Donald Trump plonge le transport aérien américain et européen dans la crise.

Il y a un peu plus de trois ans nous nous demandions si le président américain n’était pas un gros nul en matière d’aéronautique, nous en avons désormais la réponse. La décision prise par la Maison-Blanche d’interdire l’entrée des ressortissants européens sur le sol américain (à l’exception des Britanniques) a créé un véritable choc économique des deux côtés de l’Atlantique. Les compagnies aériennes américaines et européennes en sont ressorties groggy tandis que les deux principaux constructeurs d’avions de ligne accusaient le coup au sein des places boursière. Sans certainement s’en douter à l’avance le locataire actuel du Bureau Ovale est à l’origine d’un des pis épisodes boursiers depuis 1929.

Depuis quelques jours déjà les compagnies aériennes américaines avaient commencé à déserter l’Italie. Mais il s’agissait à chaque fois de décisions prises par celles-ci et non au niveau fédérale. Désormais c’est au plus haut sommet de l’état américain que cela a été fait, et pour tous les pays européens… ou presque.
En effet d’une manière assez inique Donald Trump a décidé que les citoyens britanniques ne seraient pas concernés par l’interdiction d’entrer sur le territoire américain à laquelle il a condamné tous les autres Européens. Et cela n’a rien à voir avec le Brexit et la sortie du Royaume Uni de l’Union Européenne, puisque des pays non-membres sont également concernés par cette interdiction. Les ressortissants norvégiens, serbes, ou encore suisses sont eux-aussi touchés par la décision du président américain.
Hormis les Britanniques nous sommes donc tous personæ non gratæ aux États-Unis pour les trente prochains jours minimum.

Boeing 777-300ER de British Airways sur l’aéroport de Los Angeles.

Les réactions internationales, européennes en fait, ne se sont pas faites attendre. Que ce soit madame Ursula von der Leyen, l’actuelle présidente de la commission européenne, ou bien monsieur Charles Michel le président du conseil, les plus hautes autorités européennes ont fait savoir leurs mécontentement face à ce choix américain. Surtout beaucoup ont souligné que Donald Trump avait pris cette décision de manière unilatérale. L’annonce par voie de presse et non via la diplomatie en dit long aussi sur l’amateurisme de l’actuel président des États-Unis.
Même le Chancelier de l’Échiquier (ministre des finances au Royaume-Uni) monsieur Rishi Sunak a qualifié cette décision d’inutile car le Covid19 est déjà présent sur le sol américain et que son pays est touché au même titre que ses voisins européens.

Et le secteur aéronautique dans tout ça ?
Eh bien lui a pris la décision trumpienne de plein fouet dans le visage. Les principales compagnies aériennes européennes ne s’y attendaient pas et voient donc leur activité amputée de manière drastique. Pour des compagnies comme Air France, Iberia, KLM, ou encore Lufthansa les liaisons transatlantiques représentent jusqu’à 19% de leur chiffre d’affaire. Pis beaucoup tablaient sur les États-Unis pour redéployer leurs flottes longs-courriers après l’épisode chinois. Cela ne pourra pas se faire.
L’aviation commerciale française en particulier est très impactée, et pas uniquement Air France. Le transporteur haut de gamme La Compagnie qui dessert uniquement l’aéroport new-yorkais de Newark depuis Paris-Orly et Nice à l’aide de deux Airbus A321Neo pourrait bien ne pas s’en relever. Sa situation économique était déjà tendue avant l’annonce américaine. Air Tahiti Nui, Corsair, ou encore French Bee sont également touchées.

Airbus A321Neo aux couleurs de La Compagnie.

Les compagnies américaines également accusent le coup. American Airlines, Delta Airlines, ou encore United Airlines voient dans le transatlantique une grosse part de leur activité. Leurs avions vont donc à elles-aussi être cloué au sol, ne transportant plus les touristes et voyageurs d’affaires européens vers les États-Unis.

