Percival P-40 Prentice

Durant la Seconde Guerre mondiale l’industrie aéronautique britannique fut incontestablement un des plus fleurissantes et des plus diversifiées. Et c’est notamment dans le domaine des avions de servitude que cela se vérifia le plus souvent puisque la Royal Air Force pouvait bien souvent se passer des machines fournies par l’industrie américaine. Et même après le retour de la paix cette industrie persista outre-Manche avec des machines souvent à la pointe de la technologie. Nonobstant au Royaume-Uni aussi il exista des avions ratés, dont la conception et la fabrication avaient été bâclés. Et l’un des représentants les plus fameux dans ce genre fut un monomoteur d’entraînement de base apparu dans l’immédiat après-guerre : le Percival P-40 Prentice.

C’est en 1943 que commença l’aventure de cet avion quand l’Air Ministry émit la Specification 23/43 relative à un avion d’entraînement basique doté de capacités secondaires pour la voltige aérienne. Assez étrangement très peu de constructeurs y répondirent : Airspeed, Miles, et Percival. Et en fait seuls le deuxième et le troisième virent leurs avions étudiés par la RAF, l’avant-projet d’Airspeed étant immédiatement rejeté. Il s’agissait en fait d’une version améliorée de l’AS.45 Cambridge un avion rejeté quelques années plus tôt.
Miles de son côté présentait son M.37, un biplace dérivé du remorqueur de cibles M.25 Martinet. Quand à Percival il s’agissait du P-40 un triplace d’entraînement qui n’était pas sans rappeler l’architecture des avions dérivés du Vega Gull et donc le P-28 Proctor. Après examen des deux propositions c’est finalement ce dernier qui se vit commander en série dès mars 1945. Il ne restait désormais plus qu’à construire un prototype et à le faire voler.

Mais la fin de la Seconde Guerre mondiale faillit bien empêcher le programme d’avoir lieu. Et dès lors Percival chercha des débouchés à l’export pour son avion, au cas où la RAF baisserait drastiquement ses commandes. Cela fit en sorte que le développement du prototype fut ralenti. Son assemblage ne fut terminé qu’en janvier 1946 et il réalisa son premier vol quelques semaines plus tard, le 31 mars.
Pourtant très vite les essais en vol démontrèrent des compétences plus que limitées. Sa vitesse ascensionnelle n’était que de 3.3 mètres par secondes contre 3.8 mètres par seconde pour le De Havilland D.H.82 Tiger Moth qu’il était censé remplacer. Certains officiers britanniques pensèrent même conserver le vieux biplan et annuler la commande de Percival P-40. Mail il n’en fut rien.

Extérieurement le Percival P-40 se présentait sous la forme d’un monoplan à aile basse cantilever construit entièrement en métal. Il possédait un train d’atterrissage classique fixe doté de carénage et d’une roulette de queue. La motorisation était assurée par un De Havilland Gipsy Queen Mk-32 à six cylindres en ligne d’une puissance de 251 chevaux entraînant une hélice bipale en métal. L’élève et son instructeur prenaient place dans un poste de pilotage biplace côte à côte tandis qu’une troisième place existait derrière eux pour accueillir un second élève ou bien un examinateur dans certains cas.
Aucun armement ne fut jamais envisagé sur cet avion.

Ayant reçu le patronyme de Prentice l’avion entra en service au sein de la Royal Air Force en novembre 1947. Mais très rapidement les instructeurs déchantèrent. Non pas qu’il était difficile à pilote ou bien qu’il avait plus d’accidents que les autres avions de son temps simplement il n’était pas adapté à son époque. C’était un avion quasi anachronique, incapable de réaliser des figures de voltiges pour lesquelles il avait pourtant été conçu. Pis il peinait à dépasser les 3000 mètres d’altitude dès lors que son troisième siège était occupé.
C’est pourquoi malgré une commande de 270 machines la RAF chercha très vite un remplaçant a ses Prentice T Mk-1.

Pourtant dans le même temps le Percival P-40 Prentice enregistrait des commandes à l’export. L’Argentine d’abord qui acheta deux cents exemplaires en 1948 avant finalement de se rétracter un an plus tard et de ne prendre que cent avions au même standard que la Royal Air Force. Au sein de la Fuerza Aérea Argentina le monomoteur britannique fut utilisé aussi bien comme avion d’entraînement de base que comme avion de liaisons d’état-major.
Cette même année 1948 la Royal Canadian Air Force essaya l’avion sous la version Prentice T Mk-2 doté d’un moteur Gipsy Queen Mk-51 de 296 chevaux. Bien que nettement plus puissant que la version de la RAF cet avion n’impressionna pas du tout les pilotes canadiens qui en restèrent là. Quelques jours après le refus canadien Percival enregistra une commande pour trois avions au standard T Mk-1 à destination de la force aérienne libanaise. Celle-ci les utilisa de 1949 à 1962 comme avions d’entraînement puis de liaison.

Mais la commande la plus intéressante est sans nul doute celle passée début 1949 par l’Indian Air Force pour un total 65 Prentice T Mk-3 dotés d’un moteur Gipsy Queen Mk-70 d’une puissance de 345 chevaux. Seuls les trois premiers avions furent construits au Royaume-Uni les autres l’étant en Inde par Hindustan Aircraft Limited. Ces avions demeurèrent en service de 1949 à 1959 et utilisés pour la sélection en vol et l’entraînement avancé des radio-navigateurs. Ils volaient aux côtés des HAL HT-2 contemporains.

Finalement la Royal Air Force ne lui a pas trouvé un mais deux remplaçants : le De Havilland Canada DHC-1 Chipmunk et le Percival P-56 Provost. Sur les 270 avions achetés à l’origine un total de 252 Prentice T Mk-1 furent rachetés par l’homme d’affaire Freddie Laker, un pionnier de l’aviation commerciale charter pour sa compagnie aérienne Aviation Traders. Après diverses modifications les avions furent transformés en triplaces-quadriplaces de transport léger. Ils y volèrent entre 1955 et 1961.

De nos jours il demeure quelques exemplaires en état de vol tandis qu’une dizaine de Percival P-40 Prentice est préservée dans plusieurs musées en Argentine, en Inde, et au Royaume-Uni principalement. Pour autant le Prentice est globalement considéré comme un des avions d’entraînement les plus inadaptés de tous les temps.
Il est à signaler qu’une partie des avions de la RAF fut assemblé par l’avionneur Blackburn.