C’est une opération de séduction pilotée directement par le Kremlin. Ce mardi 9 juillet 2019 le chef d’état-major de l’Indian Air Force, le général Birender Singh Dhanoa, a réalisé un vol en place arrière à bord d’un Yakovlev Yak-130. Celui-ci a eu lieu durant une visite officielle réalisée en Russie et durant laquelle l’aviation indienne doit confirmer une option placée sur dix-huit chasseurs multirôles Sukhoi Su-30. Clairement Moscou essaye de placer son jet d’entraînement suite aux nombreux déboires du programme du HJT-36 Sitara.
Pour l’avionneur Yakovlev et sa maison-mère le groupe Irkut Corporation une vente du Yak-130 à l’Indian Air Force serait sans doute un marché historique. Jusqu’à présent seuls des nations mineures ont acheté cet avion qui pourtant est actuellement une des meilleures machines du marché. Des Yak-130 Mitten volent sous les cocardes algériennes, bangladaises, biélorusses, birmanes, laotiennes, et syriennes. Rien de très prestigieux donc, ou tout du moins rien de comparable avec l’Inde.
Il était donc nécessaire aux Russes d’en mettre plein les yeux à leurs homologues indiens. Et la meilleure solution trouvée a été d’organiser ce vol en place arrière sur un avion. Le général Singh Dhanoa y a sans doute retrouver les sensations qu’il connaissait quand il pilotait un SEPECAT Jaguar IS ou bien quand il était instructeur sur HAL HJT-16 Kiran. Pour autant il ne semble pas avoir pris les manettes de l’avion d’entraînement.
Même si ce chef d’état-major vient signer un gros chèque, relatif à la transformation en commande ferme d’une option pour dix-huit Sukhoi Su-30MKI, rien ne laisse entrevoir un contrat autour d’un avion d’entraînement à réaction. En effet l’aviation indienne dispose actuellement d’un des meilleurs jets de formation avancée, sous la forme du BAE Systems Hawk Mk-132 de conception britannique. Cet avion est au moins équivalent voire supérieur au Yakovlev Yak-130 russe. Et même si le programme HJT-36 Sitara piloté par HAL a maintenant tous les risques d’être annulé dans quelques mois là encore rien ne dit que l’Inde se tournera forcément vers l’avion russe. Beaucoup à New Delhi aimeraient un nouvel avion de conception locale, pourquoi pas à turbopropulseur.
Car c’est bien là que se trouve le principal souci pour Yakovlev en Inde : se heurter aux ambitions locales de devenir à terme au maximum autosuffisant en matière d’équipements militaires. Pour autant les arguments de son Yak-130 sont concrets et permettent à l’avionneur de se poser en compromis correct entre l’urgence de disposer d’un avion et la volonté qu’il soit localement conçu. Et puis Moscou ne ferme pas la porte à un transfert de technologie. Mais les Britanniques l’ont déjà fait avec le Hawk Mk-132.
Résultat sans doute dans quelques mois pour savoir si la séduction aura joué, ou pas.
Photo © Keypublishing.
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