Un bel anniversaire et toujours plein de projets futuristes en vue. Ce dimanche 29 juillet 2018 la NASA (pour National Aeronautics and Space Administration) vient de célébrer son soixantième anniversaire. Soixante années de développements, de recherches, mais aussi de découvertes et d’aventures humaines dans les domaines aéronautiques et spatiaux qui l’ont largement faite entrer dans l’Histoire. Bien sûr il nous serait impossible de raconter en quelques lignes celle-ci alors focalisons-nous sur l’émergence de cette administration américaine légendaire.
C’est donc le mardi 29 juillet 1958 que la NASA fut fondée. Son rôle était multiple. Et en premier lieu, au risque de surprendre il n’était pas particulièrement lié à l’exploration spatiale mais à l’adaptation aux évolutions aéronautique. Depuis le mercredi 3 mars 1915 c’est le NACA (pour National Advisory Committee for Aeronautics) qui était en charge de l’administration générale de l’aéronautique aux États-Unis. Et en fait depuis l’émergence de la puissance industrielle américaine dans le domaine on peut dire que le NACA «ramait» un peu. Une administration lente, qui peinait à se réformer, et surtout à accepter les changements de son temps. Par exemple en 1958 le NACA ne comptait aucune femme ingénieure… alors que plusieurs d’entre-elles travaillaient dans les bureaux d’études de Boeing, Convair, ou encore Lockheed.
Or l’administration américaine regardait alors aussi vers les étoiles. La course technologique entre Américains et Soviétiques n’était pas exclusivement lié à une volonté commune de faire exploser ce petit bout de caillou sur lequel nous vivons tous, mais aussi d’aller voir ce qui se passe dans le cosmos. Or en ce début d’année 1958 la conquête spatiale aux États-Unis, tout le monde en parle, bien peu en font. L’US Air Force bien sûr a mis des moyens en place, l’US Navy aussi (on se demande bien d’ailleurs pourquoi) et même dans une certaine mesure, plusieurs avionneurs. Une dizaine d’universités américaines a également des projets plus ou moins avancés d’études dans le domaine et plusieurs lancent régulièrement des petites fusées depuis des pas de tir aménagés par leurs soins. Pour l’administration fédérale américaine il est temps d’y mettre de l’ordre, d’y faire le ménage. D’où la création de la NASA qui va centraliser et mutualiser les moyens et les bonnes volontés.
Accessoirement l’Amérique a pris une énorme claque au visage quelques mois auparavant quand l’URSS a lancé le 4 octobre 1957 le Spoutnik 1, le tout premier satellite artificiel de l’Histoire. Son bip-bip a raisonné comme un échec cuisant jusque dans le Bureau Ovale.
Mais alors que faire du NACA ? Eh bien une période de transition a existé jusqu’au mercredi 1er octobre 1958. Une période durant laquelle le NACA s’est scindé en deux composantes majeures : la NASA reprit tout ce qui concernait la recherche et le développement aérospatial tandis que la FAA (pour Federal Aviation Administration) se chargerait désormais de l’administration générale et réglementaire de l’aéronautique civile et dans une moindre mesure étatique. Il fallait mettre un terme aux lourdeurs administratives qui avaient fini par tuer le NACA.
Du coup la flotte aérienne de ce dernier fut également partagée, et cette fois-ci c’est la NASA qui récupéra la plus grosse part du gâteau. Tous les prototypes d’Edwards AFB et de NAS China Lake d’abord, les fameux X-planes, mais également environ 85% des avions et hélicoptères de servitude. Et la toute jeune NASA dut faire le tri car en 1958 le NACA utilisait par exemple encore un Ford 5AT, un trimoteur civil datant des années 1930 et totalement obsolète. Il rejoignit illico-presto les collections du National Air & Space Museum.
Néanmoins quelques appareils purent revêtir la nouvelle livrée.
Mais celle qui fut la plus difficile à mettre au pas était bien l’US Air Force. Avoir vu les avions qu’ils avaient confiés au NACA confisqués par cette NASA émergente ne plaisait pas du tout aux généraux américains. Ils y voyaient une perte flagrante de leur influence. Et ils avaient tort car l’administration Eisenhower avait bien fait les choses en incluant de nombreux anciens militaires de carrière dans l’organigramme de la NASA. La période 1958-1960 fut pourtant assez délicate entre l’aviation militaire et l’administration aérospatiale.
Désormais en ce début des années 1960 l’Amérique comptait bien tourner la page de ses erreurs de jugements et errements qui lui avaient coûté si cher. Et même si le mercredi 12 avril 1961 Youri Gagarine le premier être humain à réaliser un vol spatial était soviétique, la NASA devait aller plus loin. Mais cela allait prendre du temps, toute la décennie.
Ainsi, le lundi 21 juillet 1969 (le dimanche 20 juillet pour l’Amérique du nord) les astronautes de la NASA Neil Armstrong et Buzz Aldrin posent enfin le pied sur la Lune. La conquête spatiale est désormais pour tous une réalité palpable. Sur Terre des centaines de millions, sûrement plus d’un milliard de spectateurs, vont suivre cela sur leur poste de télévision.
La NASA, après seulement onze ans d’existence a gagné son pari !
Alors aujourd’hui en 2018 que reste t-il à la NASA ? Eh bien tout ! Mais aussi des dangers, et le plus grand actuellement est politique. Le président Donald Trump a annoncé le mois dernier son intention de créer l’US Space Force afin de militariser une partie des programmes spatiaux et de permettre la défense spatiale non pas de la Terre mais des États-Unis.
M’est d’avis qu’il devrait arrêter de prendre Independance Day au premier degré. Car avec cette force spatiale (qui d’ailleurs en abrégé donne SF comme Science-Fiction) Trump fragilise la NASA. Une administration qui a désormais clairement annoncé vouloir débuter l’étude martienne de terrain dès 2050. Non pas le premier pas de l’Homme sur la planète rouge mais bel et bien l’établissement d’une base scientifique permanente. Et cette fois les Américains n’iront pas seuls mais mains dans la main avec les Européens, les Russes, les Japonais, et certainement les Chinois. Car la conquête spatiale dépasse les petits clivages nationaux. Sauf bien sûr dans l’esprit imprévisible de l’actuel locataire de la Maison Blanche. Mais heureusement celui-ci ne fait que passer…
Photo © NASA.
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Une réponse
Dommage le petit commentaire politico-personnel à la fin, l’article est sympa sinon…