Quand on aborde l’histoire de l’aviation le constructeur américain Douglas tient une place à part. À l’instar de son éternel concurrent Boeing il a su concevoir aussi bien des machines civiles que militaires, et autant des avions que des hydravions. Parmi ces derniers Douglas construisit dans les années 1920 un étrange biplan conçu par Naval Aircraft Factory et utilisé pendant dix ans malgré une obsolescence très rapide : le Douglas P2D.
En 1926 le constructeur étatique américain Naval Aircraft Factory reçut une commande de l’US Navy afin de développer un successeur à l’hydravion bombardier-torpilleur Douglas DT. L’idée de l’aéronavale américaine était de disposer d’une machine plus polyvalente et disposant d’un rayon d’action accru. Cependant devant l’urgence de se doter d’un tel aéronef il fut décidé de se passer d’appel d’offre et de saisir directement Naval Air Factory.
Malheureusement si ce constructeur disposait alors des bureaux d’études adéquats il en était tout autrement des ateliers et usines. En effet ceux-ci étaient occupés par l’assemblage des hydravions patrouilleurs PN. Pour autant le nouvel hydravion torpilleur reçut la désignation expérimentale de Naval Aircraft Factory XTN. Après l’assemblage du prototype il fut proposé aux amiraux américains qui le commandèrent en série à hauteur de douze exemplaires.
Extérieurement cet appareil se présentait sous la forme d’un hydravion à flotteurs bimoteur quadriplace. De construction mixte en bois entoilé, contreplaqué et métal il disposait de moteurs à neuf cylindres en étoile Wright R-1750 Cyclone d’une puissance unitaire de 532 chevaux entraînant chacun une hélice bipale en métal et bois. Les quatre membres d’équipage prenaient places à bord d’un cockpit en tandem à l’air libre. L’armement du Naval Aircraft Factory XTN était de deux mitrailleuses Browning de calibre 7.62mm en position mobile avant et centrale et d’une charge de bombes et de torpilles de 730kg.
C’est dans cette configuration que le premier vol eut lieu le 27 janvier 1927.
Pour autant un accord d’usinage fut passé avec la société Douglas qui assembla la version de série sous la désignation de T2D. Extérieurement rien ne différenciait ces exemplaires du prototype si on excepte les plaques constructeurs au nom de Douglas. Les premières machines entrèrent en service en mai 1927. Et la totalité des T2D fut livrée début 1928.
Très rapidement l’hydravion impressionna par ses qualités, notamment en matière de rayon d’action mais aussi de manœuvrabilité. Il est à signaler que les trois premiers T2D furent assemblés comme avions et les neuf suivants comme hydravions à flotteurs.
Pour autant ils ne furent jamais engagés au combat ou même exportés.
En 1929 l’US Navy demanda à Douglas de développer une version de patrouille maritime très spécifique à partir du T2D. Le nouvel hydravion devait en effet déjauger depuis les eaux du canal de Panama ou bien des lacs l’environnant et assurer la surveillance de cette zone alors sous autorité civile et militaire des États-Unis.
Après signature d’un accord avec Naval Aircraft Factory il fut décidé de développer cette version désignée Douglas P2D.
Les principales différences résidaient dans le changement de motorisation, au profit de deux Wright R-1820-4 Cyclone 9 d’une puissance unitaire de 778 chevaux. Disposant du coup d’une meilleur allonge ils se sont vu dotés d’un nouvel empennage et d’une voilure consolidée. Les premiers exemplaires sont entrés en service en décembre 1930.
Et très rapidement les Douglas P2D, construits à dix-huit exemplaires, ont largement surclassé les T2D. Ces derniers n’ont plus servi que pour des manœuvres et exercices tandis que la version de patrouille assurait des missions de reconnaissance au-dessus du célèbre canal centre-américain. Et ils y sont demeurés jusqu’en 1937 année au cours de laquelle ils ont laissé la place, eux aussi, au Consolidated PBY Catalina.
Assez peu connu de ce côté ci de l’Atlantique le Douglas P2D fut pourtant un des patrouilleurs les plus importants de l’histoire aéronavale américaine car le premier modèle conçu spécifiquement pour un théâtre d’opérations donné.
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