Surveillance aérienne des populations de requins au large de la Nouvelle-Angleterre.

C’est une des missions mal connues des unités aériennes de l’US Coast Guard. Chaque année du mois de décembre au mois d’avril inclus les avions des coasties sont mis à disposition des biologistes marins américains afin d’étudier les mouvement des différentes espèces de requins peuplant les eaux au large de la Nouvelle-Angleterre. Actuellement c’est un des trois HC-144A Ocean Sentry de la base de Cape Cod qui assure cette mission. Des vols qui servent autant la science que l’industrie de la pèche.

La crainte irrationnelle des requins a fortement imprégné les communautés de marins de Nouvelle-Angleterre. Il faut dire qu’une dizaine d’espèces, de toutes les tailles, vit dans les eaux de la région. Certaines sont totalement inoffensives pour l’homme, d’autres pourraient passablement s’avérer dangereuses. C’est pourquoi depuis sa création l’US Coast Guard a toujours surveillé ces poissons cartilagineux.

L’arrivée de moyens aériens dans la région changea la donne puisqu’une mission de surveillance aéroportée fut mise sur pied dans les années 1970 sur amphibies Grumman HU-16E Albatros puis au cours de la décennie suivante sur Dassault HU-25A/B Guardian. Aujourd’hui c’est un Airbus DS HC-144A Ocean Sentry qui assure cette mission méconnue. C’est à cette époque qu’il fut décidé qu’elle aurait lieu entre l’hiver et le début du printemps. Parfois une seconde session est mise sur pied entre fin août et mi-octobre.

Les avions survolent les flots et à l’aide de leurs systèmes de reconnaissance type FLIR et caméras infrarouges ils tentent de repérer les requins nageant au plus près de la surface. Un HC-144A Ocean Sentry volant en plein jour entre 30 et 50 mètres d’altitude peut parfaitement observer et filmer les mouvements voire la migration d’un requin d’une taille de 0.80 à 1.50 mètre se trouvant jusqu’à six ou sept mètres de profondeurs. C’est un véritable plus pour tous les biologistes marins, et en particulier les ichtyologues. Ces derniers sont spécialisés dans l’étude des poissons. D’ailleurs des scientifiques embarquent à bord de l’avion dédié à ces missions.

Actuellement quatre espèces majeures de requins sont connus pour fréquenter assidument les eaux de Nouvelle-Angleterre. On trouve ainsi les maraîches (ou Lamna nasus) pouvant atteindre trois mètres et demi et les renards de mer commun (ou Alopias vulpinus) qui lui peut grandir jusqu’à cinq voire très exceptionnellement six mètres de long. Ces deux espèces sont bien connues aussi des pécheurs bretons et normands. De la même famille que ce dernier on trouve aussi communément le requin-renard à gros yeux (ou Alopias superciliosus) qui mesure de quatre-vingt centimètres de long à trois mètres et s’avère se retrouver souvent dans les filets des pécheurs.
Ayant plus mauvaise réputation les eaux du Maine et du Massachusetts accueillent assez fréquemment aussi des makos (ou Isurus oxyrinchus) dont la taille oscille entre deux et trois mètres de long et des grands requins blancs (ou Carcharodon carcharias) dont la taille atteint généralement six mètres à six mètres et demi. Réchauffement climatique oblige ces deux espèces dangereuses pour l’homme ont établi leurs zones de chasse dans ces eaux très poissonneuses. Elles entre donc en concurrence directe avec les humains.

Repérer du ciel un grand requin blanc n’est pas rare pour les équipages de l’US Coast Guard en mission dans la zone. Mais cela doit à chaque fois être une petite décharge d’adrénaline tant cet animal véhicule autour de lui un imaginaire riche et foisonnant. Et ce bien avant «Les Dents de la mer», le roman de Peter Benchley porté à l’écran par Steven Spielberg en 1975. Il est considéré par beaucoup de scientifiques et de passionnés comme le véritable roi des océans, et très loin du requin tueur présenté si souvent par Hollywood. Pour autant les studios Pixar l’ont un peu réhabilité avec l’attendrissant et très drôle personnage de Bruce dans son film d’animation «Le monde de Némo». En Nouvelle-Angleterre comme dans beaucoup de pays européens le grand requin blanc est une espèce strictement protégée.

En décembre 2018 l’équipage d’un hélicoptère Sikorsky MH-60T Jayhawk revenant d’une mission d’entraînement au large de Cape Cod identifia la carcasse d’un requin inconnu. Deux scientifiques américains ont estimé qu’il s’agissait d’un requin féroce (ou Odontaspis ferox) un requin pélagique inoffensif pour l’homme que l’on rencontre au large des côtes françaises et plus rarement irlandaises. Cet animal n’est pas connue pour vivre dans les eaux américaines. Son habitat aurait pu être modifié par le réchauffement climatique du aux activités industrielles humaines.

Bel outil pour observer et étudier les requins.

Depuis longtemps nous avons pris l’habitude de vous présenter ces missions aériennes de l’US Coast Guard destinées à protéger la faune marine américaine. Après les dauphins ou plus récemment les phoques moines c’est aujourd’hui au tour des requins ! Quel sera le prochain animal sauvé ou protégé par les femmes et les hommes de la garde côtière américaine ? Nous vous le ferons découvrir à ce moment là.

Photos © US Coast Guard.

NDLR : La Nouvelle-Angleterre est une région des États-Unis regroupant les états du Maine, du Massachusetts, du New Hampshire, du Vermont, de Rhode Island et du Connecticut. Sa capitale historique est la ville de Boston.


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Arnaud
Passionné d'aviation tant civile que militaire depuis ma plus tendre enfance, j'essaye sans arrêt de me confronter à de nouveaux défis afin d'accroitre mes connaissances dans ce domaine. Grand amateur de coups de gueules, de bonnes bouffes, et de soirées entre amis.
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Commentaires

3 Responses

  1. Merci de nous tenir en eveil tous les jours durant cette periode de sieste des neurones ….
    L’activite industrielle n’est pas seule responsable du rechauffement climatique (par ailleurs cyclique et non pas exceptionnel) ; l’agriculture et l’elevage ont une grande part de responsabilites dans ces changements.
    Bonne semaine ! Marc.

  2. merci cher Arnaud pour tous ces articles qui viennent nous distraire pendant cette dure période.

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