Le Pentagone évalue les possibilités de déploiement aérien rapide d’artillerie.

C’est un des plus intéressants enseignements de l’utilisation récente de pièces d’artilleries par les forces alliées dans la guerre contre Daech en Irak et en Syrie. L’US Air Force et l’US Army étudient actuellement une possibilité de déployer deux batteries de roquettes sol-sol M142 HIMARS à l’aide de Lockheed-Martin C-130J Super Hercules. Les tests grandeur nature sont réalisés depuis la mi-avril entre Little Rock AFB et le champ de manœuvres de Fort Chaffee, tous deux sis dans l’Arkansas. Quatre avions de transport tactique et une centaine de militaires américains sont directement concernés par ces expérimentations sur le terrain.

M142 déchargé d’un C-130J à Fort Chaffee.

C’est donc à Little Rock AFB que les deux lance-roquettes multiples M142 HIMARS sont chargés à bord d’un Lockheed-Martin C-130J Super Hercules chacun. Les deux autres avions sont en charge du déploiement des munitions et du personnel de l’US Army et de l’US Air Force. Sur la base américaine le chargement en condition opérationnelle ne prend pas plus de 45 minutes. Il faut dire que depuis 2017 les militaires américains ont validé l’emploi conjoint de ce véhicule et de cet avion tactique.

À l’approche du champ de manœuvres de Fort Chaffee c’est encore aux femmes et aux hommes de l’US Air Force de démontrer leur savoir-faire. Il ne s’agit cependant plus comme jusque là des personnels de base et de soute mais bel et bien de l’équipage aux commandes des avions. Car Fort Chaffee ne possède aucune forme de tarmac, tout au plus une piste sablonneuse aménagée il y a quelques années et qui reprend très bien les aspects de certains terrains sommaires qu’on rencontre en Afrique ou au Moyen-Orient. Et surtout leurs C-130J Super Hercules sont archi-pleins, un M142 HIMARS ça pèse un peu plus de seize tonnes, armement non compris.
L’atterrissage est donc tout sauf une sinécure. Pour autant les équipages américains s’en sortent très bien jusque là.

Ensuite c’est aux loadmasters et aux artilleurs de prendre le relais pour extraire de la soute de l’avion les deux véhicules lance-roquettes. Ensuite à ces derniers revient la lourde tâche de les remettre en condition, avant de s’en servir. Chaque M142 HIMARS tire jusqu’à six roquettes de 227mm chacune ou bien un missile sol-sol MGM-140 à charge conventionnelle. Jusqu’à présent seules les roquettes ont été employées lors de ces essais.
Une fois les bordées tirées les M142 sont remis en condition de transport et ré-embarqués à bord des Lockheed-Martin C-130J Super Hercules qui peuvent ensuite redécoller et retourner à leur base, moyennant un ravitaillement en vol sur le chemin de retour.

Le M142 HIMARS en action, tirant une roquette de calibre 227mm.

Alors bien sûr ces validations se passent dans des conditions idéales : pas de tir de riposte d’un ennemi qui demeure théorique, une piste certes sommaire mais bien entretenue à Fort Chaffee, un espace aérien totalement dégagé de toute menace, et des installations parfaites à Little Rock AFB. Néanmoins on peut considérer que ces essais se déroulent de la manière la plus réaliste possible.
Surtout ils permettent aux généraux américains de mieux se rendre compte de ce formidable outil en devenir : déployer rapidement par les airs et de manière ponctuelle deux pièces d’artillerie de précision. Ce qui aurait le moyen d’appuyer des troupes au sol, forces spéciales ou forces conventionnelles prises sous le feu de l’ennemi.

Photos © US Air Force.


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Arnaud
Passionné d'aviation tant civile que militaire depuis ma plus tendre enfance, j'essaye sans arrêt de me confronter à de nouveaux défis afin d'accroitre mes connaissances dans ce domaine. Grand amateur de coups de gueules, de bonnes bouffes, et de soirées entre amis.
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Commentaires

2 Responses

  1. Bonjour,
    Cela me fait penser que en France nous avions une composante similaire.
    Le transport de mortier de 120 mm par des Hélicoptères Puma que ces derniers déposait avec leurs servant.
    Quelques tir de 120 mm puis décollage de la batterie.
    Cette spé n’est plus possible du fait de la dissolution des groupes de soutien et d’appuis feux mortier 120 mm dans une unité d’infanterie. C’est l’artillerie qui les utilise maintenant en double dotation à la demande.
    Une compétence de perdu hélas.
    Cdt sylvain passemar
    PS : sympa pour les photos

    1. Pas tout à fait similaire, dans le sens où l’emploi du C130 est bien plus restreint que celui de l’hélicoptère, et que les voilures tournantes US transportent elles aussi de l’artillerie sous élingue (via les « lourds », CH-47 / CH-53 majoritairement).
      https://media.defense.gov/2016/Jun/08/2001550758/-1/-1/0/160526-F-CC297-0600A.JPG

      Dans un genre similaire, ce que nous avons de plus approchant avec le sujet de l’article serait les canons CAESAR qui sont déployables par C130 et A400M, même si niveau puissance de feu c’est tout de même bien inférieur. Je me demande si ce genre de projet pourrait être à l’étude chez nous, vu que les CAESAR ont été largement employés contre DAESH et que nous possédons les vecteurs aériens capables de posés sommaires / d’assaut…

      Ceci étant dit, je partage votre regret sur la disparition de la composante d’artillerie hélitreuillée française, j’avais vu par le passé un reportage assez impressionnant sur les mortiers de 120, et le concept me semblait très efficace de par sa rapidité de mise en œuvre (puis de retraite) avec les Puma, comparativement aux gros Howitzers américains dont je parlais plus haut.

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