin une plus régionale venant de Corée du Sud. Et chacune avait des arguments à faire valoir aux autorités militaires japonaises.
Si les Européens et les Sud-Coréens s’appuyaient sur des programmes déjà connus, le Team Tempest pour les premiers et le Korea Aerospace Industries KF-X pour les seconds, les Américains eux proposaient un avion assez nouveau. Ou presque. Tous trois avaient comme point communs de proposer un avion à la signature radar fortement dégradée, c’est à dire un chasseur furtif. Il faut dire que c’est vraiment la technologie à la mode depuis quelques années.
Pour d’évidentes raisons diplomatiques les constructeurs chinois et russes n’étaient pas conviés à faire des propositions.
Lockheed-Martin donc avançait une idée assez originale : faire du neuf avec du (presque) vieux. L’idée du géant américain était de proposer aux Japonais un avion hybride reprenant des caractéristiques propres aux F-22A Raptor et aux F-35A Lightning II, le tout avec l’aide de l’industrie aéronautique nippone. Clairement les dirigeants de cet avionneur avaient appris de l’accord entre McDonnell-Douglas et Mitsubishi qui avait donné naissance au F-15J.
Pour autant ce montage a été jugé un peu hasardeux par les autorités japonaises qui craignent que le développement d’un tel avion prenne bien plus qu’une décennie. Même en s’appuyant sur deux modèles d’avions déjà construits en série et ayant déjà tout deux connus l’épreuve du feu. Le programme de Lockheed-Martin a donc été retoqué.
Idem donc pour Korea Aerospace Industries et la Team Tempest.
Mais alors quelle option reste t-il aux Japonais ? La plus simple : concevoir eux-même un tel avion. Et pour cela l’avionneur Mitsubishi semble avoir la priorité. Il faut dire que lui a déjà fait voler un avion furtif : le X-2 Shinshin expérimental. Ce démonstrateur technologique connu un temps comme ATD-X a permis à l’industrie nippone de faire de véritables avancées en la matière.
Pour beaucoup il pourrait préfigurer le futur chasseur japonais et même pourquoi pas lui permettre d’exister plus tôt. Reste que le Shinshin est un pur prototype et pas du tout un avion de combat, il faudra donc le militariser pour pouvoir en faire un chasseur digne de ce nom.
Le refus de Lockheed-Martin semble confirmer que le Japon s’émancipe des États-Unis quant à la dotation de matériels aériens de défense. Pour autant cela ne remet pas en question l’acquisition des F-35A Lightning II par cette force aérienne d’autodéfense.
Photo © JASDF.
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2 Responses
Et c’est tout en leurs honneur
Je suis totalement d’accord avec vous. Surtout si l’industrie aéronautique nippone en a les capacités. Après au final je la verrais bien s’allier avec sa voisine sud-coréenne.