Beaucoup de choses erronées ont été dites après sa nomination ce mardi 3 septembre 2019 au gouvernement. Le député de la Haute-Vienne Jean-Baptiste Djebbari a été nommé secrétaire d’état aux transports, un poste demeuré vacant depuis qu’Élisabeth Borne sa prédécesseure a été nommée ministre de la transition écologique et solidaire. Et contrairement à ce que nombre de médias ont pu écrire ou dire l’homme n’a jamais été pilote d’avion de ligne, mais d’avions d’affaire. Et dans ce genre d’aéronefs la taille fait la différence.
Diplômé de l’ENAC, l’école nationale de l’aviation civile monsieur Djebbari est avant tout un spécialiste de l’exploitation aéronautique. Passionné d’aviation depuis toujours l’homme a su néanmoins se former au pilotage d’avions. Mais point d’Airbus ou de Boeing sur son curriculum-vitae sa carrière de pilote il l’a faite sur avions d’affaires. D’abord au sein du géant du domaine, la compagnie américaine Netjets puis dans une plus petite structure, européenne celle-ci : Jetfly. Ce transporteur d’affaire, basé au Luxembourg, réalise exclusivement des vols sur les avions de facture suisse Pilatus PC-12 et PC-24. C’est sur ce premier type d’appareil que l’actuel secrétaire d’état aux transports volait. En tous cas dans le cockpit…
Par ailleurs on sait que monsieur Djebbari pilote des avions de tourisme pour son propre plaisir. Comme il est de notoriété que l’homme est un passionné d’aviation. C’est un connaisseur assez fin des questions de l’aéronautique contemporaine tant technologiquement parlant qu’économiquement. Un aérophile donc autant qu’un technicien.
Pourtant Jean-Baptiste Djebbari n’hérite pas du plus aisé des secrétariats d’état. Alors que le transport aérien est en pleine mutation en Europe, avec le nébuleux Brexit qui s’approche à grand pas, il doit aussi faire face à une fronde des utilisateurs sous la pression de militants écologistes. Il devra notamment gérer l’affaire du Flygskam, ce mouvement de rejet du transport aérien commercial pour les vols courts et moyens courriers. Un phénomène né en Scandinavie et qui aujourd’hui touche toute l’Europe occidentale, y compris la France. Pour le plus grand bonheur chez nous de la SNCF et de son TGV.
Le nouveau secrétaire d’état aux transports risque aussi de rapidement se retrouver confronté à l’épineux dossier des retraites chez les pilotes de ligne. Saura t-il les défendre efficacement sans pour autant être taxé (dans son propre camp autant que dans l’opposition) de corporatisme ? Seul l’avenir nous le dira.
Mais surtout il est attendu au tournant sur le dossier ultra chaud de la privatisation d’ADP, Aéroport De Paris. Un cadeau empoisonné qu’il devrait copiloter avec Matignon mais qui risque bien de plomber son déroulement ministériel tant il est devenu un symbole de rejet de l’action gouvernementale.
Dès le début de la 5ème République en fait la tentation a été forte de mettre des «professionnels» à des postes gouvernementaux clefs. Si certains ont clairement réussi comme Raymond Barre au commerce extérieur, Robert Badinter à la justice ou plus récemment Laurent Nuñez à la sécurité intérieure dans la majorité des cas cela a oscillé entre demi-teinte et plantage dans les grandes lignes. Un bon prof ne fera pas forcément un bon ministre de l’éducation nationale, de même qu’un grand policier ne peut pas obligatoirement être un ministre de l’intérieur de génie, ou encore un général ne fera jamais un superbe ministre des armées. Il faut souvent plus de recul pour exercer ces lourdes charges ministériels et le risque de corporatisme (on y revient) est omniprésent.
Alors loin de toute vision manichéenne ou politicienne du personnage espérons que monsieur Djebbari réussisse dans cette entreprise. Après tout un pilote aux commandes des transports, c’est plutôt un cas de figure assez intéressant. À n’en pas douter les grands médias ne le rateront pas s’il ne réussit pas à combler leurs attentes et celles des Français et Européens.
Photo © Agence France Presse.
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2 Responses
En somme, un IEEAC ( Ingénieur des Etudes et de l’Exploitation de l’Aviation Civile ), 6° corps de la DGAC.
Non il n’était pas encore IEEAC, il était TSEEAC, il a été agent de la subdivision sol de Roissy CDG. Son rôle était de gérer la circulation des avions sur les aires de trafic du terminal 2. Je l’ai croisé au moment il rejoignait DSNA service et commençait à fricotter avec la classe politique.