C’est l’un des avions favoris de beaucoup de Français passionnés d’aviation. Le monomoteur Dewoitine D.520 a réalisé son premier vol il y a 80 ans, le 2 octobre 1938. L’avion fut considéré durant la Bataille de France comme le meilleur chasseur de l’Armée de l’Air en face des machines de la Luftwaffe. Un petit avion nerveux mais qui finalement n’a jamais réussi à se hisser au niveau de ses contemporains allemands et britanniques.
Avec 108 victoires confirmés en combat aérien durant la Bataille de France (auquel il faut peut-être ajouté les 39 considérés comme probables) le moins qu’on puisse dire c’est qu’entre les mains de pilotes aguerris le Dewoitine D.520 était un redoutable chasseur léger. Pourtant il faut savoir nuancer ce «score». Le gros des victoires aériennes de pilotes français évoluant sur cette machine le fut contre des avions d’assaut et des bombardiers, pas face à des chasseurs ennemis. Dornier Do 17, Heinkel He 111, et Junkers Ju 88 représentaient le menu habituel des petits chasseurs français.
Il en était tout autrement du Messerschmitt Bf 109. Certes le chasseur standard de la Luftwaffe était connu pour avoir les pattes un peu courtes mais il demeurait globalement un ennemi redoutable pour les escadrilles de Dewoitine D.520. Beaucoup de pilotes de l’Armée de l’Air ne durent leur salut qu’à la manœuvrabilité et aux vitesses si particulières de leur avion. En gros le D.520 était formidable pour échapper à la chasse allemande, moins pour s’y opposer.
D’ailleurs les généraux allemands eux-même le considéraient comme un excellent avion en terme pilotage. Ce n’est pas pour rien si après l’Armistice ils s’empressèrent d’en saisir de nombreux exemplaires pour les envoyer dans les écoles de pilotage comme avion de perfectionnement et de transformation opérationnelle.
En fait le Dewoitine D.520 fut en mai-juin 1940 un redoutable chasseur dans l’esprit des Français de la rue. Mais simplement parce que la propagande en avait décidé ainsi. Car factuellement il n’était pas réellement supérieur au Morane-Saulnier MS.406, sauf peut-être en matière de vitesse pure et de manœuvrabilité.
La dualité D.520 / MS.406 durant la Bataille de France exista d’ailleurs au Royaume-Uni entre le Spitfire et le Hurricane durant la Bataille d’Angleterre quelques semaines plus tard.
Il est intéressant de voir par contre qu’entre les mains d’aviateurs alliés des nazis le D.520 fut un excellent chasseur. Les pilotes vichystes en firent la démonstration en novembre 1942 contre l’aéronavale américaine quand ils descendirent neuf avions alliés dont des Douglas SBD Dauntless et Grumman F4F Wildcat. En Bulgarie il fut même entre 1941 et 1943 le principal chasseur contre l’aviation alliée.
Comme souvent avec tout ce qui touche à l’histoire aéronautique de la Bataille de France il faut savoir différencier ce qui relève de la propagande du factuel. Ce travail d’historien est nécessaire pour une meilleure compréhension de l’engagement de nos aviateurs autant que de la qualité de leurs avions. Le Dewoitine D.520 ne doit pas y faire exception.
Photos © archives départementales de Haute-Garonne.
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14 Responses
Bonjour,
Je pense qu’il y a une petite coquille : le premier vol a eu lieu ne 1938 et pas 1948 😉
La coquille a été corrigée, merci Cedric.
Bonjour,
Si il réalise son premier vol en octobre 48, c’est un peu tard pour la bataille de France…
Félicitations pour le site que je suis quotidiennement.
François;
Bonjour,
En marge de ce D520, saurais-tu où en est la fabrication du D551 chez Replicair.fr ?
Bonne journée,
bj
Pour l’instant je sais qu’une maquette a été testée en soufflerie par l’ONERA au cours de ce mois de juillet 2018 et que selon toutes les probabilités l’avion sera assemblé dans le courant de l’année prochaine mais non désolé je n’ai pas plus d’infos sur cet excellent projet qu’est la reconstruction du D.551 par les gens de chez Replic’Air.
Le principal défaut des avions français était leurs motorisation. Les chasseurs français n’était quasiment jamais équipés de moteurs de plus de 1000 chx quand leurs homologues alliés et adverses au même moment était équipés de moteurs de 1300 chx pour le Hurricane et de presque 1500 pour le bf109 et spitfire et bien plus fiables. Même les ingénieurs de l’époque disaient que la France ne possédait pas de bon moteurs en 1940. Le moins mauvais, tel était leur expression, était le Gnome et Rhône 14N. Un vrai handicap.
Si je me souviens bien, en 1940 sur un « Spit Mk I » ou Hurricane Mk i, le moteur ne sortait que 1030 Cv…. Sans nul doute le D520 (et d’autres…) auraient continués à être développés s’il n’y avait pas eu la débâcle, mais bon avec des si… Bonne journée à tous !
A l’époque du D520, le Merlin II des spitfire I et Hurricane I développait 1030cv et le DB601a du Me109 E en developpait 1160cv. L’hispano 12Y51 n’en était donc pas si éloigné que cela avec ses 935cv.
Bonjour,
Le Bf 109 E Emil ne dépassait pas de beaucoup les 1000 cv, les Huricane et Spitfire étaient à peu près au même niveau.
Je veux dire que l’écart de puissance s’il y avait, n’était pas si grand que tu le suggères.
Arnaud, je ne suis pas d’accord quand vous dites que la majorité des victimes des chasseurs français (dont le D520) ont été des avions d’assaut comme le He111, le Do17, le Ju87 etc. quand on sait que le Me109 a été le type d’avion le plus descendu par la chasse française en Mai-Juin 1940
C’est parfaitement votre droit de ne pas être d’accord avec moi RPA et c’est même très sain. Mais factuellement on sait que la majorité (c’est à dire plus de 50%) des avions descendus durant la bataille de France par l’Armée de l’Air et notamment par les Dewoitine D.520 fut constituée d’avions d’armes et de bombardiers. Il faut vraiment en finir avec ce mythe ridicule des 1000 avions allemands abattus par la chasse française entre mai et juin 1940. Et c’est là toute la difficulté du travail d’historien (amateur) que nous faisons à AvionsLégendaires : séparé les faits de la propagande d’époque et du ressenti d’un passionné. Et je peux vous jurer que ce n’est pas facile. 🙂
Sur ce point je suis tout à fait d’accord avec vous, il ne faut pas faire l’amalgame entre « l’affectif » et le respect profond qu’inspire les pilotes de l’AA en 1940 (pour moi en tout cas) et le factuel sur leur résultat. Je me permets d’ailleurs de vous donner le lien d’un excellent article sur le sujet :
https://journals.openedition.org/histoiremesure/4040
je serais ravis de connaître votre avis sur celui-ci .
Rémi
Merci pour ce super article, c’est vrai qu’il faut voir les choses avec objectivité.
Une série de papiers à été faite sur le sujet dans le fana de l’aviation…
Il faut bien se rendre compte qu’entre l’immobilisme de l’état, les querelles intestines des industriels nationaux et les problèmes d’approvisionnement…!!!
Pour exemple, nombre d’avions sont partis en unités non armés et avec une hélice en bois à pas fixé parce que les autres étaient toujours chez Ratier !!!