Dans les premières années de la Seconde Guerre mondiale la France fit un usage intensif de ses hydravions militaires pour tous types de missions. Ces appareils étaient principalement mis en œuvre par la Marine Nationale soit depuis des hydrobases soit à partir de navires de guerre dotés parfois de catapultes spéciales. Les hydravions ainsi lancés étaient légions dans les années 1930 et en effet la France ne dérogea pas à la règle avec notamment le petit appareil monomoteur Potez 452.
Au milieu des années 1930 les travaux menés au Royaume Uni concernant les aéronefs, avions et hydravions, lancés depuis le pont d’un navire par une catapulte pneumatique eurent un tel retentissement que nombres de forces navales s’essayèrent à cette technique et notamment en France la Marine Nationale. En effet celle ci savait depuis 1918 toute la fragilité vis à vis d’une attaque aérienne ou bien sous-marine pour n’importe quel navire de guerre, fut il un lourd et puissant cuirassé. C’est dans cette optique le Ministère de l’Air lança, en collaboration avec celui de la Marine, un projet d’hydravion embarqué destiné à servir un tel bâtiment. Devant la complexité du système de lancement seul l’avionneur Potez proposa une ébauche d’appareil. Son appareil était désigné «modèle 452».
Ce Potez 452 se présentait sous la forme d’un hydravion à coque monoplan à aile haute biplace en tandem. De construction mixte en bois entoilé et métal il possédait deux petits flotteurs annexes aux extrémités de voilure. Destiné exclusivement aux opérations maritimes le Potez 452 n’avait pas été muni d’un train d’atterrissage, si bien que l’avionneur conçut un petit chariot à roulette pour les opérations à terre. Toutefois celui ci ne pouvait nullement servir pour le décollage de l’hydravion. Sa propulsion était assurée par un moteur à neuf cylindres en étoile Hispano Suiza d’une puissance de 350 chevaux entraînant une hélice bipale en métal. Celui ci était placé sur l’intrados de voilure en position tractive. Pour son autodéfense l’appareil disposait d’une mitrailleuse mobile Darne d’un calibre de 7.5mm servit par l’observateur en place arrière.
Le prototype du Potez 452 déjaugea pour la première fois à la fin de l’année 1935.
Intéressé par l’aéronef la Marine Nationale décida de passer commande pour seize appareils de série mais exigea de Potez que le modèle 452 soit doté d’un système permettant le repliage des ailes afin de gagner de la place à bord des navires de guerre destinés à le recevoir.
Quelques mois après le vol inaugural de l’hydravion les premiers exemplaires entrèrent en service. Plusieurs furent immédiatement affectés à bord des bâtiments de guerre français les plus puissants de l’époque, le Dixmude et le Lorraine. En effet ces deux lourds cuirassés avaient fait l’objet d’un vaste chantier destiné à les équiper de cette fameuse catapulte. Pour leurs commandants les petits hydravions biplaces représentaient un apport qualitatif en matière de renseignement et de reconnaissance non négligeable. Toutefois cela obligeait aussi les marins à revoir totalement la conception de leurs missions de combat, prenant notamment en compte l’orientation du vent lors des phases de lancer des Potez 452.
Lorsque la Seconde Guerre mondiale éclata en septembre 1939 les dix plus gros navires de guerre français disposaient de leurs propres Potez 452 et les utilisaient fréquemment. Ainsi dès les premières heures du conflit ces petits hydravions menèrent des missions de reconnaissance et de recherche des submersibles allemands, les terribles U-Boats tant redoutés des Alliés. Bien entendu les Potez 452 ne disposait d’aucune charge offensive et ne représentaient donc pas une menace directe pour les sous-mariniers allemands, toutefois leurs renseignements pouvaient s’avérer capitaux pour des cuirassés à même de grenader n’importe quel submersible en plongée. Rapidement les Potez 452 français devinrent donc des cibles de choix pour les canons embarqués des U-Boats, mais aussi pour les avions de patrouille maritime allemands.
À la même époque les appareils non embarqués furent envoyés à Saint Raphaël pour des missions de reconnaissance côtière et d’entraînement. En effet la Méditerranée étant encore relativement hors de portée de la Luftwaffe et de ses hordes de chasseurs Messerschmitt Bf 109 et Bf 110, les Potez 452 pouvaient évoluer en toute tranquillité. En effet si son rayon d’action était acceptable pour l’époque sa vitesse de croisière et son armement défensif faisait du monomoteur français une cible privilégiée pour la chasse hitlérienne. C’est pourquoi les entraînements se faisaient principalement au petit matin, à une heure où la Luftwaffe n’avait pas encore de chasseurs dans la région.
En fait les Potez 452 ne rencontrèrent quasiment jamais les Allemands avant juin 1940. En effet après la capitulation française l’administration de Vichy fut autorisée à conserver un ersatz de force aérienne et de force aéronavale, destinée principalement à soutenir la Luftwaffe. Ces appareils, porteurs d’un très voyant marquage jaune et rouge, furent engagés notamment contre les Britanniques. Mais la donne changea lorsque la flotte française se saborda dans la rade de Toulon. Quatre Potez 452 furent alors perdus.
Après ce baroude d’honneur français l’administration pétainiste décida d’envoyer la majorité de ses Potez 452 en Indochine où ils servirent aux côtés des forces d’invasion japonaises. En fait les troupes nippones n’avaient que dédains envers les troupes de Vichy. Toutefois la Marine Impériale décida de saisir un hydravion monomoteur français et de l’envoyer au Japon pour essais et expertises. Là bas l’appareil reçut la désignation de HXP. Toutefois leur intérêt retomba rapidement. En effet le Potez n’avait rien de révolutionnaire et commençait à sérieusement accuser son âge.
Mis à part quelques accrochages au Siam avec les forces indépendantistes, soutenues discrètement par les Japonais pourtant alliés de Vichy et par les Américains ennemis communs aux deux, le Potez 452 ne connut pas une carrière extraordinaire en Indochine. C’est pourtant là que fut retiré du service et ferraillé le dernier exemplaire de l’appareil au début de l’année 1944.
Hydravion discret s’il en fut le Potez 452 était pourtant un honnête serviteur de la France. Durant huit années de service, dont cinq en conflit, il se tailla une robuste réputation, et ce malgré des défauts énormes.
Aujourd’hui il ne reste plus rien des dix-sept exemplaires construits, prototype compris.
En savoir plus sur avionslegendaires.net
Subscribe to get the latest posts sent to your email.