Les Japonais s’étaient toujours intéressés à l’aviation de reconnaissance à grande vitesse, et ils occupaient la première place au sein des quelques nations qui prêtaient attention à cette technique spécialisée. L’appareil le plus connu dans cette discipline particulière fut probablement le Mitsubishi Ki. 46 « Dinah », sans doute aussi le plus efficace parmi les autres avions capables de vitesses importantes à haute altitude les mettant hors de portée des meilleurs intercepteurs adverses. Mais le cours de la guerre dans le Pacifique fit apparaître dans les forces aériennes alliées des machines capables d’opérer dans des conditions comparables, tels que les P-38 Lightning ou F4U Corsair, et la Marine Impériale estima nécessaire le maintien de sa supériorité par la création d’un nouvel appareil encore plus performant.
Le Kugisho (Arsenal technique d’aéronautique navale) de Yokosuka s’attela donc à l’étude d’un engin animé par un groupe motopropulseur de 24 cylindres en X dont la conception fut à l’origine de problèmes techniques ardus, d’autant plus difficiles à résoudre que le contexte et les délais ne se prêtaient pas à une réalisation longuement élaborée. Le projet fut ramené à une moindre ambition par l’utilisation plus simple de deux moteurs V12 en superposition inverse, et un appareil inspiré des prototypes Heinkel He 119 de 1937 fut finalement construit en avril 1945 sous la désignation de R2Y1 Keiun (beau nuage). C’était un monoplan à aile basse entièrement métallique dont le double moteur, placé derrière le poste de pilotage qui abritait deux hommes, entraînait par un arbre sous le plancher une hélice à six pales en métal à pas variable. Le train d’atterrissage tricycle était escamotable et l’avion, dans son ensemble, avait une grande similitude avec le projet de Messerschmitt Me 509, une évolution imaginée du Me-309 à moteur derrière le pilote.
Le R2Y1 vola pour la première –et unique- fois le 8 mai 1945 pendant un temps très court, des vibrations, une surchauffe du moteur et un début d’incendie interrompant l’essai. Il fut détruit peu après par un bombardement, tandis qu’un second exemplaire en cours de montage était abandonné, mettant fin au développement de l’appareil. Entre-temps, après la perte des Mariannes en 1944, le Japon se rendit compte de son infériorité en chasseurs et bombardiers ultra-rapides ; il envisagea d’y remédier en menant en parallèle une étude préliminaire basée sur le Keiun, mais en utilisant des turboréacteurs récemment mis au point. Le projet reçut l’appellation de R2Y2 Keiun KAI (pour Kaizo : modification, amélioration) et devait être équipé de deux Ne. 330 de 1 320 Kgp en nacelles sous la voilure. Il était prévu de l’armer de canons de 20 mm dans le nez et il aurait pu emporter une bombe de 800 Kg, mais la cessation des hostilités mit un terme définitif à l’entreprise.
En savoir plus sur avionslegendaires.net
Subscribe to get the latest posts sent to your email.