Par un évident effet de ricochet ce sont Airbus et Boeing qui subissent cette interdiction d’entrer des ressortissants européens sur le sol américain. Avec moins de besoins en avions les compagnies aériennes pourraient être tentées de revoir leurs commandes en aéronefs. La confiance boursière s’est faite ressentir puisqu’à Wall Street l’action de l’avionneur américain a clôturé le jeudi 12 mars 2020 avec une baisse historique de 18%. C’est à dire plus forte qu’en juin dernier au plus fort de la crise du 737 Max. Airbus de son côté a quelque peu sauvé les meubles n’ayant chuté «que» de 8%.
On ne peut pas dire que la confiance soit de mise sur les marchés. Et le résultat financier donne que toutes les places boursières ont littéralement dévissées. Milan et Paris ont connu la pire journée de leurs histoires respectives, tandis que Londres connaissait sa journée la plus noire depuis 1987 et Wall Street depuis 1989.

L’A350, comme son concurrent 787 Dreamliner, pourrait avoir fort à perdre dans cette histoire.

Soyons très clair Donald Trump a démontré que oui c’est un gros nul en aéronautique !!!
Car de manière totalement dogmatique il a cru qu’avec cette interdiction frappant les ressortissants Européens (mais pas à tous) il pourrait endiguer l’épidémie de Covid19 sur son territoire. Sauf que ce coronavirus est déjà présent aux États-Unis et qu’il y tue comme ailleurs dans le monde.
L’avion de ligne comme vecteur de propagation épidémiologique c’est un concept avéré et connu depuis l’essor de l’aviation commerciale de masse dans les années 1970. Mais cela n’est valable qu’en amont d’une épidémie, et non une fois que celle-ci a atteint le stade pandémique comme l’a rappelé l’Organisation Mondiale de la Santé.
Il se murmure même que le président américain aurait pris sa décision sans même consulter d’experts aéronautique de premier plan ou encore sans en tenir avisée madame Elaine Chao, pourtant actuelle secrétaire américaine aux transports.
Désormais il n’y a plus qu’à espérer que la décision trumpienne ne vienne pas plonger un peu plus le monde dans le doute, à une époque où il n’en a pas besoin.

Photos © Wikimédia Commons.

 


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Arnaud
Passionné d'aviation tant civile que militaire depuis ma plus tendre enfance, j'essaye sans arrêt de me confronter à de nouveaux défis afin d'accroitre mes connaissances dans ce domaine. Grand amateur de coups de gueules, de bonnes bouffes, et de soirées entre amis.
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Commentaires

5 Responses

  1. Le terme amateur est encore trop gentil pour ce personnage que je méprise souverainement.Il est clair que cela est une décision purement politique car les européens sont devenus la cible de l’ire trumpienne après la Chine..Le fait qu’il exclut la grande Bretagne et les autres pays non membres de l’espace Schengen en dit long sur ses intentions. Comme si le virus n’était pas déjà présent pas aux US et en GB..Bien sûr ils ont un drapeau britannique sur le popotin et ne vont pas infecter les US en vertu des relatons spéciales entre la GB et les US.. Les Eta)ts-Unis ont déjà élu des présidents nuls mais celui ci les bat à plate couture (He beats them all !) comme on dit en américain..N’empêche que la décision de ce clown va entraîner des dégâts considérables dans l’industrie du transport aérien et les constructeurs de DEUX côtés de l’Atlantique que l’on ne soupçonne même pas! Je me faisais une joie de recevoir des amis américains fin mai, amoureux de la France et je crois qu’avec ce gros naze c’est plutôt mal parti. Je hais ce type!!

  2. Tout est bon a prendre pour freiner une épidémie. L’Europe est le continent le plus touché après l’Asie. Les compagnies aériennes européennes n’ont elles pas fait pareil en ne desservant plus les aéroports chinois ?

  3. Votre article est à charge, ce n’est pas correct. Comme l’évoque Dimitri, les européens ne se sont pas gênés vis à vis de la Chine. Par ailleurs il faut choisir: le fric ou la santé ? Le Président Trump a choisi la santé de ses ressortissants.

    1. Oui cet article est à charge. En même temps c’est notre liberté éditoriale de dire ce que l’on pense de cette décision américaine.

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