Durant la Guerre Froide la très grande majorité des avions de reconnaissance stratégique de l’US Air Force appartenaient au Strategic Air Command ou bien plus occasionnellement au Tactical Air Command en charge respectivement des bombardiers et des chasseurs américains. Pourtant entre 1966 et 1976 le Military Airlift Command utilisa trois quadrimoteurs d’espionnage aérien à la carrière pour le moins chaotique : les Douglas RC-118.
Les origines de ces trois avions sont assez obscures.
On sait juste qu’en 1965 l’état-major du MAC (le Military Airlift Command) proposa de transformer deux de ses avions de transport de personnels Douglas C-118A Liftmaster en machines de reconnaissances et d’espionnage aéroporté afin de les utiliser au plus près de la frontière avec les pays du Pacte de Varsovie. À l’époque la recherche du renseignement aéroporté était la préoccupation numéro 1 des généraux de l’US Air Force et posséder trois nouveaux avions de reconnaissance pour rien ne se refusait pas. En effet le MAC proposait les modifications à ses propres frais. Les transformations se firent dans un atelier de McChord AFB dans l’état de Washington.
Les deux avions en ressortirent au début de l’année 1966 sans avoir vraiment changés extérieurement.
Nonobstant sur la partie gauche de l’avant du fuselage sept hublots circulaires avaient été percés et abritaient des appareils photo K17B, K17C, et K22A d’une focale respective de 152, 305, et 610mm. En outre une caméra K38 de 915mm de focale avait été installé sous la partie arrière du fuselage de l’avion. Hormis cela les nouveaux avions, désignés RC-118A conservaient même leur livrée d’origine. Rien ne semblait les différencier des avions qui chaque jour transportaient des militaires américains entre les États-Unis et la majorité des pays dans le monde, en dehors de ceux placés sous le joug soviétique.
Malgré le fait qu’ils avaient été conçu pour surveiller le Rideau de Fer ils furent en fait immédiatement déployés en Asie du Sud-Est afin d’observer les agissements des combattants du Vietminh. Cependant une fois sur zone les avions subirent de plein fouet un ennemi que les généraux américains n’avaient pas anticipé : le climat chaud et humide de la région. Ces avions ne supportaient pas vraiment bien son utilisation locale et furent finalement très peu employés en opération.
Entre 1966 et 1973 ils n’accumulèrent à eux deux que 65 heures de vols !
Pourtant en 1970 l’US Air Force transforma un ancien C-118B de l’US Navy en RC-118B pour l’employer au-dessus de l’Allemagne de l’est et de la Tchécoslovaquie. Et ô stupeur cet avion réalisa à lui tout seul plus d’heures de vols que ses deux congénères asiatiques puisqu’en 1970 et 1973 il réalisa 102 heures de vol… en tant que Douglas C-118A.
En 1973 les deux RC-118A et l’année suivante l’unique RC-118B furent rapatriés aux États-Unis où ils furent tous trois utilisés pour la première fois de leur existence en même temps sur la même base aérienne : à Travis AFB en Californie il assurèrent des missions de calibration des radars de défense aérienne avant d’être tout bonnement retirés du service en juillet 1976.
Il est à noter que durant toute leur carrière les Douglas RC-118 volèrent avec la lettre O (pour Obsolete) à l’avant de leurs codes tactiques, indiquant qu’avant même leur entrée en service comme avions de reconnaissance ces quadrimoteurs avaient déjà accumulé au moins dix années de service opérationnel ! Ce n’est pas rien. C’est ainsi que les avions reçurent les codes O-33262 et O-33264 pour les RC-118A et O-33224 pour l’unique RC-118B.
Aucun de ces avions ne survécut aux mâchoires des ferrailleurs !
Photos © San Diego Air & Space Museum.
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Une réponse
J’avais jamais entendu parler de cet avion. Et le plus fort c’est que même sur wikipédia personne ne semble connaitre son existence. Merci Arnaud pour ce passionnant sujet.