C’est à la fois un des modèles d’hélicoptère militaire parmi les moins connus aux États-Unis et une véritable épine dans le pied des financiers du Pentagone. L’US Air Force doit prochainement lancer un programme visant à se doter d’un hélicoptère d’entraînement de nouvelle génération mais le cahier des charges peine à être bouclé. En théorie il devrait avoir été émis déjà depuis plusieurs mois, permettant d’envisager sereinement la fin de carrière de la grosse trentaine de Bell TH-1H Iroquois actuellement en dotation. Ces hélicoptères sont prévus pour devoir avoir totalement quitté le service en 2025.
Ces hélicoptères ne sont pas des Huey comme les autres.
Les Bell TH-1H Iroquois sont ceux ayant eu l’entrée en service la plus récente. Ils assurent la formation basique et intermédiaire des pilotes de l’US Air Force depuis seulement douze ans. Inutile de dire que lorsqu’ils sont entrés en service en avril 2007 ils avaient déjà connu une carrière opérationnelle, mais dans l’US Army. Et alors ils servaient simplement au transport de troupes et aux missions utilitaires comme n’importe quels Iroquois. C’est une fois qu’ils avaient été rachetés par l’US Air Force qu’ils furent transformés en machines d’entraînement.
Bien entendu c’est l’hélicoptériste Bell qui se chargea du chantier. Les appareils furent prélevés sur un stock de l’armée en 2005 et modifiés dès lors. En fait ils avaient été littéralement désossés de A à Z et remontés avec les doubles commandes. L’armement fut déposé et les hélicoptères repeints dans une livrée spéciale assez élégante. Un gris souris uni relevé uniquement par des marquages et un cocarde de couleur anthracite. Le résultat était assez classe. Mais la finalité de la machine demeurait de former les futurs pilotes américains.
La formation des pilotes d’hélicoptères de l’US Air Force se fait après un tronc commun réalisé à l’US Air Force Academy sur planeurs et sur des monomoteurs de sélection Diamond T-52A et Cirrus T-53A. Ensuite ils «passent» logiquement sur Beechcraft T-6A Texan II et enfin sur Bell TH-1H Iroquois. Après cela les élèves pilotes sont transformés sur leurs futurs hélicoptères d’affectation, mais pas que.
La formation des élèves-pilotes sur Bell TH-1H Iroquois durent entre 250 et 420 heures de vol suivant les appareils sur lesquels ils évolueront ensuite. Si la très grosse majorité d’entre-eux volera par la suite sur Bell UH-1N Twin Huey et Sikorsky HH-60G Pavehawk d’autres en revanche rejoindront une machine bien plus complexe : le convertiplane bimoteur Bell-Boeing CV-22B Osprey. C’est en effet sur Iroquois qu’ils apprennent le B.A-BA qui leur permettra ensuite de piloter ces complexes avions de transport.
Or donc ces vénérables hélicoptères doivent quitter le service actif en 2025. En tous cas en théorie. Car depuis quelques temps maintenant le Pentagone insiste sur le fait que le chantier de transformation de ces ex-hélicoptères d’assaut en machines d’entraînement leur a redonner une seconde jeunesse. Ce qui pourrait expliquer que le cahier des charges visant à leur succession et attendue pour le début de l’année ne vient toujours pas. L’administration Trump pourrait chercher à faire des économies sur la formation des pilotes de voilures tournantes de l’US Air Force.
Si en 2007 quarante Bell TH-1H Iroquois sont entrés en service, ils n’en reste aujourd’hui que trente-huit en état de vol. L’un a été perdu lors d’un atterrissage un peu «rude», et jamais réparé. L’autre a brûlé suite à un incendie accidentel. Dans les deux cas il n’y a pas eu de blessés.
Comme plusieurs experts américains le soulignent c’est déjà assez limite de former sur Iroquois des pilotes destinés à voler sur Osprey. Mais alors comment envisager de conserver cette machine d’ancienne génération pour former les futurs pilotes et équipages des futurs AgustaWestland MH-139 ou encore des Sikorsky HH-60W Pavehawk II ? Ces appareils de nouvelle génération vont véritablement ringardiser les vieux Bell TH-1H et leur avionique simplifiée.
Mais en l’absence de marché officiel toute supposition pour un futur remplaçant ne serait que pure supputation. Il se dit outre-Atlantique que les généraux du Pentagone attendent de savoir si Donald Trump va faire son second mandat ou s’il sera remplacé par un de ses opposants démocrates. Cela pourrait avoir une réelle incidence sur ce marché, l’ouvrant ou le fermant aux constructeurs étrangers, en l’espèce les hélicoptéristes européens Airbus Helicopters et Leonardo.
Photos © US Air Force.
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Une réponse
L’U.S. Air Force a déjà connu le fait d’être obligé de relancer plusieurs fois un appel d’offre jusqu’à ce que la proposition nationale même de qualité inférieure soit gagnante (voir Boeing KC-46A vs Airbus MRTT].
Ils essayent de faire ça plus discrètement désormais avec un appel d’offre sur mesure et prennent leur temps pour bien le préparer.